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Bachar Al-Assad : Trois Mandats d’Arrêt Internationaux

Un troisième mandat d'arrêt vise Bachar al-Assad pour des attaques chimiques en Syrie. Que cache cette traque judiciaire contre l'ex-dictateur ? Lisez pour le découvrir...

En 2013, des images insoutenables ont secoué le monde : des civils syriens, asphyxiés par des gaz toxiques, victimes d’attaques chimiques dans la Ghouta orientale. Plus de mille morts, des centaines de blessés, et un nom qui revient sans cesse : Bachar al-Assad. Exilé en Russie depuis sa chute en décembre 2024, l’ancien président syrien fait face à une traque judiciaire sans relâche. Cet été, un troisième mandat d’arrêt international a été émis à Paris contre lui, marquant une nouvelle étape dans la quête de justice pour les victimes de son régime.

Une Traque Judiciaire Inédite

La justice française ne lâche pas prise. Depuis la chute de Bachar al-Assad, les efforts pour le traduire en justice se sont intensifiés. Le dernier mandat d’arrêt, signé le 29 juillet 2025, vise des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre liés aux attaques chimiques de 2013. Ce n’est pas la première fois que l’ex-dictateur est dans le viseur des juges parisiens. Deux autres mandats, émis en janvier et août 2025, concernent des actes tout aussi graves : des bombardements ciblés sur des civils et des journalistes.

Pourquoi Paris ? La France s’est imposée comme un acteur clé dans la lutte contre l’impunité des crimes internationaux, grâce à sa juridiction spécialisée dans les crimes contre l’humanité. Le Parquet national antiterroriste (Pnat), compétent dans ce domaine, a joué un rôle central en requérant ces mandats. Mais au-delà des aspects juridiques, c’est une question de mémoire et de justice pour les victimes syriennes.

Les Attaques Chimiques de 2013 : Un Tournant Tragique

Les attaques chimiques de 2013 restent gravées dans les mémoires comme l’un des épisodes les plus sombres du conflit syrien. Le 5 août, les villes d’Adra et de Douma ont été frappées, faisant 450 blessés. Quelques semaines plus tard, le 21 août, la Ghouta orientale a été la cible d’une attaque au gaz sarin, tuant plus de mille personnes selon les renseignements américains. Ces actes, attribués au régime d’Assad, ont choqué la communauté internationale.

« Les victimes n’ont cessé d’appeler à une justice rapide et effective, espérant que Bachar al-Assad n’échappe pas à ses responsabilités. »

Jeanne Sulzer et Clémence Witt, avocates des ONG parties civiles

Ces attaques ne sont pas des incidents isolés. Elles s’inscrivent dans une stratégie de répression brutale visant à briser toute opposition. Les civils, pris pour cibles, ont payé le prix fort d’un conflit où les armes chimiques sont devenues un outil de terreur.

Les Autres Visages de la Répression

Outre les attaques chimiques, d’autres crimes imputés à l’ancien régime syrien sont au cœur des enquêtes françaises. En 2017, un bombardement à Deraa, dans le sud-ouest de la Syrie, a visé des zones résidentielles, faisant des victimes civiles. Un mandat d’arrêt émis en janvier 2025 accuse Assad de complicité de crime de guerre dans cette affaire.

Un autre dossier, tout aussi poignant, concerne le bombardement de 2012 d’un centre de presse à Homs. Ce drame a coûté la vie à deux journalistes : Marie Colvin, reporter américaine pour le Sunday Times, et Rémi Ochlik, photographe français. D’autres, comme la journaliste Edith Bouvier et le photographe Paul Conroy, ont été blessés. Ce ciblage délibéré des médias visait à museler ceux qui tentaient de témoigner des exactions du régime.

« Ces mandats reflètent la répression tous azimuts menée par Assad : contre les civils, mais aussi contre les journalistes, pour empêcher la vérité d’émerger. »

— Clémence Bectarte, avocate de la FIDH

Un Réseau d’Officiels Visés

Bachar al-Assad n’est pas le seul dans le collimateur. Pas moins de 17 anciens responsables du régime syrien sont visés par des mandats d’arrêt en France. Parmi eux, Maher al-Assad, frère de l’ex-président et figure clé de la 4e division blindée, ainsi que des généraux comme Ghassan Abbas et Bassam al-Hassan. Talal Makhlouf, ancien commandant de la 105e brigade, fait également l’objet d’un mandat depuis juillet 2025.

Ces poursuites s’étendent à un autre dossier tragique : la disparition forcée de Mazzen et Patrick Dabbagh, deux citoyens franco-syriens arrêtés en 2013 et présumés morts. Ce cas illustre la brutalité systématique du régime, qui n’a pas hésité à cibler des individus pour leur opposition ou leur simple existence.

Une Justice Internationale à l’Épreuve

La délivrance de ces mandats d’arrêt marque une avancée, mais le chemin vers la justice reste semé d’embûches. Assad, désormais en exil en Russie, est hors de portée des autorités françaises pour le moment. Pourtant, les avocats des victimes et des ONG restent déterminés. Ils appellent à une coopération internationale renforcée pour garantir que ces mandats soient appliqués.

Les mécanismes de justice internationale, comme la Cour pénale internationale, pourraient jouer un rôle clé. Mais la Russie, qui héberge Assad, n’est pas signataire de ses statuts, ce qui complique les démarches. Les victimes, elles, continuent d’espérer un procès, même en l’absence de l’accusé.

Mandat d’Arrêt Date Chefs d’Accusation Événement
Premier Janvier 2025 Complicité de crime de guerre Bombardement à Deraa (2017)
Deuxième Août 2025 Crimes de guerre et contre l’humanité Bombardement centre de presse à Homs (2012)
Troisième Juillet 2025 Crimes contre l’humanité et crimes de guerre Attaques chimiques (2013)

Le Combat des Victimes et des ONG

Derrière ces mandats, il y a des voix qui refusent de se taire. Des ONG comme le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression, ainsi que des avocats dévoués, portent le combat des victimes. Leur objectif ? Faire en sorte que les responsables rendent des comptes, même des années après les faits.

Les victimes, qu’il s’agisse des survivants des attaques chimiques ou des familles des journalistes tués, attendent une justice qui semble encore lointaine. Pourtant, chaque mandat d’arrêt est un pas vers la reconnaissance de leurs souffrances.

Vers un Procès Historique ?

Et si Bachar al-Assad était jugé en France, même par contumace ? Cette hypothèse, bien que complexe, est envisagée. Les juges d’instruction parisiens pourraient ordonner un procès à l’issue de leurs investigations. Ce serait un signal fort : nul, pas même un ancien chef d’État, ne peut échapper à la justice pour des crimes d’une telle gravité.

Pour l’heure, la priorité reste la coopération internationale. Les autorités françaises, sous la pression des ONG, sont appelées à agir rapidement pour diffuser ces mandats à l’échelle européenne et mondiale. La route est longue, mais l’espoir d’une justice universelle persiste.

Les chiffres clés des mandats d’arrêt :

  • 17 responsables syriens visés
  • 3 mandats contre Bachar al-Assad
  • 4 dossiers judiciaires en France

Le combat contre l’impunité en Syrie est loin d’être terminé. Mais avec ces mandats, la France envoie un message clair : les crimes contre l’humanité ne resteront pas impunis. Pour les victimes, c’est une lueur d’espoir dans un conflit qui a brisé tant de vies.

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