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Bagnolet : Retraitée Tuée au Marteau par son Hébergé

À Bagnolet, une retraitée de 71 ans qui ouvrait sa porte aux sans-papiers a été tuée à coups de marteau par l’un d’eux. Le suspect nie farouchement… mais les preuves s’accumulent : sang sur ses chaussures, images, carte bancaire utilisée. Innocent ou coupable ? L’affaire glace le sang.

Elle voulait simplement aider. À 71 ans, Mina Hayma ouvrait régulièrement sa porte à des hommes sans papiers, souvent des vendeurs à la sauvette qui sillonnaient les rues de Paris avec leurs sacs de cigarettes ou de contrefaçons. Un geste de cœur, un toit pour la nuit, un peu de chaleur humaine dans un monde qui n’en offre plus beaucoup aux plus démunis. Mais le 18 août dernier, ce geste d’une générosité rare a tourné au cauchemar absolu.

Un drame qui glace la Seine-Saint-Denis

Ce soir-là, dans un immeuble banal de Bagnolet, Mina est sauvagement tuée à coups de marteau. Son corps ne sera découvert que deux jours plus tard, le 20 août, par les pompiers alertés par son fils inquiet. Le spectacle est effroyable : la retraitée gît dans une mare de sang, le visage recouvert d’un gilet, une plaie béante dissimulée sous un torchon. L’arme du crime, un marteau maculé de sang, traîne à quelques mètres.

L’autopsie sera sans appel : traumatisme crânien et facial massif causé par de multiples coups d’un objet contondant. Mina n’a pas eu la moindre chance.

Une habitude devenue tragique

Depuis des années, Mina hébergeait des hommes en situation irrégulière, majoritairement originaires du Maghreb. Des sans-papiers qui dormaient parfois chez elle après leurs longues journées de vente à la sauvette dans les quartiers touristiques parisiens. Pour elle, c’était une forme de solidarité, presque une mission. Elle ne demandait rien en retour, si ce n’est un peu de respect et de discrétion.

Mais ce 18 août, l’un de ceux qu’elle avait accueillis a franchi l’irréparable.

Azdine D., le suspect qui crie son innocence

Très vite, les enquêteurs mettent un nom sur le principal suspect : Azdine D., 48 ans, de nationalité algérienne, sans domicile fixe. L’homme était connu de Mina. Il avait déjà dormi chez elle à plusieurs reprises. Ce soir-là, son téléphone borne dans l’appartement depuis la veille. À 20 h 10, les caméras de vidéosurveillance le filment quittant l’immeuble seul, quelques minutes seulement après que la victime a cessé de donner tout signe de vie.

« Je suis innocent des faits qui me sont reprochés »

Lettre d’Azdine D. à la juge d’instruction, 21 octobre 2025

Depuis sa cellule, il répète inlassablement la même phrase. Lors de sa garde à vue, face aux policiers, il nie encore : « Ce n’est pas moi », « Je n’ai pas tué Mina ». Des dénégations qui ne convainquent personne.

Des preuves accablantes qui s’accumulent

Le 22 août, Azdine D. est interpellé sur un chantier jouxtant la mosquée du Blanc-Mesnil, un lieu où il dormait parfois. Sur place, les policiers saisissent une paire de baskets. L’empreinte de la semelle correspond exactement à celle relevée près du corps de Mina. Pire : des traces de sang appartenant à la victime sont retrouvées sur la chaussure.

Autre élément écrasant : le lendemain du meurtre, la carte bancaire de Mina a été utilisée pour acheter des pâtisseries. Le retrait et les paiements sont formellement attribués à Azdine D.

Face à ce faisceau de présomptions, il est mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire dès le 23 août.

Une lettre désespérée à la juge

Fin octobre, depuis sa prison, Azdine D. prend la plume. Dans une lettre manuscrite adressée à la juge d’instruction de Bobigny, il supplie qu’on l’entende une nouvelle fois. Il demande l’audition d’autres personnes, affirmant qu’elles pourraient innocenter. « Madame la juge, je me permets de vous écrire depuis ma cellule… » commence-t-il.

Il maintient mordicus qu’il n’est pas l’auteur des coups fatals. Selon lui, quelqu’un d’autre aurait pu entrer dans l’appartement après son départ. Une version que les enquêteurs jugent hautement improbable au vu des éléments matériels.

Un geste de générosité puni par la mort

Cette affaire soulève une question douloureuse : jusqu’où peut-on aller dans l’aide aux plus démunis sans mettre sa propre vie en danger ? Mina incarnait une forme d’altruisme pur, presque chrétien dans son acceptation inconditionnelle de l’autre. Elle n’a posé aucune condition, n’a jamais demandé de papier, n’a jamais fermé sa porte.

Et c’est précisément cette ouverture totale qui l’a conduite à la mort.

Combien de personnes, dans les grandes villes françaises, hébergent ainsi, dans l’ombre, des hommes en situation irrégulière ? Combien prennent des risques inconscients par pure bonté d’âme ? Le drame de Bagnolet agit comme un électrochoc.

Bagnolet, une ville sous tension

La commune de Seine-Saint-Denis n’est pas épargnée par les faits divers violents. Trafics en tout genre, tensions communautaires, précarité extrême : le terreau est souvent explosif. L’hébergement informel de sans-papiers y est une réalité ancienne, parfois encouragée par des associations, parfois simplement dictée par la compassion individuelle.

Mais ce genre de drame rappelle cruellement que la frontière entre solidarité et danger peut être mince. Très mince.

Que reste-t-il de la fraternité ?

Ce meurtre soulève aussi un débat de société profond. Dans un pays où l’accueil des migrants divise passions et rancœurs, l’histoire de Mina Hayma vient rappeler que derrière les grands discours, il y a des gestes concrets. Des femmes et des hommes qui, sans bruit, tendent la main.

Mais quand cette main tendue est broyée par ceux-là mêmes qu’on voulait sauver, la fracture devient béante.

Alors oui, Azdine D. clame son innocence. Peut-être découvrira-t-on un jour des éléments nouveaux. Peut-être pas. Mais une chose est certaine : Mina Hayma est morte pour avoir trop cru en l’humanité de l’autre.

Et cela, aucune lettre de prison ne pourra jamais l’effacer.

En mémoire de Mina Hayma
Une femme ordinaire qui aura payé de sa vie sa foi inébranlable en la bonté humaine.

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