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Aulas Exclut Étienne Blanc après son Appel à l’Union des Droites

À Lyon, Jean-Michel Aulas vient d’exclure le sénateur LR Étienne Blanc de son groupe municipal. Motif ? L’élu a publiquement appelé à « rassembler toutes les droites », y compris l’extrême droite. Une décision choc qui fait trembler la droite locale… Mais jusqu’où ira cette fracture ?

Imaginez la scène : un mardi soir ordinaire à Lyon, et soudain, la nouvelle tombe comme un couperet. Jean-Michel Aulas, l’ancien patron tout-puissant de l’OL, annonce l’exclusion d’un poids lourd de la droite locale de son propre groupe municipal. Le fautif ? Le sénateur Étienne Blanc, qui a osé dire tout haut ce que certains murmurent tout bas : il faut rassembler « toutes les droites », sans exclure l’extrême droite. En quelques heures, la décision fait le tour des rédactions et des réseaux.

Un divorce consommé en quelques heures

Tout commence lors d’une interview diffusée sur une chaîne parlementaire. Étienne Blanc, interrogé sur la possibilité d’un rapprochement entre la droite classique et ce qu’on appelle encore l’extrême droite, lâche sans détour : « Pour moi, c’est une évidence. » Il ajoute même que le terme « extrême droite » ne veut plus rien dire et prône « une alliance programmatique » plutôt qu’une fusion d’appareils.

Le lendemain matin, la réponse tombe. Le groupe « Cœur lyonnais », qui soutient la candidature de Jean-Michel Aulas aux prochaines municipales, annonce l’exclusion immédiate du sénateur. Pierre Oliver, maire du 2e arrondissement et président du groupe, signe le communiqué. Le message est clair : pas de place pour ceux qui franchissent la ligne rouge du « front républicain ».

« Il n’y a pas d’autre solution que de rassembler toutes les droites »

Étienne Blanc, sénateur LR

Étienne Blanc : un parcours sans détour

Étienne Blanc n’est pas n’importe qui dans le paysage lyonnais. Ancien premier adjoint de Michel Noir dans les années 1990, vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes sous Laurent Wauquiez, questeur du Sénat… L’homme a passé plus de trente ans au cœur du pouvoir local et national. À 68 ans, il reste une figure incontournable des Républicains dans le Rhône.

Son franc-parler n’est pas nouveau. Déjà en 2020, il avait créé la polémique en déclarant qu’il préférait une victoire du Rassemblement national à une victoire de la gauche dans certaines villes. Mais cette fois, ses propos arrivent au pire moment pour Jean-Michel Aulas, qui tente de construire une candidature « rassembleuse » au centre-droit pour 2026.

Jean-Michel Aulas : l’image avant tout

Depuis qu’il a quitté la présidence de l’Olympique Lyonnais, Jean-Michel Aulas s’est lancé un nouveau défi : conquérir la mairie de Lyon. Son groupe « Cœur lyonnais » regroupe des élus LR, centristes et indépendants autour d’une ligne claire : ni extrême gauche écologiste, ni extrême droite. L’exclusion d’Étienne Blanc s’inscrit dans cette stratégie d’image.

Pour l’ancien dirigeant de l’OL, habitué à trancher dans le vif en matière de gestion sportive, la décision a été rapide. Moins de 24 heures entre les propos du sénateur et l’annonce de l’exclusion. Un timing qui montre que le sujet est ultrasensible au sein de la droite lyonnaise.

Le « front républicain » toujours vivant à Lyon ?

Longtemps, Lyon a été présentée comme un bastion du « ni-ni » : ni FN/RN, ni PS. Gérard Collomb avait bâti sa domination sur cette ligne centriste. Mais depuis la victoire surprise des écologistes en 2020, la donne a changé. Certains à droite estiment que le temps du cordon sanitaire est révolu.

Étienne Blanc incarne cette frange qui pense qu’on ne peut plus gagner sans élargir le spectre. À l’échelle nationale, Éric Ciotti ou Laurent Wauquiez soufflent le même vent. À Lyon, la question est particulièrement brûlante : le Rassemblement national progresse dans les quartiers populaires et dans la métropole.

À retenir : L’exclusion d’Étienne Blanc n’est pas seulement une sanction personnelle. C’est un signal envoyé à tout l’électorat de droite modérée : chez Aulas, on ne transige pas avec la ligne républicaine… pour l’instant.

Les réactions en cascade

Du côté des écologistes, on jubile sans surprise. Le maire Grégory Doucet n’a pas encore réagi officiellement, mais ses proches y voient la preuve que la droite reste « gangrénée » par ses démons. À l’opposé, certains élus LR locaux prennent leurs distances avec Étienne Blanc, quand d’autres, en privé, approuvent sa franchise.

Quant au sénateur exclu, il a réagi avec calme : il prend acte de la décision mais maintient son soutien à Jean-Michel Aulas. Un soutien en solo, désormais. Preuve que, même sanctionné, il ne compte pas lâcher le combat idéologique.

Vers une recomposition inévitable ?

Cet épisode lyonnais n’est qu’un symptôme d’une maladie plus large. Partout en France, la droit classique se déchire sur la question du RN. Faut-il tendre la main, comme le propose Ciotti ? Faut-il maintenir le barrage, comme le défend Retailleau ? À Lyon, la réponse d’Aulas est claire… pour le moment.

Mais dans deux ans, quand viendra l’échéance municipale, les équations auront peut-être changé. Les scores du RN dans le Rhône ne cessent de grimper. Et l’on sait que, en politique, les lignes rouges ont parfois la fâcheuse tendance à s’effacer quand les urnes parlent.

En attendant, Lyon offre un spectacle passionnant : celui d’une droit qui se cherche, entre fidélité républicaine et tentation du « tout sauf la gauche ». Et au milieu, Jean-Michel Aulas, habitué aux matchs à haute tension, semble avoir choisi son camp. Pour combien de temps ?

L’affaire Blanc-Aulas n’est qu’un épisode.
Elle préfigure les grandes manœuvres qui s’annoncent à droite pour 2026 et 2027. Et dans cette partie d’échecs, chaque exclusion est un coup sur l’échiquier national.

Affaire à suivre, donc. Très attentivement.

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