Un constat étonnant vient d’être fait : le patrimoine économique de la France, qui atteignait des sommets depuis plusieurs années, a soudainement décliné en 2023. Cette baisse, de l’ordre de 4,2%, soulève de nombreuses questions. Comment un pays réputé pour sa richesse peut-il subir un tel revers ? Quels sont les facteurs à l’origine de ce phénomène inattendu ? Décryptage d’une situation économique complexe.
Un patrimoine colossal en déclin
Selon les derniers chiffres publiés par l’Insee et la Banque de France, le patrimoine économique national, qui englobe les biens financiers et non financiers, s’élevait fin 2023 à 18 674 milliards d’euros. Un montant impressionnant qui place la France parmi les nations les plus riches au monde. Pourtant, après avoir connu une croissance annuelle moyenne de 4,8% sur les huit dernières années, ce patrimoine marque le pas pour la première fois depuis longtemps.
Les ménages, premiers concernés
Contrairement aux idées reçues, ce ne sont pas les entreprises qui détiennent la majorité du patrimoine français, mais bien les ménages. Ces derniers possèdent en effet 78% de la richesse nationale, soit 14 567 milliards d’euros. Une large part de ce patrimoine est constituée de biens immobiliers (logements, terrains), qui représentent 60% des actifs détenus par les particuliers.
Or, c’est précisément la baisse des prix de l’immobilier qui explique en grande partie le recul du patrimoine économique en 2023. Après des années de hausse continue, le marché immobilier français a connu un retournement, avec une chute de 4,7% de la valeur des biens. Un phénomène qui impacte directement le patrimoine des ménages.
L’influence des taux d’intérêt
Mais comment expliquer ce retournement du marché immobilier ? Selon les experts, la hausse des taux d’intérêt décidée par la Banque Centrale Européenne pour lutter contre l’inflation en est la principale cause. En renchérissant le coût du crédit, cette politique monétaire a freiné la demande et fait baisser mécaniquement les prix de la pierre.
La remontée des taux a clairement cassé la dynamique immobilière. Les acheteurs sont plus prudents et les vendeurs doivent revoir leurs prétentions à la baisse.
Un agent immobilier parisien
Paradoxalement, cette hausse des taux a eu un effet positif sur un autre pan du patrimoine des ménages : l’épargne financière. Dopés par une meilleure rémunération, les placements comme l’assurance-vie ou les livrets ont vu leur encours progresser de 8,3% en 2023, atteignant 4 809 milliards d’euros. Une bouffée d’oxygène qui ne suffit toutefois pas à compenser la perte de valeur des actifs immobiliers.
Les autres acteurs économiques également touchés
Si les ménages sont les premiers concernés par ce recul du patrimoine, les autres acteurs de l’économie ne sont pas épargnés. Les entreprises non financières ont ainsi vu leur patrimoine chuter de 10% en un an, conséquence là encore de la baisse des prix immobiliers mais aussi de la hausse de leur endettement.
Même constat du côté des administrations publiques, dont le patrimoine a fondu de 27,5% sous l’effet conjugué de la dépréciation des actifs non financiers et de l’alourdissement de la dette. Seules les sociétés financières tirent leur épingle du jeu, avec un patrimoine stable mais limité à 25 milliards d’euros.
Quelles perspectives pour l’avenir ?
Face à cette érosion du patrimoine national, la question se pose des perspectives pour les années à venir. Beaucoup d’experts tablent sur un rebond du marché immobilier en 2024, sous l’effet d’un tassement de l’inflation et de conditions de crédit plus favorables. Une reprise qui pourrait effacer la baisse de valeur constatée en 2023.
Mais d’autres observateurs se montrent plus prudents, pointant les fragilités structurelles de l’économie française, comme le poids élevé de la dette publique ou la faiblesse de l’investissement productif. Des handicaps qui pourraient pénaliser durablement la croissance du patrimoine dans les années à venir.
Le retour à une croissance soutenue du patrimoine économique n’est pas garanti. Il dépendra de la capacité de la France à relever ses défis structurels et à retrouver le chemin de la compétitivité.
Un économiste interrogé
Une chose est sûre : l’évolution du patrimoine national sera scrutée de près dans les mois à venir. Car au-delà des chiffres, c’est bien la richesse et la prospérité de la France qui sont en jeu.