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Avenir de l’Acier Européen : Un Sombre Tableau se Dessine

L'acier européen est en danger ! Le président d'ArcelorMittal France alerte : tous les sites pourraient fermer d'ici 2025. Coûts élevés, surcapacités, concurrence déloyale... La sidérurgie européenne pourra-t-elle survivre ?

L’avenir de la sidérurgie européenne s’assombrit. Lors d’une récente audition parlementaire, le président d’ArcelorMittal France a tiré la sonnette d’alarme : si rien n’est fait rapidement pour protéger ce secteur clé, tous les sites européens de production d’acier pourraient fermer leurs portes d’ici 2025. Un scénario catastrophe qui menace des milliers d’emplois et tout un pan de l’économie du continent.

Une industrie en crise profonde

Le constat dressé par Alain Le Grix de la Salle, président d’ArcelorMittal France, est sans appel. La sidérurgie européenne traverse une crise majeure qui met en péril sa survie même. Parmi les principaux facteurs aggravants :

  • Des coûts de l’énergie beaucoup trop élevés en Europe par rapport au reste du monde
  • Une surproduction chinoise massive qui inonde le marché mondial
  • Un niveau très élevé d’importations à bas coût sur le marché européen
  • Une demande intérieure en berne sur le Vieux Continent

Ces surcapacités mondiales, évaluées entre 550 et 600 millions de tonnes par an, représentent 4 à 5 fois le volume total de la production européenne d’acier. La Chine a exporté à elle seule 100 à 120 millions de tonnes l’an dernier, soit l’équivalent de toute la consommation des pays de l’UE.

L’Europe, maillon faible face à la concurrence

Alors que les États-Unis protègent leur marché national par tous les moyens, l’Europe apparaît bien démunie. ArcelorMittal ne s’oppose pas aux importations mais réclame qu’elles soient « limitées » et n’aient pas « un effet dévastateur » comme c’est le cas actuellement. Le groupe sidérurgique demande avant tout des « conditions de concurrence loyale », en particulier sur le coût des émissions de CO2.

Si l’Europe ne décide pas de protéger son marché de la concurrence déloyale, alors ce sont des pans entiers de notre industrie qui vont disparaître à brève échéance.

Alain Le Grix de la Salle, président d’ArcelorMittal France

Restructurations et fermetures se multiplient

Partout sur le continent, les mauvaises nouvelles s’accumulent pour la filière acier. Des restructurations lourdes sont annoncées, accompagnées de suppressions de milliers d’emplois. Symbole de cette hémorragie, le géant allemand ThyssenKrupp prévoit de sabrer 11 000 postes, soit 40% de ses effectifs, d’ici 2030.

En France, ArcelorMittal a annoncé pour l’instant la fermeture de deux petits sites en 2025, touchant plus de 130 personnes. Si les effectifs globaux du groupe sont restés stables dans l’Hexagone depuis 2019, ils masquent en réalité une baisse de 15% du marché sur la période.

Vers une sidérurgie décarbonée ?

Pour ne rien arranger, la transition de la filière vers une production d’acier bas carbone semble mal engagée. ArcelorMittal a ainsi suspendu fin 2022 ses ambitieux plans de décarbonation en Europe. En France, le site de Dunkerque devait bénéficier de 1,8 milliard d’euros d’investissements dont une large part de subventions publiques.

Le groupe attend désormais de connaître les futures mesures de soutien européennes à la sidérurgie pour redémarrer éventuellement ses projets. Un hypothétique « plan acier » européen est espéré pour le mois de mars. D’ici là, l’avenir de tout un secteur historique reste plus que jamais suspendu à un fil. Les prochains mois s’annoncent décisifs.

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