Alors que le projet de loi de finances pour 2025 prévoit une coupe drastique de plus de 100 millions d’euros dans le budget du ministère des Sports, la ministre chargée des Comptes publics Amélie de Montchalin a laissé entrevoir ce vendredi un possible compromis. Interrogée sur le sujet sur Franceinfo, elle a estimé que le montant initial de la baisse « n’est probablement pas le point d’arrivée du compromis » qui sera trouvé par les parlementaires.
Cette déclaration intervient dans un contexte de forte mobilisation du monde sportif français contre ce projet de coupe budgétaire. De nombreux athlètes de renom, comme le judoka Teddy Riner ou le nageur Léon Marchand, se sont insurgés publiquement contre cette mesure qui menace selon eux l’avenir du sport tricolore et l’héritage des Jeux Olympiques de Paris 2024.
Une commission mixte paritaire pour trancher
Le sort du budget des Sports sera finalement tranché lors d’une commission mixte paritaire (CMP) qui se réunira le 30 janvier prochain. Cette instance, composée de sept sénateurs et sept députés, aura pour mission d’aboutir à un texte de compromis sur le projet de loi de finances, rejeté en première lecture par l’Assemblée nationale mais voté par le Sénat.
Amélie de Montchalin semble donc miser sur la sagesse des parlementaires pour adoucir la rigueur budgétaire initialement prévue :
Je pense que les parlementaires ont entendu tout le pays, et probablement que la coupe de 100 millions n’est pas le point d’arrivée du compromis.
Le gouvernement recule sur une coupe supplémentaire
Signe que l’exécutif commence à infléchir sa position, un amendement gouvernemental visant à ponctionner 34 millions d’euros supplémentaires a été rejeté par le Sénat. Cette volte-face témoigne de la pression politique et médiatique exercée ces derniers jours pour préserver le financement du sport français.
Car au-delà de la coupe de 100 millions, c’est le retrait des crédits exceptionnels liés aux JO de Paris qui inquiète. Au total, le budget des Sports pourrait ainsi passer de près de 900 millions d’euros en 2024 à environ 600 millions en 2025. Un sévère tour de vis budgétaire qui compromettrait les ambitions olympiques et le développement du sport pour tous.
Macron donne raison aux sportifs
Face à la bronca, le président Emmanuel Macron a fini par monter au créneau mercredi dans une déclaration à L’Équipe. Apportant clairement son « soutien » à la mobilisation des athlètes, il a plaidé pour le respect des « engagements » pris et la nécessité de « mettre les moyens » pour que « l’héritage des Jeux bénéficie à tous ».
Une prise de position présidentielle qui change la donne et met la pression sur le gouvernement et sa majorité parlementaire. Les acteurs du sport français peuvent espérer avoir été entendus, comme le reconnaît Amélie de Montchalin :
Quand vous avez tous les parlementaires de tous bords, toute la société civile qui vous dit que ce n’est pas le bon équilibre, il faut l’entendre.
Vers une sanctuarisation du budget des Sports ?
Au-delà du bras de fer budgétaire, c’est un véritable débat de société sur la place du sport qui s’est engagé. Beaucoup plaident désormais pour sanctuariser ce budget, jugé crucial pour la santé, l’éducation, l’inclusion et le rayonnement international du pays.
Les négociations s’annoncent donc intenses d’ici au 30 janvier pour trouver le point d’équilibre. Entre maîtrise de la dépense publique et investissement dans le sport, les parlementaires devront trancher. Avec en toile de fond, les Jeux de Paris 2024 et la pérennité de leur héritage.
En attendant, le monde sportif retient son souffle. Mais les premiers signaux envoyés par l’exécutif laissent espérer que le pire sera évité et qu’un compromis raisonnable sera trouvé. Histoire de ne pas sacrifier les ambitions olympiques sur l’autel de la rigueur budgétaire.