La France traverse une nouvelle zone de turbulences politiques. Près d’une semaine après sa nomination dans un contexte houleux, le nouveau Premier ministre François Bayrou s’active pour former son gouvernement. Mais les obstacles s’accumulent déjà sur son chemin.
Une réunion à Matignon pour désamorcer la crise
Ce jeudi, le locataire de Matignon convie les principales forces politiques du pays à une réunion au sommet. L’objectif : tenter de trouver un terrain d’entente dans un paysage politique morcelé. Mais d’emblée, plusieurs acteurs clés brilleront par leur absence. La gauche radicale de la France Insoumise et l’extrême droite du Rassemblement National n’ont pas été conviés. Un camouflet qui passe mal.
François Bayrou méprise le Rassemblement National et ses millions d’électeurs.
Sébastien Chenu, vice-président du RN
Les écologistes sur la réserve
Même du côté des invités, l’enthousiasme n’est pas au rendez-vous. Après avoir hésité, les écologistes ont finalement décidé de se rendre à Matignon. Mais ils mettent en garde contre la poursuite d’une politique « désavouée par les électeurs ».
Bayrou déjà fragilisé
Il faut dire que les premiers pas du nouveau Premier ministre ont été pour le moins chaotiques. Son aller-retour express à Pau en pleine crise à Mayotte lui a valu une volée de critiques.
Les premiers pas de Bayrou sont complètement ratés. Il est la risée des Français.
Une députée de l’opposition
Mayotte, l’autre défi du gouvernement
Car la situation est grave dans cet archipel de l’océan Indien, dévasté par un cyclone meurtrier. François Bayrou évoque « probablement la catastrophe naturelle la plus grave de l’histoire de France depuis plusieurs siècles ». Emmanuel Macron s’est d’ailleurs rendu sur place ce jeudi, avant de rejoindre les troupes françaises à Djibouti.
L’hypothèque de l’Assemblée nationale
Mais c’est bien à Paris que se joue l’avenir immédiat du nouveau gouvernement. Sans majorité absolue à l’Assemblée, François Bayrou doit composer avec des oppositions revanchardes. À droite, Les Républicains posent leurs exigences. À gauche, les menaces de censure se font pressantes.
Le tout sur fond d’instabilité inédite sous la Ve République. François Bayrou est déjà le sixième Premier ministre depuis le début du premier quinquennat Macron en 2017. Et le quatrième rien que sur l’année 2024 ! Du jamais vu.
Vers un remaniement imminent
Si la rencontre de Matignon permet d’apaiser les esprits, François Bayrou espère annoncer rapidement son gouvernement, probablement ce dimanche selon plusieurs sources. Mais rien n’est moins sûr. Les consultations se poursuivent dans une atmosphère électrique.
Pendant ce temps, l’opinion publique semble dubitative. Selon un sondage Ifop publié jeudi, seuls 36% des Français se disent satisfaits du nouveau Premier ministre. C’est bien moins que ses prédécesseurs à leur prise de fonction.
Le chef du gouvernement joue gros lors de ces tractations feutrées. L’enjeu : éviter une nouvelle motion de censure à l’Assemblée, comme celle qui a emporté son éphémère prédécesseur Michel Barnier. Mais aussi poser les bases d’une majorité stable pour mener les réformes promises par Emmanuel Macron. Un sacré défi dans un pays plus fracturé que jamais.
Une rentrée sous haute tension
Car au-delà des péripéties politiciennes, ce sont bien les attentes des Français qui sont en jeu. Pouvoir d’achat rogné par l’inflation, système de santé au bord de la rupture, transition écologique à enclencher… Les dossiers brûlants s’empilent sur le bureau du nouveau locataire de Matignon.
François Bayrou aura-t-il les moyens de ses ambitions ? Sa capacité à rassembler, marque de fabrique du centriste béarnais, sera plus que jamais mise à l’épreuve dans les semaines à venir. Avec en toile de fond un constat implacable : plus de deux ans après sa réélection, Emmanuel Macron peine toujours autant à trouver un cap clair et une majorité stable.
Pendant ce temps, les crises s’accumulent et le temps presse. Les Français attendent des actes. Ils jugent le président, mais aussi son nouveau Premier ministre, sur leurs résultats. François Bayrou n’a pas le droit à l’erreur. L’avenir du quinquennat, déjà bien mal embarqué, se joue en partie à Matignon. Les prochains jours seront décisifs.