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#BalanceTonTaudis : La lutte citoyenne contre l’habitat indigne à Marseille

À Marseille, des habitants traquent les taudis et postent les photos sur les réseaux sociaux. Un hashtag militant pour dénoncer l'inaction face à 40 000 logements indignes. Derrière, une lutte acharnée de citoyens et journalistes pour le droit à un logement sain. Le procès des effondrements meurtriers de la rue d'Aubagne pourrait marquer un tournant...

Caméra au poing, David Coquille enfourche son vélo pour traquer les taudis qui gangrènent Marseille. Sur les réseaux sociaux, ses clichés saisissants d’immeubles délabrés, postés avec le hashtag #BalanceTonTaudis, exposent au grand jour le fléau du logement indigne qui ronge la cité phocéenne. Un combat viral et vital mené par des habitants excédés face à l’inertie des pouvoirs publics.

40 000 logements indignes à Marseille : l’ampleur d’un drame silencieux

Derrière les façades colorées de la deuxième ville de France se cache une réalité sordide. Selon les estimations, pas moins de 40 000 logements seraient considérés comme indignes à Marseille, mettant en péril la santé et la sécurité de milliers d’habitants, souvent parmi les plus précaires. Un chiffre alarmant qui témoigne de l’étendue du problème et de l’urgence d’agir.

Des photos chocs pour secouer les consciences

Pour David Coquille, journaliste à La Marseillaise, il était vital de rendre cette misère visible. Méticuleusement, il documente sur les réseaux sociaux les conditions de vie effroyables de nombreux Marseillais : chambres exiguës aux murs noircis par l’humidité, escaliers branlants, immeubles qui auraient dû être déclarés depuis longtemps en péril… Des clichés qui font froid dans le dos et interpellent sur l’indignité de ces logements.

Une fois, mon pied est passé à travers une marche. Derrière ces façades, des fois, tu découvres des escaliers soutenus par des étais, des immeubles qui auraient déjà dû être mis en péril.

David Coquille, journaliste à La Marseillaise

Un procès historique pour les victimes de la rue d’Aubagne

Le procès en cours sur les dramatiques effondrements d’immeubles de la rue d’Aubagne, qui avaient coûté la vie à 8 personnes en 2018, pourrait marquer un tournant. Pour beaucoup, c’est un procès pour l’Histoire, qui doit mettre en lumière les défaillances ayant conduit à ce drame et punir les responsables. Car l’un des immeubles appartenait à un bailleur social de la ville, preuve de la responsabilité des pouvoirs publics.

L’inaction politique face à un problème connu

Car le scandale du logement indigne à Marseille n’est pas nouveau. Depuis des années, des associations et militants tirent la sonnette d’alarme face à l’inaction des autorités. Ils dénoncent une stratégie délibérée de laisser pourrir ces immeubles pour chasser les populations pauvres des quartiers convoités, sans se soucier de leur santé ou de leur sécurité. Un cynisme révoltant qui sacrifie le droit élémentaire à un logement décent.

On laisse le bâti en déshérence parce qu’on ne veut pas qu’il soit réoccupé par la même population pauvre.

Nordine Abouakil, association Un centre ville pour tous

Le travail d’enquête crucial des journalistes locaux

Face à l’ampleur du scandale, des journalistes locaux ont uni leurs forces pour mettre au jour les dessous de ce dossier. Un consortium inédit dans la presse phocéenne, mené par le quotidien La Marseillaise et les sites d’investigation Marsactu et Mediapart, a épluché des milliers de documents pour identifier les immeubles abandonnés à leur triste sort par les pouvoirs publics. Un minutieux travail d’enquête, salué comme un acte de salubrité publique, qui a permis de mesurer les manquements des autorités.

Contre le fléau des taudis, une mobilisation citoyenne acharnée

Mais c’est surtout la mobilisation sans faille de citoyens engagés qui force le respect. Des habitants devenus malgré eux des experts du logement indigne, à force de collecte d’informations et de vigilance de terrain pour suppléer aux carences des pouvoirs publics. Une lutte épuisante et sans fin, avec le sentiment parfois de porter seul ce combat tandis que les responsables politiques restent aux abonnés absents. Un constat amer pour ces militants acharnés du droit au logement.

Nous, militants, on n’est pas tenus de tout faire. On apporte notre pierre à l’édifice, et elle a été substantielle. Mais le reste, c’est aux politiques de s’en saisir. Et à la justice de condamner.

Nordine Abouakil, association Un centre ville pour tous

Le procès de la rue d’Aubagne et la mobilisation citoyenne « #BalanceTonTaudis » mettent en lumière le scandale du logement indigne qui gangrène Marseille depuis trop longtemps. Face à l’ampleur du problème et à l’inaction coupable des pouvoirs publics, il est grand temps de réaffirmer avec force un droit fondamental : celui de vivre dans un logement sain et sûr, pour la dignité de tous les Marseillais. Un combat vital à mener pour ne plus jamais avoir à déplorer de tels drames.

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