Le Bangladesh se prépare à un tournant démocratique majeur. Lundi dernier, Muhammad Yunus, dirigeant par intérim du pays, a annoncé que des élections législatives seront organisées à la fin de l’année 2025 ou au début de 2026. Cette déclaration intervient quatre mois après la chute de l’ex-Première ministre Sheikh Hasina, qui a fui le pays en août dernier suite à un vaste mouvement de protestation.
Un pays en quête de renouveau démocratique
Depuis la prise de fonction de Muhammad Yunus à la tête d’un gouvernement intérimaire, le Bangladesh est entré dans une phase de transition démocratique. Lauréat du prix Nobel de la paix et surnommé « le banquier des pauvres », Yunus est confronté à un défi « extrêmement difficile » : conduire des réformes démocratiques dans ce pays d’Asie du Sud de quelque 170 millions d’habitants.
«La date des élections pourrait être fixée à la fin de 2025 ou au premier semestre de 2026», a déclaré M. Yunus lors d’une émission diffusée par la télévision d’État.
– Muhammad Yunus, dirigeant par intérim du Bangladesh
L’ombre de l’ère Hasina
Le Bangladesh sort d’une période sombre sous le règne de Sheikh Hasina. D’après des sources proches du dossier, les années de pouvoir de l’ex-Première ministre ont été marquées par des violations généralisées des droits humains, notamment des détentions massives et des exécutions extrajudiciaires d’opposants politiques. Son gouvernement est aussi accusé d’avoir politisé les tribunaux et la fonction publique, ainsi que d’avoir organisé des élections déséquilibrées afin de démanteler les contrôles démocratiques de son pouvoir.
Des réformes nécessaires avant les élections
Pour restaurer la confiance dans le processus démocratique, Muhammad Yunus a mis en place des commissions chargées de superviser une série de réformes jugées nécessaires. Parmi les chantiers prioritaires figurent :
- L’établissement de listes électorales irréprochables
- La suppression des faux noms des listes électorales
- L’inscription des jeunes qui voteront pour la première fois
Selon M. Yunus, la mise à jour des listes électorales est un défi « complexe » après des années de processus démocratiques turbulents. Il rêve de « garantir un taux de participation de 100% » car « si cet objectif est atteint, aucun gouvernement n’osera plus jamais priver les citoyens de leur droit de vote ».
Reconstruire une opposition affaiblie
Les dernières élections législatives au Bangladesh, qui ont eu lieu en janvier dernier, ont été largement boycottées par l’opposition. Le parti de Sheikh Hasina avait alors obtenu plus de trois-quarts des sièges au sein du parlement monocaméral, à la suite d’une répression massive au cours de laquelle des milliers de membres des partis d’opposition ont été arrêtés.
Aujourd’hui, les anciens groupes d’opposition comme le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP) tentent de se reconstruire après des années de répression sous le régime d’Hasina. La tenue d’élections libres et équitables apparaît comme une étape cruciale pour permettre l’émergence d’une opposition crédible et favoriser un véritable pluralisme politique.
Un chemin semé d’embûches
La route vers des élections démocratiques s’annonce longue et périlleuse pour le Bangladesh. Muhammad Yunus devra naviguer entre les attentes d’une population avide de changement et les résistances des anciens soutiens du régime Hasina. Son succès dépendra en grande partie de sa capacité à rassembler les différentes forces politiques autour d’un projet commun de réforme et à garantir la transparence du processus électoral.
Dans ce contexte, l’annonce d’élections législatives fin 2025 ou début 2026 apparaît comme un premier pas encourageant. Elle témoigne de la volonté des nouvelles autorités de renouer avec les principes démocratiques et de tourner la page des années Hasina. Reste à savoir si Muhammad Yunus parviendra à relever le défi titanesque de la démocratisation du Bangladesh, un pays habitué aux soubresauts politiques et aux dérives autoritaires.
Le monde entier aura les yeux rivés sur ce petit pays d’Asie du Sud, qui pourrait bien devenir un symbole de la résilience démocratique face à l’adversité. L’issue de ce combat pour la liberté et la transparence dira si le Bangladesh est prêt à écrire une nouvelle page de son histoire, loin des heures sombres de la répression et de l’arbitraire.