A 59 ans, le président syrien Bachar al-Assad traverse la période la plus difficile de ses 13 années au pouvoir. Homme à l’apparence calme et timide, cet ophtalmologue de formation a pourtant mené d’une main de fer son pays à travers l’une des guerres civiles les plus sanglantes du 21ème siècle. Mais depuis le 27 novembre, son pouvoir n’a jamais semblé aussi fragilisé.
Une offensive rebelle d’une ampleur sans précédent
En seulement une semaine, une coalition de groupes rebelles, dominée par des islamistes extrémistes, a réussi un coup de force retentissant. Les villes d’Alep et de Homs, deux bastions du régime, sont tombées aux mains des insurgés. Un revers cuisant pour Bachar al-Assad qui s’était toujours présenté comme le protecteur des minorités et le rempart contre le chaos.
C’est la plus grande menace à laquelle Bachar al-Assad a dû faire face depuis le début de la guerre en 2011.
Selon une source diplomatique occidentale à Damas
Le poids des soutiens russes et iraniens
Jusqu’à présent, le président syrien a pu compter sur l’appui indéfectible de ses alliés russes et iraniens, ainsi que du Hezbollah libanais. Ce soutien lui a permis de reconquérir les deux tiers du territoire depuis le début du conflit. Mais face à cette nouvelle offensive d’envergure, ce soutien sera-t-il suffisant ?
Un pouvoir héréditaire et autoritaire
Quand il accède au pouvoir en 2000, à seulement 34 ans, Bachar el-Assad suscite l’espoir d’une transition vers plus de libertés. Mais il reprend vite les méthodes répressives de son père Hafez, qui avait dirigé la Syrie d’une main de fer pendant 30 ans. Opposants emprisonnés, libertés muselées : le « printemps de Damas » fait long feu.
- Un régime qualifié d’opaque et paranoïaque
- L’armée et les services de sécurité, piliers du pouvoir
- Libertés restreintes et opposition réprimée
Une répression sanglante du soulèvement populaire
Quand les premières manifestations pacifiques éclatent en Syrie en mars 2011, dans le sillage des printemps arabes, la réponse du régime est brutale. La répression se transforme vite en conflit armé généralisé. Mais Bachar al-Assad reste inflexible, convaincu de pouvoir écraser ce qu’il qualifie de « complot terroriste ».
Bachar a une personnalité unique et complexe. A chaque fois que je le rencontrais, il était calme, même dans les moments les plus critiques et difficiles de la guerre.
Témoigne un journaliste sous couvert d’anonymat
Une guerre meurtrière qui a déplacé la moitié de la population
En 13 ans, la guerre civile en Syrie a fait plus de 500 000 morts et déplacé plus de la moitié de la population du pays. Des violations massives des droits de l’homme ont été documentées, comme l’utilisation d’armes chimiques par le régime contre des civils. Mais Bachar al-Assad est resté impassible, se disant prêt à tout pour rester au pouvoir.
Un avenir plus qu’incertain
Après la perte de deux villes majeures, l’avenir de Bachar al-Assad à la tête de la Syrie n’a jamais semblé aussi incertain. Saura-t-il une nouvelle fois rebattre les cartes en sa faveur grâce à ses soutiens étrangers ? Ou la pression de cette nouvelle offensive rebelle sera-t-elle trop forte, même pour cet autocrate qui semblait jusqu’ici insubmersible ?
L’escalade terroriste vise à tenter de morceler la région, d’effriter ses Etats et de redessiner la carte de la région conformément aux intérêts et aux objectifs de l’Amérique et de l’Occident.
A réagi Bachar al-Assad
Une chose est sûre : l’issue des prochaines semaines sera décisive pour l’avenir de la Syrie et de son président. La communauté internationale retient son souffle, dans l’attente de voir si Bachar al-Assad parviendra une nouvelle fois à se maintenir au pouvoir ou si, cette fois, le vent a définitivement tourné pour l’un des dirigeants les plus controversés de ce début de 21ème siècle.
