Deux semaines après le passage dévastateur du cyclone Chido, l’heure est à la reconstruction à Mayotte. Le Premier ministre François Bayrou est arrivé lundi sur l’île à la tête d’une imposante délégation ministérielle. Sa mission : annoncer un plan baptisé « Mayotte debout » pour aider l’archipel à se relever. Les Mahorais, durement éprouvés, attendent des réponses concrètes et rapides du gouvernement.
Un plan en deux temps pour reconstruire et dessiner l’avenir de Mayotte
Selon des sources proches du dossier, le plan « Mayotte debout » annoncé par François Bayrou comportera deux volets. Dans un premier temps, des mesures d’urgence seront prises pour répondre aux besoins immédiats de la population. Il s’agira notamment de rétablir les services essentiels comme l’eau, l’électricité et les télécommunications, qui ont été fortement perturbés par Chido.
Mais le gouvernement veut aller plus loin et profiter de cette crise pour repenser en profondeur l’avenir de Mayotte. C’est tout l’enjeu du second volet du plan, qui sera dévoilé dans les prochains mois. L’objectif affiché est de ne pas se contenter de reconstruire l’île à l’identique, mais bien de poser les jalons d’un développement durable et d’une amélioration des conditions de vie des Mahorais.
Des ministres sur le terrain pour évaluer les besoins
Pour élaborer ce plan ambitieux, François Bayrou n’est pas venu seul. Il est accompagné de pas moins de cinq ministres, dont deux poids lourds du gouvernement : Elisabeth Borne à l’Éducation et Manuel Valls en charge de l’Outre-mer. Leur présence témoigne de l’importance accordée par l’exécutif à la situation de Mayotte.
Au programme de cette intense journée de visites : un passage à l’usine de dessalement de Petite Terre, au collège de Kaweni 2 à Mamoudzou, ou encore à l’hôpital de campagne installé après le cyclone. L’objectif est de prendre la mesure des dégâts et d’évaluer au plus près les besoins de la population, pour y apporter des réponses adaptées.
« Des actes » attendus par les Mahorais
Sur place, les attentes sont immenses. Lors de sa visite les 19 et 20 décembre, Emmanuel Macron avait été confronté à la colère et au désespoir des habitants. Beaucoup ont tout perdu dans la catastrophe et peinent à se projeter dans l’avenir. Ils espèrent des annonces fortes de la part du Premier ministre.
Les Mahorais ont souvent le sentiment que ce qu’on leur apporte ce sont des assurances, de belles paroles de solidarité dans les déclarations mais ce qu’ils veulent c’est du réel.
François Bayrou, Premier ministre
Dans une lettre ouverte, le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a interpellé François Bayrou, lui demandant « des actes » et s’interrogeant sur « le travail de recensement des personnes décédées ». Des collectifs de citoyens mahorais réclament quant à eux « un plan de reconstruction rapide et structuré », un « fonds solidaire exceptionnel » pour indemniser les sinistrés, ainsi que des mesures fiscales.
Une loi spéciale à venir pour Mayotte ?
Au-delà des mesures d’urgence, l’avenir de Mayotte pourrait passer par une loi spéciale, qui serait présentée prochainement en Conseil des ministres. L’objectif serait de doter l’île d’un statut adapté à ses spécificités et à ses défis, pour enfin enclencher un véritable processus de développement.
C’est en tout cas le vœu formulé par de nombreux élus et acteurs de la société civile mahoraise. Ils espèrent que la catastrophe du cyclone Chido, malgré son lourd bilan, sera l’électrochoc qui permettra enfin à Mayotte de sortir de l’ornière et de construire un avenir meilleur pour ses habitants. La balle est désormais dans le camp du gouvernement.
