Alors que l’administration Trump touche à sa fin, la question de la passation des pouvoirs dans les services de renseignement américains suscite l’inquiétude. En effet, le choix de Tulsi Gabbard, une ancienne députée démocrate devenue partisane de Donald Trump, pour remplacer Avril Haines à la tête du renseignement ne fait pas l’unanimité. Cependant, selon des sources proches du dossier, Mme Haines elle-même ne semble pas alarmée par cette nomination.
Une confiance dans les institutions de surveillance
Lors d’une intervention devant un influent groupe de réflexion, la directrice du renseignement sortante a affirmé avoir du mal à croire que sa remplaçante veuille remettre en cause les relations étroites entre les services de renseignement des États-Unis et de leurs plus proches alliés, connus sous le nom des « Cinq yeux ». Cette alliance, qui regroupe également la Grande-Bretagne, le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, bénéficie en effet d’un large soutien bipartisan au sein des comités de surveillance du Congrès américain.
Je ne pense pas que ces relations de coopération soient exposées à un risque important.
– Avril Haines, directrice du renseignement américain sortante
Des positions controversées qui suscitent des interrogations
Si Mme Haines n’a pas souhaité commenter directement le choix de Tulsi Gabbard, cette nomination ne manque pas de soulever des questions. L’ancienne élue est en effet connue pour ses prises de position favorables au Kremlin et a remis en cause les conclusions du renseignement américain sur l’utilisation d’armes chimiques par le régime syrien de Bachar al-Assad, un allié de la Russie.
Cette nomination devra toutefois être confirmée par le Sénat, ce qui laisse encore planer une part d’incertitude sur l’avenir de la direction du renseignement national. Une institution dont Mme Haines a tenu à souligner l’importance lors de son intervention.
Un rôle clé dans un paysage sécuritaire complexe
Créé après les attentats du 11 septembre 2001, le bureau du directeur du renseignement national a pour mission d’améliorer la coordination entre les nombreuses agences de renseignement américaines. Un rôle essentiel pour connecter les points et rassembler les informations afin de prévenir de nouvelles attaques d’ampleur, comme l’a souligné Avril Haines :
Nous sommes plus en sécurité grâce à cette institution. Si nous ne relions pas les éléments entre eux, nous risquons de passer à côté du prochain 11 septembre.
– Avril Haines
La directrice sortante a également insisté sur le fait que le bureau du directeur du renseignement national était devenu encore plus indispensable au fil des années, en raison de la complexité croissante du paysage sécuritaire mondial. Un constat qui vient contredire certaines voix au sein de l’entourage de Donald Trump, qui s’interrogent sur la nécessité de maintenir cette structure.
Un passage de témoin sous haute surveillance
Alors que la passation de pouvoir se profile, les regards seront donc tournés vers les comités de surveillance du Congrès et le processus de confirmation du Sénat. Il s’agira de déterminer si Tulsi Gabbard, malgré ses positions controversées, parviendra à rassurer sur sa volonté de préserver les alliances stratégiques des États-Unis en matière de renseignement.
Une chose est sûre : dans un monde où les menaces évoluent rapidement et se font de plus en plus diffuses, le rôle du directeur du renseignement national apparaît plus que jamais comme un pilier de la sécurité du pays. Un enjeu de taille pour la future administration, qui devra très vite démontrer sa capacité à relever les défis qui l’attendent.
