Imaginez passer plus de cinq ans dans une cellule sombre, isolé du monde, sans savoir si vous reverrez un jour vos proches. C’est l’épreuve qu’a endurée Sergueï Tikhanovski, figure de l’opposition bélarusse, avant sa libération récente. Son histoire, marquée par la résilience et un appel vibrant à la liberté, secoue aujourd’hui le Belarus et résonne bien au-delà de ses frontières.
Un combat pour la liberté au Belarus
Le Belarus, petit pays d’Europe de l’Est, vit sous le joug d’un régime autoritaire depuis des décennies. Sergueï Tikhanovski, un homme ordinaire devenu symbole de résistance, a défié ce système en 2020. Son appel à Donald Trump pour libérer les prisonniers politiques marque une nouvelle étape dans une lutte qui ne faiblit pas.
Sergueï Tikhanovski : de l’isolement à la lumière
En mai 2020, Sergueï Tikhanovski est arrêté pour avoir osé contester le pouvoir d’Alexandre Loukachenko, président depuis 1994. Condamné à 18 ans de prison, puis à 18 mois supplémentaires pour des accusations jugées fabriquées, il endure un isolement total. Lors d’une conférence de presse à Vilnius, en Lituanie, il apparaît affaibli mais déterminé :
J’ai passé plus de cinq ans seul dans une cellule… J’étais complètement isolé.
Sergueï Tikhanovski
Sa libération, orchestrée grâce à une médiation américaine, intervient dans un contexte de rapprochement diplomatique entre Washington et Moscou, principal allié du Belarus. Avec 13 autres prisonniers, Tikhanovski retrouve la liberté, mais son combat est loin d’être terminé.
L’appel à Trump : un espoir audacieux
À peine libéré, Tikhanovski lance un appel poignant au président américain Donald Trump, qu’il crédite pour son rôle dans sa sortie de prison. Il déclare avec conviction :
Le président Trump a le pouvoir de libérer tous les prisonniers politiques du Belarus d’un seul mot.
Sergueï Tikhanovski
Cet appel s’appuie sur une médiation récente, marquée par la visite à Minsk de Keith Kellogg, émissaire américain. Ce déplacement, le plus significatif d’un officiel américain depuis des années, souligne l’influence croissante de Trump dans les négociations internationales.
Svetlana Tikhanovskaïa : la voix de l’opposition en exil
L’histoire de Tikhanovski ne peut être racontée sans mentionner son épouse, Svetlana Tikhanovskaïa. Après l’arrestation de son mari en 2020, cette femme sans expérience politique prend la tête de l’opposition. Exilée en Lituanie, elle mobilise des foules et rencontre des dirigeants mondiaux, devenant une figure incontournable.
Lors de leurs retrouvailles, Svetlana évoque une émotion indescriptible :
Il est vivant, nous sommes ensemble, et nous restons engagés dans notre combat.
Svetlana Tikhanovskaïa
Elle remercie également l’administration américaine pour ses efforts, tout en rappelant que des centaines de prisonniers restent derrière les barreaux.
Un régime inflexible : la répression au Belarus
Le Belarus reste un pays où la dissidence est écrasée sans pitié. En 2020, des manifestations massives dénoncent la réélection frauduleuse de Loukachenko, qui revendique 80 % des voix. La réponse du régime est brutale : des milliers d’arrestations, des tortures, et des condamnations arbitraires.
Selon l’ONG Viasna, environ 1 200 prisonniers politiques croupissent encore dans les geôles bélarusses. Parmi eux, des figures emblématiques comme Viktor Babaryko, Maria Kolesnikova, et Ales Bialiatski, lauréat du prix Nobel de la Paix.
Chiffres clés de la répression au Belarus :
- 1 200 prisonniers politiques recensés en 2025.
- Des milliers d’arrestations lors des manifestations de 2020.
- Sanctions occidentales pour répression et soutien à la Russie.
Loukachenko : un pouvoir inébranlable ?
Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis trois décennies, semble intouchable. En janvier 2025, il remporte un septième mandat avec 87 % des voix, dans un scrutin qualifié de « mascarade » par l’Union européenne. Son régime, soutenu par la Russie, résiste aux sanctions occidentales imposées pour la répression et son appui à l’invasion de l’Ukraine.
Pourtant, des fissures apparaissent. La médiation américaine et les libérations récentes suggèrent que des pressions internationales pourraient influencer Minsk, même à petite échelle.
Les défis des prisonniers politiques restants
Si la libération de Tikhanovski et de 13 autres prisonniers est une victoire, elle reste symbolique face à l’ampleur de la crise. Des rapporteurs de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe dénoncent la situation des détenus, certains incommunicado depuis des années. Leur appel est clair :
Leur place n’a jamais été en prison.
Rapporteurs du Conseil de l’Europe
Pour ces prisonniers, l’espoir repose sur des pressions internationales continues et des figures comme Tikhanovski, qui refuse d’abandonner.
L’avenir de l’opposition bélarusse
Tikhanovski, conscient de son rôle, soutient pleinement son épouse comme leader de l’opposition. Il envisage de rentrer au Belarus, mais reste prudent :
Oui, je rentrerai, mais quand, je ne sais pas encore.
Sergueï Tikhanovski
De son côté, Svetlana Tikhanovskaïa continue de porter le flambeau depuis l’exil, plaidant pour des sanctions renforcées et un soutien international. Leur complémentarité renforce l’opposition, mais le chemin vers un changement démocratique reste semé d’embûches.
Pourquoi ce combat nous concerne tous
Le drame du Belarus n’est pas qu’une affaire locale. Il illustre les dangers de l’autoritarisme, de la répression des libertés, et du silence face à l’injustice. Soutenir les prisonniers politiques, c’est défendre des valeurs universelles : la liberté d’expression, le droit de manifester, et la dignité humaine.
En résumé, l’histoire de Sergueï et Svetlana Tikhanovski incarne un espoir fragile mais tenace. Leur appel à l’action, porté par une médiation internationale inattendue, nous rappelle que chaque voix compte.
Que retenir de la lutte bélarusse ?
- Résilience face à la répression.
- Importance des pressions internationales.
- Espoir porté par l’opposition en exil.
Le combat de Tikhanovski et de milliers d’autres continue. Reste à savoir si le « mot » espéré par Sergueï sera prononcé, et si le Belarus pourra un jour tourner la page de l’oppression.
