Un vent de changement souffle sur le Botswana. Selon des résultats partiels, les partis d’opposition seraient en passe de prendre le contrôle du Parlement lors des élections législatives qui se sont tenues mercredi, mettant fin à près de 60 ans d’hégémonie du parti au pouvoir. Un tournant historique se profile pour ce pays d’Afrique australe réputé pour sa stabilité.
L’opposition en pole position
D’après le décompte réalisé par plusieurs médias à partir des résultats communiqués par les bureaux de vote, les trois partis d’opposition auraient raflé 31 des 61 sièges à l’Assemblée nationale, soit la majorité absolue. En tête, l’Umbrella for Democratic Change (UDC), coalition de gauche menée par l’avocat des droits humains Duma Boko, avec 19 sièges.
Le Parti démocratique du Botswana (BDP), formation du président sortant Mokgweetsi Masisi qui dirige sans partage le pays depuis l’indépendance en 1966, n’aurait remporté qu’un seul siège pour le moment. Un revers cinglant, même si le dépouillement n’est pas terminé.
Un pays en quête de renouveau
Le Botswana, deuxième producteur mondial de diamants, fait face à de nombreux défis. Le chômage, surtout chez les jeunes, atteint les 27%. Les ventes de diamants, principale source de revenus du pays, s’érodent face à la concurrence des pierres de synthèse. La croissance est en berne, attendue à seulement 1% en 2024.
Le gouvernement sortant est aussi accusé de corruption, de népotisme et de mauvaise gestion. L’écart entre riches et pauvres est l’un des plus élevés au monde selon la Banque mondiale.
Les Botswanais réclament un changement et aspirent à quelque chose de rafraîchissant et de différent.
Duma Boko, leader de l’opposition
Les défis du prochain gouvernement
S’il se confirme, le bouleversement politique qui se profile obligera le nouveau gouvernement à relever de nombreux défis :
- Stabiliser l’économie et rassurer le secteur minier, pilier du pays
- Créer des emplois, en particulier pour la jeunesse
- Diversifier l’économie pour réduire la dépendance aux diamants
La tâche s’annonce ardue, mais la soif de changement exprimée dans les urnes ouvre une nouvelle page de l’histoire du Botswana. Reste à savoir si l’alternance, si elle se confirme, sera à la hauteur des attentes de la population.
Pour beaucoup d’observateurs, ce scrutin marque un tournant. Le Botswana, souvent cité en exemple pour sa stabilité et sa bonne gouvernance, prouve que la démocratie et l’alternance sont possibles en Afrique. Un signal fort pour tout le continent.