Alors que les élections législatives anticipées approchent à grands pas, le ton monte au sein de la classe politique française. Jordan Bardella, le jeune président du Rassemblement national, vient de poser ses conditions pour une potentielle entrée à Matignon en cas de victoire de son parti. Une prise de position qui risque de compliquer le jeu des alliances.
“Une majorité absolue pour gouverner”
Invité lundi du Parisien, Jordan Bardella a été on ne peut plus clair. Pour lui, pas question d’accéder au poste de premier ministre sans une assise solide à l’Assemblée nationale :
Pour gouverner, pour nous essayer, j’ai besoin d’une majorité absolue. Qui peut croire qu’on pourra changer le quotidien des Français en cohabitation avec une majorité relative ? Personne.
– Jordan Bardella, président du Rassemblement national
En clair, l’eurodéputé de 28 ans ne se contentera pas d’une victoire relative. Il lui faudra au minimum 289 députés RN sur les 577 que compte l’hémicycle pour prétendre diriger le gouvernement. Un score qui paraît pour l’heure difficilement atteignable, même si le parti lepéniste caracole en tête des sondages.
Le spectre d’une cohabitation compliquée
En posant de telles conditions, Jordan Bardella prend le risque de se priver d’une opportunité historique pour son mouvement. Car même en cas de succès le 7 juillet prochain, une cohabitation entre un président Macron affaibli et un gouvernement RN reste un scénario périlleux :
- Les deux têtes de l’exécutif risqueraient de s’opposer sur de nombreux sujets, paralysant l’action gouvernementale.
- Emmanuel Macron pourrait utiliser son droit de dissolution pour provoquer un nouveau scrutin.
- L’opinion publique pourrait se lasser de l’instabilité et sanctionner le RN lors de futures échéances.
LR comme force d’appoint ?
Conscient de ces écueils, le président du RN avait initié un rapprochement avec Les Républicains, par la voix de leur patron Éric Ciotti. L’idée ? Constituer une coalition gouvernementale en additionnant les députés des deux formations. Mais en exigeant la majorité absolue, Jordan Bardella prend le risque de braquer son potentiel allié.
La cohérence, c’est que c’est le RN qui conduit cette coalition.
– Jordan Bardella
À un mois du premier tour, le jeune président du Rassemblement national joue donc un coup de poker. Soit il obtient une victoire écrasante lui donnant les coudées franches, soit il devra revoir ses ambitions à la baisse et négocier son arrivée à Matignon. Un dilemne qui promet de passionnants rebondissements dans les prochaines semaines.