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Automobile : Bruxelles Repousse l’Avenir du Thermique au 16 Décembre

Bruxelles vient de repousser au 16 décembre les annonces explosives qui pourraient sauver ou achever les moteurs thermiques en Europe. Entre l’Allemagne qui veut tout assouplir et la France qui défend bec et ongles le tout-électrique, l’avenir de millions d’emplois se joue en ce moment même. Ce qui va vraiment se passer risque de vous surprendre…

Imaginez la scène : des milliers d’ingénieurs, des usines entières, des milliards d’investissements colossaux… tout repose sur une date. Initialement prévue cette semaine, la décision qui pourrait sceller le sort des moteurs thermiques en Europe vient d’être reportée au 16 décembre. Un simple décalage de calendrier ? Pas vraiment. C’est le signe que Bruxelles vacille face à la pire crise que traverse l’automobile européenne depuis des décennies.

Un report qui en dit long sur les tensions actuelles

La Commission européenne a confirmé le report à l’AFP : les annonces très attendues sur l’avenir du secteur automobile ne tomberont pas avant le 16 décembre. Ce n’est pas un détail administratif. Quand on sait que ces annonces doivent trancher sur l’interdiction des ventes de voitures neuves essence et diesel à partir de 2035, on comprend mieux la pression phénoménale qui pèse sur les épaules des commissaires.

Ce texte, adopté en 2023 dans le cadre du Pacte vert, devait être le fer de lance de la neutralité carbone à horizon 2050. Deux ans plus tard, il est devenu le symbole d’une Europe qui doute de sa propre ambition écologique face à la réalité industrielle.

Pourquoi tant de pays veulent assouplir la règle de 2035

L’Allemagne en tête, suivie par plusieurs États membres et presque tous les constructeurs, multiplie les appels au « pragmatisme ». Les arguments sont connus mais toujours aussi lourds :

  • Chute brutale des ventes de véhicules électriques en 2024-2025
  • Explosion des coûts de l’électricité et des matières premières
  • Concurrence chinoise écrasante sur le segment électrique
  • Menace sur des droits de douane américains sous une possible administration Trump
  • Risque de fermeture d’usines historiques en Europe

Pour beaucoup, maintenir l’interdiction pure et dure de 2035 équivaudrait à offrir le marché européen sur un plateau aux constructeurs asiatiques tout en sacrifiant l’emploi local. Un scénario inacceptable pour Berlin et ses puissants Länder industriels.

« Nous avons besoin de flexibilité technologique, pas d’un dogme idéologique »

Un haut responsable allemand, sous couvert d’anonymat

La France, seule contre (presque) tous ?

À l’opposé, Paris campe sur une position quasi solitaire : pas question de dévier de la trajectoire. Emmanuel Macron l’a redit avec force lors de son récent déplacement en Chine : l’Europe doit tenir son cap écologique pour protéger les investissements déjà engagés (Renault, Stellantis, Forvia, etc.) et surtout ne pas briser l’élan de la filière batterie qui commence à peine à décoller sur le Vieux Continent.

La France a déjà attiré plusieurs gigafactories (Dunkerque, Douai, Billy-Berclau…) et considère que tout recul serait une trahison envers ces projets et les centaines de milliers d’emplois associés.

Mieux : Paris pousse activement le principe de la « préférence européenne » dans l’automobile. L’idée ? Imposer aux industriels qui touchent des aides publiques ou des commandes d’État d’utiliser une très large majorité de composants fabriqués en Europe. Un protectionnisme assumé que la France défend seule face à une partie des Vingt-Sept.

La préférence européenne : entre ambition et divisions

Le commissaire chargé de l’Industrie, Stéphane Séjourné, a préparé un texte qui pourrait fixer des objectifs chiffrés de « Made in Europe ». Initialement prévu cette semaine, ce texte pourrait finalement être présenté fin janvier 2026.

Le principe semble faire consensus sur le fond (« tout le monde veut plus de production locale »), mais le diable se cache dans les détails : quels secteurs ? Quels pourcentages minimaux ? Quelles sanctions en cas de non-respect ?

La République tchèque, la Slovaquie, la Hongrie ou encore la Suède ont déjà fait savoir leur hostilité à un mécanisme trop rigide qui risquerait de pénaliser leurs usines très intégrées aux chaînes allemandes ou asiatiques.

À retenir : Deux textes majeurs sont sur la table :

  1. La révision (ou non) de l’interdiction des thermiques → 16 décembre
  2. Le dispositif de préférence européenne avec objectifs chiffrés → probablement fin janvier

Ces deux décisions dessineront l’automobile européenne pour les vingt prochaines années.

Que peut-il vraiment se passer le 16 décembre ?

Plusieurs scénarios circulent dans les couloirs bruxellois :

  1. Maintien pur et simple de l’interdiction 2035 avec éventuellement une clause de réexamen en 2028 (solution française)
  2. Introduction de carburants de synthèse ou d’hybride rechargeable après 2035 (compromis allemand)
  3. Report à 2040 avec des objectifs intermédiaires renforcés (scénario médian)
  4. Abandon complet de l’interdiction au profit d’objectifs de réduction de CO₂ par constructeur (solution la plus libérale)

Aucun de ces scénarios ne fait l’unanimité. Le report au 16 décembre laisse le temps à Ursula von der Leyen de trouver un compromis politique viable… ou de trancher dans le vif.

Et les constructeurs dans tout ça ?

Ils sont épuisés. Entre les stocks d’électriques invendus, les fermetures d’usines (Volkswagen, Stellantis, Ford…), les suppressions de postes annoncées et la menace chinoise qui continue de gagner des parts de marché, l’industrie européenne est au bord de la rupture.

Certains dirigeants n’hésitent plus à parler publiquement de « suicide industriel » si Bruxelles reste inflexible. D’autres, plus discrets, misent sur un assouplissement discret qui leur permettrait de continuer à vendre des hybrides au-delà de 2035.

Tous, sans exception, attendent un signal clair. Le 16 décembre pourrait être ce signal… ou le début d’un nouveau flou artistique.

Vers une Europe qui choisit enfin son modèle

Ce qui se joue dépasse largement la seule question du moteur thermique. C’est tout le modèle européen qui est en cause : veut-on une Europe écologique ambitieuse même au prix fort ? Ou une Europe pragmatique qui protège d’abord son industrie et ses emplois ?

Le report des annonces montre que, pour l’instant, personne n’a la réponse. Mais le 16 décembre approche. Et avec lui, une décision qui marquera l’histoire de l’automobile européenne pour des décennies.

Une chose est sûre : quel que soit le choix final, il y aura des gagnants et des perdants. Et des millions d’Européens qui paieront l’addition, à la pompe ou sur leur bulletin de salaire.

À suivre, donc. Très attentivement.

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