Imaginez la scène : vous êtes l’une des artistes françaises les plus écoutées au monde, vous remplissez le Stade de France en quelques heures et, pourtant, quand on vous parle d’une émission culte du paysage audiovisuel français, vous lâchez sans filtre que ça ne correspond pas vraiment à votre vision. C’est exactement ce qui s’est passé ce 28 novembre sur le plateau de Quotidien. Aya Nakamura, en pleine promotion et en pleine réflexion sur son parcours, n’a pas hésité à exprimer son ressenti sur Taratata, l’émission phare de Nagui. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que sa franchise a fait couler beaucoup d’encre… et de tweets.
Quand Aya Nakamura rêve tout haut d’un Tiny Desk à la française
Invitée par Yann Barthès, la star n’était pas là uniquement pour parler chiffres de ventes ou dates de tournée. Entre deux rires et confidences, elle a glissé une idée qui lui tient particulièrement à cœur : participer à un Tiny Desk Concert, ce format culte de la radio publique américaine NPR où les artistes se produisent dans un bureau, entourés de quelques musiciens, sans artifice. Un moment de pure musique, brut, sincère, presque nu.
« Je trouve que ça manque en France une émission avec des vrais zikos, juste avec un artiste », a-t-elle expliqué, les yeux brillants. Pour elle, c’est là que l’on voit le vrai talent, celui qui ne repose pas sur une mise en scène grandiose mais sur la voix, le feeling, l’émotion immédiate. Un rêve qui n’a rien d’anodin quand on sait à quel point Aya Nakamura a toujours défendu une musique directe, sans filtre, qui parle à la génération actuelle.
Taratata dans la ligne de mire : trop « classique » pour la nouvelle génération ?
Face à cette déclaration d’amour au format intimiste, Yann Barthès a naturellement cité l’émission qui, en France, incarne le live musical depuis plus de trente ans : Taratata. Présentée par Nagui depuis 1993, elle a vu défiler les plus grands noms de la chanson française et internationale dans des performances souvent mémorables.
Mais pour Aya Nakamura, la comparaison ne tient pas vraiment. « Taratata, c’est… beaucoup plus classique », a-t-elle répondu, sans méchanceté apparente, mais avec une franchise désarmante. Le mot est lâché. Classique. Un terme qui, dans la bouche d’une artiste de 30 ans qui a révolutionné le game avec des titres comme Djadja ou Pookie, sonne presque comme une critique voilée.
« Oui, c’est ça. C’est mignon et c’est vraiment artistique. C’est là où on voit le vrai talent de l’artiste. »
Aya Nakamura, à propos du Tiny Desk
Ambre Chalumeau, chroniqueuse, a même renchéri en soulignant la différence de production : Taratata reste une émission très structurée, avec un plateau, des lumières, un public, quand le Tiny Desk mise tout sur le minimalisme. Et Aya a acquiescé. Point final.
Pourquoi cette sortie fait autant parler
Sur les réseaux sociaux, la séquence a immédiatement enflammé les débats. D’un côté, ceux qui applaudissent la sincérité d’Aya Nakamura : enfin une artiste qui ose dire ce qu’elle pense, qui assume ses goûts, qui refuse de s’aligner par politesse. De l’autre, les défenseurs de Taratata qui rappellent que l’émission a accueilli des centaines d’artistes de tous horizons, du rock à l’électro, de la chanson française au rap, et qu’elle reste une référence incontestable.
Mais au-delà de la petite phrase, c’est une vraie question de génération qui se pose. Taratata, avec ses duos improbables et son ambiance chaleureuse, parle peut-être davantage à ceux qui ont grandi avec les années 90 et 2000. Le public d’Aya Nakamura, lui, a été biberonné aux lives Instagram, aux sessions Colors, aux Boiler Room ou précisément aux Tiny Desk. Des formats où l’artiste est seul face à sa musique, sans filet.
Et si Aya avait simplement mis des mots sur un malaise plus large ? Celui d’une partie de la jeune génération qui trouve que la télévision française, malgré ses efforts, peine à proposer des concepts vraiment modernes, vraiment en phase avec les codes d’aujourd’hui.
Nagui et Taratata : une institution qui ne fait pas l’unanimité chez les jeunes artistes
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’émission de Nagui est pointée du doigt par des artistes urbains ou de la nouvelle scène. Certains reprochent un ton parfois paternaliste, une sélection qui privilégierait les valeurs sûres au détriment des talents émergents, ou encore une mise en scène jugée trop « vieille France ».
Aya Nakamura n’a jamais participé à Taratata. Un choix ? Une peur de ne pas être à sa place ? Ou simplement une question de planning ? Quoi qu’il en soit, son avis tombe à un moment où l’émission tente de se renouveler, avec des numéros spéciaux, des invités surprise, mais où elle peine parfois à séduire les moins de 30 ans en termes d’audience.
Et pourtant, objectivement, Taratata reste l’une des rares émissions où l’on peut voir des lives de qualité à la télévision française. Un paradoxe que la sortie d’Aya met cruellement en lumière.
Le rêve d’Aya Nakamura : un Tiny Desk français, est-ce réaliste ?
Depuis sa déclaration, beaucoup se demandent si une chaîne ou une plateforme pourrait saisir la balle au bond. France Inter ? Arte ? YouTube France ? Une marque comme Colors, qui cartonne avec ses sessions minimalistes ? Les possibilités existent.
En attendant, des initiatives privées fleurissent déjà : les sessions A Colors Show avec des artistes français, les lives Instagram de grande qualité, les concerts filmés dans des lieux insolites. Mais rien n’équivaut encore, en termes de visibilité et de légitimité, à un vrai programme télé ou à un format officiel soutenu par une grande chaîne.
Aya Nakamura, avec ses millions de vues et son influence planétaire, a peut-être lancé, sans le vouloir, un vrai débat : la France est-elle prête à offrir à sa nouvelle génération d’artistes le cadre qu’elle mérite ? Un cadre brut, sincère, où la musique redevient reine.
Au-delà de la polémique : une artiste en pleine réflexion
Car il ne faut pas réduire cette séquence à une simple pique. Aya Nakamura est en pleine transition. Elle produit désormais elle-même sa musique, remplit des stades, réfléchit à son héritage. À 30 ans à peine, elle se pose les bonnes questions : jusqu’où veut-elle aller ? Quel type de performances souhaite-t-elle offrir à son public ?
Son rêve de Tiny Desk n’est pas un caprice de star. C’est la volonté d’une artiste qui veut montrer une autre facette d’elle-même. Moins bling, plus profonde. Moins spectacle, plus vérité.
Et si, finalement, sa franchise sur Taratata n’était qu’un symptôme d’une envie plus grande : celle de faire bouger les lignes de la musique à la télévision française ?
Une chose est sûre : en quelques phrases, Aya Nakamura a réussi à remettre au centre du débat une question essentielle. Celle du renouvellement des formats musicaux à la télé. Et ça, même si ça dérange, c’est plutôt une bonne nouvelle.
En résumé : Aya Nakamura n’a pas attaqué Taratata, elle a simplement exprimé une préférence. Celle d’un live dépouillé, intimiste, où l’artiste est mis à nu. Un rêve partagé par beaucoup de jeunes talents et qui interroge, une fois de plus, la capacité de la télévision française à se réinventer.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Taratata est-elle devenue trop classique ? Manque-t-il vraiment un Tiny Desk à la française ? Le débat est lancé… et il risque de durer longtemps.









