Alors que la Syrie vient de connaître un bouleversement majeur avec la chute inattendue du régime de Bachar al-Assad, les acteurs régionaux et internationaux se mobilisent pour accompagner la transition du pays. Un événement symbolique fort vient de se produire : la Turquie, qui avait fermé son ambassade à Damas en 2012 peu après le début du conflit, vient de la rouvrir.
Selon une source diplomatique turque, le chef de la mission s’est rendu samedi dans la capitale syrienne pour remettre en service la chancellerie. Cette décision intervient dans un contexte de changement radical en Syrie, où une coalition de factions rebelles emmenée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a pris le contrôle de la majeure partie du territoire en quelques jours seulement.
Une réunion internationale en Jordanie pour discuter de l’avenir syrien
Parallèlement à la réouverture de l’ambassade turque, une importante réunion internationale se tient ce week-end à Aqaba en Jordanie. Des ministres et responsables américains, européens, arabes et turcs sont réunis pour échanger sur le dossier syrien après la chute du régime. L’objectif est de coordonner les efforts pour assurer une transition pacifique et inclusive.
Parmi les participants figure notamment l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Geir Pedersen. Il a appelé à œuvrer pour éviter « l’effondrement des institutions syriennes » et plaidé pour un processus politique « crédible et inclusif » en vue de former le prochain gouvernement.
Le rôle clé de la Turquie
La Turquie apparaît comme un acteur de premier plan dans cette nouvelle phase qui s’ouvre en Syrie. Depuis 2016, Ankara exerce une influence considérable dans le nord du pays, entretenant des relations étroites avec HTS qui contrôle désormais une large portion du territoire syrien.
Le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a indiqué avoir des lignes de communication ouvertes avec les nouveaux maîtres de Damas. Il a souligné que la Turquie leur transmettait directement les préoccupations de la communauté internationale, qui doivent être « résolues ».
«Nous leur disons : la Turquie qui vous soutient depuis des années, ainsi que le monde, attend ceci de vous (…) Notre devoir et leur épreuve est de répondre à ces préoccupations»
– Hakan Fidan, ministre turc des Affaires étrangères
Les promesses du nouveau pouvoir
De son côté, le nouveau Premier ministre syrien de transition Mohammad al-Bachir a tenté de rassurer la communauté internationale. Il a promis un État de droit et de « garantir les droits de tous », alors que la personnalité du chef de HTS Abou Mohammad al-Jolani suscite des inquiétudes dans plusieurs capitales occidentales.
Sur le terrain, le calme semble être revenu après les scènes de liesse qui ont suivi l’annonce de la chute du régime. À Damas, les habitants vaquent à leurs occupations, la plupart des commerces ont rouvert. « Il faut qu’on relance rapidement l’activité », souligne un commerçant du souk al-Hamidiyé.
Une quête douloureuse pour de nombreux Syriens
Si un sentiment de soulagement domine, de nombreux Syriens entament aussi une douloureuse quête pour retrouver leurs proches disparus durant les années de répression du régime Assad. Un régime accusé des pires exactions et qui a poussé à l’exil quelque 6 millions de Syriens.
Dans le nord-est du pays, les Forces démocratiques syriennes (FDS) dominées par les Kurdes et soutenues par les États-Unis contrôlent toujours leur zone d’influence. Elles ont salué la chute de Bachar al-Assad tout en appelant à préserver l’intégrité territoriale de la Syrie.
De nouveaux raids israéliens
Dans ce contexte de transition, Israël vient de lancer de nouvelles frappes sur des « sites militaires de l’ancien régime » près de Damas. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), ces raids ont visé à « détruire ce qui reste des capacités militaires de la prochaine armée syrienne ».
Ces développements illustrent toute la complexité de la situation en Syrie, où s’imbriquent de multiples acteurs et intérêts régionaux et internationaux. Si la chute de Bachar al-Assad ouvre de nouvelles perspectives, le chemin vers une paix durable et une reconstruction du pays s’annonce encore long et semé d’embûches. La communauté internationale aura un rôle clé à jouer pour accompagner ce processus.