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Audiences CIJ : Génocide Rohingya Contre Birmanie en 2026

En janvier 2026, la Cour internationale de justice examinera enfin le fond des accusations de génocide contre la Birmanie pour les atrocités commises contre les Rohingyas en 2017. Des centaines de milliers de vies brisées, des témoignages accablants... Que va décider la plus haute juridiction de l'ONU ?

Imaginez des centaines de milliers de personnes contraintes de fuir leur foyer sous la menace de violences extrêmes, laissant derrière elles tout ce qui constituait leur vie. C’est la réalité qu’ont vécue les Rohingyas en 2017, une minorité musulmane persécutée dans un pays à majorité bouddhiste. Aujourd’hui, près d’une décennie plus tard, la justice internationale s’apprête à examiner en profondeur ces événements tragiques.

Une étape décisive devant la Cour internationale de justice

La plus haute instance judiciaire des Nations Unies a annoncé que des audiences cruciales se tiendront en janvier 2026. Du 12 au 29 précisément, les juges de La Haye vont plonger au cœur d’une affaire qui pèse lourd dans l’histoire récente des droits humains.

Cette procédure oppose la Gambie à la Birmanie, accusée d’avoir violé la Convention sur le génocide de 1948. Initiée en 2019, l’action en justice vise à établir si les opérations militaires de 2017 constituent bel et bien un génocide.

Ces audiences marquent le passage aux débats de fond, après des années de procédures préliminaires. Les deux parties vont présenter leurs arguments détaillés, et un expert sera entendu pour éclairer les magistrats.

Le contexte dramatique de 2017

Retour en arrière. En 2017, une offensive militaire massive a été lancée dans l’État de Rakhine, région où vivent traditionnellement les Rohingyas. Cette opération, présentée comme une réponse à des attaques contre des postes de police, a rapidement dégénéré.

Des villages entiers ont été incendiés. Des témoignages font état de massacres, de viols systématiques et d’exécutions sommaires. L’armée birmane et des milices locales ont été pointées du doigt pour ces exactions.

Le résultat humain est effarant : plus d’un million de personnes ont traversé la frontière pour trouver refuge au Bangladesh, où elles vivent encore aujourd’hui dans des conditions précaires.

Ces camps de fortune sont devenus les plus grands du monde, abritant une population entière déracinée. Les conditions sanitaires et alimentaires y restent critiques, malgré l’aide internationale.

La position de la Gambie et ses exigences

Pourquoi la Gambie, un petit pays d’Afrique de l’Ouest, a-t-elle pris l’initiative de cette plainte ? Elle agit au nom de la communauté internationale et de l’Organisation de la coopération islamique, considérant que la Convention sur le génocide impose à tous les États signataires le devoir de prévenir et punir ce crime.

Les demandes de Banjul sont claires et précises. La Cour est invitée à déclarer que la Birmanie a manqué à ses obligations internationales. Elle exige également la cessation immédiate de tout acte illicite.

Mais cela ne s’arrête pas là. La Gambie réclame des réparations complètes pour les victimes et des garanties solides que de tels actes ne se reproduiront jamais.

Des assurances et des garanties de non-répétition sont indispensables pour restaurer un minimum de confiance.

Ces mesures visent à protéger durablement la minorité rohingya, qu’elle se trouve encore en Birmanie ou en exil.

Les mesures provisoires déjà ordonnées

Dès janvier 2020, la Cour avait pris une décision importante. Elle avait ordonné à la Birmanie de tout mettre en œuvre pour prévenir tout acte de génocide contre les Rohingyas.

Cette injonction visait à protéger la population restante dans l’État de Rakhine, estimée à environ 600 000 personnes. Elle imposait également la préservation de toutes les preuves liées aux événements de 2017.

Ces mesures conservatoires restent en vigueur et constituent une reconnaissance précoce de la gravité des allégations portées par la Gambie.

Le rôle historique d’Aung San Suu Kyi

Fin 2019, lors des premières audiences, une figure emblématique avait défendu la Birmanie devant les juges. Aung San Suu Kyi, alors dirigeante de fait du pays et Prix Nobel de la Paix, avait personnellement plaidé la cause de son nation.

Sa présence avait marqué les esprits. Celle qui avait été célébrée pour sa lutte pacifique contre la dictature militaire se retrouvait à nier les accusations de génocide.

Depuis, le paysage politique birman a radicalement changé. Le coup d’État militaire de février 2021 a renversé le gouvernement civil et placé Aung San Suu Kyi en détention.

Aujourd’hui, c’est la junte militaire qui représente la Birmanie dans cette procédure internationale.

La situation actuelle des Rohingyas

Plus de sept ans après les événements, la crise humanitaire perdure. Au Bangladesh, les camps surpeuplés font face à des défis constants : inondations, maladies, manque de perspectives.

Les tentatives de rapatriement ont échoué, faute de conditions de sécurité et de citoyenneté garanties en Birmanie. Les Rohingyas restent apatrides, privés de droits fondamentaux dans leur pays d’origine.

Dans l’État de Rakhine, ceux qui sont restés vivent sous forte restriction de mouvement et d’accès aux services essentiels.

  • Plus d’un million de réfugiés au Bangladesh
  • Environ 600 000 Rohingyas encore en Birmanie
  • Conditions de vie précaires dans les camps
  • Aucune perspective de retour volontaire et digne

Les spécificités des audiences à venir

Les sessions de janvier 2026 seront particulièrement intenses. Outre les plaidoiries des délégations gambienne et birmane, un expert indépendant sera entendu.

Des témoignages de témoins auront également lieu, mais à huis clos pour protéger leur identité et leur sécurité.

Cette confidentialité est cruciale, compte tenu de la sensibilité du sujet et des risques encourus par ceux qui acceptent de parler.

La Cour internationale de justice : pouvoir et limites

Créée en 1946, la CIJ règle les différends entre États. Ses arrêts sont contraignants, sans possibilité d’appel.

Cependant, elle ne dispose d’aucun mécanisme d’exécution. L’application de ses décisions dépend de la bonne volonté des États et, éventuellement, du Conseil de sécurité des Nations Unies.

Cette limite structurelle rend chaque jugement symboliquement fort, mais pratiquement incertain dans son effet immédiat.

Néanmoins, une déclaration de responsabilité pour génocide aurait un impact historique majeur sur la Birmanie et sur la protection des minorités dans le monde.

Pourquoi cette affaire dépasse les frontières

Le cas des Rohingyas illustre les défis contemporains du droit international. Comment protéger une population persécutée quand l’État responsable nie les faits ?

La mobilisation de la Gambie montre qu’un petit État peut défendre une cause universelle. Elle rappelle que la prévention du génocide est une obligation collective.

Cette procédure pourrait créer des précédents importants pour d’autres situations de crise à travers le monde.

Les regards seront tournés vers La Haye en janvier 2026. Les débats promettent d’être denses, les enjeux immenses. Une page de l’histoire des droits humains est en train de s’écrire, lentement mais sûrement.

Derrière les arguments juridiques se trouvent des vies brisées, des familles séparées, une communauté entière en attente de reconnaissance et de justice. L’espoir, même ténu, persiste que le droit international puisse offrir une forme de réparation.

Plus d’un million de personnes attendent encore que justice soit rendue pour les atrocités subies. Les audiences de 2026 pourraient marquer un tournant décisif dans cette longue quête de vérité et de responsabilité.

Le monde observe. Les victimes espèrent. La Cour délibérera. Et quel que soit l’arrêt final, cette affaire restera gravée comme un test majeur pour la justice internationale face aux crimes les plus graves contre l’humanité.

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