C’est dans une ambiance électrique que s’est déroulée la deuxième édition des Flammes, jeudi soir au prestigieux Théâtre du Châtelet. Cette cérémonie dédiée aux musiques urbaines, lancée l’an dernier par les médias Yard et Booska-P avec le soutien de Spotify, a une nouvelle fois récompensé le meilleur du rap et du hip-hop français. Et comme un air de déjà-vu, les grands gagnants de la soirée sont les mêmes que l’an passé : la chanteuse Aya Nakamura et le rappeur Gazo, sacrés artistes féminin et masculin de l’année.
Aya Nakamura, reine incontestée du rap français
Véritable phénomène musical, Aya Nakamura a littéralement écrasé la compétition en raflant trois Flammes : artiste féminine, album nouvelle pop pour “DNK”, et rayonnement international. Du haut de ses 28 ans, la chanteuse originaire du Mali est aujourd’hui l’artiste francophone la plus écoutée dans le monde. Un succès fulgurant qu’elle doit à ses tubes imparables aux sonorités afro-pop et R&B, servis par une attitude “bad bitch” inspirante.
Vêtue d’une doudoune blanche en fourrure, Aya Nakamura a interprété sur scène ses hits “Baby”, “Pookie” et “Hypé”, repris en chœur par le public. Émue aux larmes en recevant ses trophées, elle a dédié sa victoire “à toutes les renois”, soulignant le chemin parcouru :
Ça n’a pas été facile pour moi mais cette victoire c’est pour toutes les “renois”. On vient de loin.
Aya Nakamura, artiste féminine de l’année aux Flammes 2024
Gazo, nouveau visage du rap français
Dans la catégorie masculine, c’est le rappeur Gazo qui a été couronné artiste de l’année pour la deuxième fois consécutive. Révélé en 2021 avec son tube “DIE”, le jeune artiste de 27 ans a confirmé son statut de nouvelle star du rap français. Son premier album “KMT”, certifié double platine, a caracolé en tête des charts.
Comme Aya Nakamura, Gazo avait déjà reçu le prix d’artiste masculin l’an dernier aux Flammes, ainsi qu’aux Victoires de la musique 2023. Une consécration méritée pour ce rappeur au flow unique et aux punchlines percutantes, devenu en quelques mois seulement un des visages incontournables de la scène urbaine.
24 Flammes décernées, des révélations aux vétérans
Outre les catégories reines d’artistes de l’année, la cérémonie des Flammes a décerné pas moins de 24 prix, récompensant tous les acteurs des musiques urbaines : rappeurs, compositeurs, labels, spectacles… Si les têtes d’affiche Aya Nakamura et Gazo ont trusté les honneurs, la soirée a aussi mis en lumière les nouveaux talents du rap français.
Après Ronisia et Werenoi l’an passé, les Flammes 2024 ont sacré Merveille et Favé révélations féminine et masculine de l’année. Une juste reconnaissance pour ces artistes émergents, dont la notoriété ne cesse de grandir. D’autres pépites ont été célébrées, comme Tif (révélation scénique), Boumidjal X (compositeur) ou encore Josman et Meryl dans leurs catégories respectives.
Les vétérans du rap n’ont pas été oubliés, à l’image de Kore, producteur de Booba qui a reçu la “Flamme éternelle” pour l’ensemble de sa carrière. Un moment d’émotion, d’autant que le prix lui a été remis par son poulain Booba. La Fouine a lui livré une performance surprise, interprétant ses tubes “Du Ferme” puis “Ma Meilleure” en duo avec Zaho.
Des performances live incendiaires
Plus qu’une simple remise de prix, Les Flammes se veulent une célébration bouillonnante des musiques urbaines. Entre chaque récompense, une vingtaine d’artistes se sont relayés sur la scène du Châtelet pour enflammer le public. Les lives se sont enchaînés à un rythme effréné, faisant monter crescendo la température.
Parmi les temps forts, citons les prestations survoltées des artistes du moment comme Tiakola, SDM, Kerchak ou encore Rsko. Les featurings étaient aussi de la partie, à l’image du morceau événement “Déraille” réunissant Hamza, SCH et Zed.
Au-delà du pur divertissement, certains artistes ont profité de leur passage pour faire passer des messages. Médine a dédié son titre engagé “Gaza Soccer Beach” à “tous les enfants disparus”. La sœur d’Adama Traoré, invitée à remettre la Flamme de l’engagement, a rendu hommage aux victimes de violences policières.
Cette Flamme, on la dédie à tous ceux qui sont tombés, à tous ces artistes qui portent ces combats dans leur musique.
Assa Traoré, figure de la lutte contre les violences policières
Après 4 heures de show intense, la soirée s’est achevée en apothéose sur un medley « Petit Génie » réunissant sur scène toutes les stars de la soirée : Jungly, Lossa, Alonzo, Imen Es, Abou Debeing… Un final explosif, sous une pluie de paillettes et de tubes.
Le rap, de plus en plus mainstream
En consacrant une nouvelle fois Aya Nakamura et Gazo, véritables locomotives du rap français, les Flammes 2024 confirment la place prépondérante prise par les musiques urbaines dans le paysage musical. Un constat renforcé par le succès des rappeurs aux Victoires de la Musique en février dernier.
Longtemps marginalisé et confiné aux banlieues, le rap s’est largement popularisé ces dernières années, s’imposant même comme le genre musical numéro 1 en France. Les chiffres de ventes et de streaming sont éloquents : en 2022, 31 des 50 artistes les plus écoutés en France étaient issus du rap, avec Ninho, Gazo et Aya Nakamura sur le podium.
Cette mainstreaminisation du rap ne se fait pas sans heurts ni polémiques, comme l’ont montré les débats houleux autour de la potentielle programmation d’Aya Nakamura à la cérémonie d’ouverture des JO 2024. Beaucoup y ont vu un “manque de respect”, quand d’autres défendaient la légitimité de la star à représenter la France.
Ce sujet sensible a été abordé avec humour par Wally Dia dans son discours d’ouverture aux Flammes. Taclant Rachida Dati, fer de lance des attaques contre Aya Nakamura, l’humoriste a pointé le “deux poids deux mesures” dans le traitement des artistes :
Quand les Daft Punk étaient pressentis pour l’ouverture des JO, personne n’a dit “c’est une honte”. Ils parlent en anglais, comme Siri, et ça ne dérange personne…
Wally Dia, humoriste et maître de cérémonie des Flammes
Malgré ces résistances, l’avenir semble radieux pour le rap français, porté par une jeune génération talentueuse. Avec des têtes d’affiche bankables comme Aya Nakamura et Gazo, et une nouvelle garde prometteuse, le mouvement a encore de belles années devant lui.
Les Flammes, rendez-vous désormais incontournable, seront là pour accompagner cette expansion, offrant chaque année un superbe coup de projecteur sur le meilleur des musiques urbaines tricolores. Vivement la prochaine édition !
