La Syrie connaît un tournant majeur dans sa longue et sanglante guerre civile. Selon plusieurs sources concordantes, dont l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), le président Bachar el-Assad aurait quitté précipitamment le pays ce dimanche, alors que les rebelles d’une coalition menée par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS) sont entrés dans la capitale Damas après une offensive fulgurante.
L’armée syrienne et les forces de sécurité abandonnent Damas
D’après l’OSDH, Bachar el-Assad se serait envolé depuis l’aéroport international de Damas, abandonné par l’armée syrienne et les forces de sécurité face à l’avancée des rebelles. Ces derniers contrôleraient désormais une large partie de la ville, où des échanges de tirs ont été entendus par des habitants.
Le groupe HTS, un ancien affilié d’Al-Qaïda, a annoncé sur Telegram être entré dans Damas après avoir pris le contrôle de plusieurs autres villes-clés du pays comme Homs et Hama ces derniers jours. Cette coalition rebelle avait déjà conquis la deuxième ville de Syrie, Alep, la semaine dernière.
Des milliers de détenus libérés de la prison de Sednaya
Parmi les sites stratégiques tombés aux mains des rebelles figure la prison de Sednaya, dans la banlieue de Damas, tristement célèbre pour avoir été le théâtre des pires exactions du régime Assad pendant la guerre. Selon HTS, des milliers de détenus ont été libérés de cet « abattoir humain ».
La tyrannie a pris fin à la prison de Sednaya. Les portes de cet enfer où des milliers de Syriens ont souffert le martyre ont été ouvertes.
Un porte-parole de Hayat Tahrir al-Cham
Le Hezbollah se retire des combats
Dans le même temps, une source proche du Hezbollah libanais, allié du régime syrien, a indiqué que l’organisation pro-iranienne avait retiré ses forces de la région de Damas et de Homs, certains combattants se repliant vers la zone côtière de Lattaquié et d’autres vers la région du Hermel au Liban.
Un repositionnement militaire russe qui sème le doute
Du côté de l’allié russe, les signaux sont plus ambigus. Si aucune réaction officielle n’a encore eu lieu, des mouvements de troupes et de matériels russes ont été observés ces derniers jours, laissant penser à un repositionnement en prévision de la chute du régime. Moscou pourrait chercher à protéger ses intérêts en négociant avec les nouveaux maîtres de Damas.
L’avenir de la Syrie plus incertain que jamais
Alors que le régime de Bachar el-Assad, qui a dirigé la Syrie d’une main de fer depuis 2000, semble vivre ses dernières heures, l’avenir du pays apparaît plus incertain que jamais après plus d’une décennie d’une guerre civile qui a fait près de 500.000 morts et des millions de déplacés.
Si les rebelles, dominés par les islamistes de HTS, semblent en passe de l’emporter militairement, leur capacité à stabiliser et gouverner un pays ravagé reste à démontrer. Nombre d’observateurs craignent une fragmentation accrue de la Syrie et la montée en puissance de groupes djihadistes.
Les prochains jours seront décisifs pour savoir si la deuxième décennie de ce conflit, qui a débuté par un soulèvement pacifique en 2011 avant de se muer en guerre civile sur fond d’ingérences étrangères, marquera enfin le début d’une nouvelle ère pour la Syrie. Une ère que beaucoup de Syriens espèrent synonyme de paix et de liberté après tant d’années de souffrances.
