Le Bangladesh est en pleine réforme constitutionnelle pour empêcher tout retour à l’autoritarisme vécu sous l’ère de l’ancienne Première ministre Sheikh Hasina. La commission en charge de rédiger la nouvelle Constitution a pour objectif d’établir un texte reflétant les aspirations des Bangladais et contrant la menace du fascisme.
Une Constitution pour prévenir la concentration des pouvoirs
Selon le Professeur Ali Riaz, président de la commission de réforme constitutionnelle, la Constitution actuelle donne trop de pouvoir au Premier ministre, ouvrant ainsi la porte au fascisme :
« Dans le cadre de la Constitution actuelle, le Premier ministre détient un pouvoir immense, et cette centralisation de l’autorité ouvre la voie au fascisme. Le manque d’équilibre du pouvoir est la source du fascisme »
La commission, créée début octobre par le gouvernement intérimaire, a pour mission de rédiger une Constitution qui prévient une telle dérive autoritaire et assure un meilleur équilibre des pouvoirs.
Une révolution menée par les étudiants
Ce processus de réforme fait suite à la révolution menée par les étudiants en août dernier, qui a renversé la Première ministre Sheikh Hasina après ses 18 années au pouvoir marquées par une dérive autoritaire. D’après une source proche du dossier, son régime a été entaché par des violations généralisées des droits humains :
- Détentions massives et exécutions extrajudiciaires d’opposants politiques
- Politisation des tribunaux et de l’administration
- Organisation d’élections déséquilibrées pour démanteler les contre-pouvoirs
Suite à la chute du régime Hasina, Muhammad Yunus, prix Nobel de la Paix, a été nommé « conseiller en chef » du pays. Il a promis des changements radicaux, à commencer par une nouvelle Constitution.
Un processus de réforme inclusif
La commission de réforme constitutionnelle, présidée par le Professeur Ali Riaz, regroupe des profils variés : avocats chevronnés, professeurs de droit, militants des droits de l’homme et un dirigeant étudiant ayant mené la révolution. Elle doit remettre ses recommandations au gouvernement intérimaire d’ici fin 2024.
Le processus sera inclusif avec des discussions impliquant experts constitutionnels, avocats, représentants de la société civile, gouvernement et partis politiques. Les propositions seront débattues avec tous les partis avant l’établissement d’une version finale par la commission.
Refonte nécessaire du système pour consolider la démocratie
Au-delà de la Constitution, Muhammad Yunus a hérité d’un système administratif « complètement défaillant » nécessitant une refonte complète. L’objectif est de consolider durablement la démocratie au Bangladesh en rendant impossible tout retour à l’autocratie.
La rédaction d’une nouvelle Constitution plus équilibrée est une première étape cruciale dans cette refondation démocratique du pays. Les mois à venir seront déterminants pour bâtir les bases solides d’un Bangladesh définitivement débarrassé du spectre de l’autoritarisme.