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Au procès de Nemmouche, les otages de Daesh hantés par leur geôlier

À Paris, le procès de Mehdi Nemmouche voit s'opposer d'ex-otages de Daesh affirmant qu'il était leur geôlier sadique en Syrie, et l'accusé niant en bloc. Sa défense remet en cause leurs accusations mais...

C’est un face à face tendu qui se joue actuellement devant la cour d’assises spéciale de Paris. D’un côté, d’anciens otages de l’organisation État islamique, rescapés des geôles syriennes, viennent témoigner sans l’ombre d’un doute : l’homme dans le box, Mehdi Nemmouche, était l’un de leurs tortionnaires là-bas. En face, l’accusé nie farouchement avoir été ce geôlier sadique et compte bien le prouver.

Une défense offensive pour décrédibiliser des témoignages accablants

Pour Mehdi Nemmouche et son avocat Me Francis Vuillemin, la stratégie est claire : remettre en cause frontalement la parole des parties civiles. Quitte à brusquer les ex-otages, pourtant catégoriques dans leur identification et dont les déclarations concordent avec les éléments du dossier.

Me Vuillemin prévient ainsi un témoin à la barre, sur un ton théâtral : « Ah vous levez pas là, parce que vous allez péter les plombs avec les questions d’après ! » Une attitude provocatrice qui fait bondir les avocats des parties civiles. Dans la salle, l’ancien otage Nicolas Hénin fixe Nemmouche et fulmine.

Tortures « institutionnalisées » et violences « gratuites »

À la barre, un enquêteur décrit l’enfer qu’ont vécu les otages occidentaux aux mains de l’EI en 2013-2014 :

Des violences institutionnalisées pour briser les otages, les détruire psychologiquement et physiquement. Et à côté, des individus sadiques qui profitent de cette détention pour exercer des violences gratuites, avec une imagination sans limite pour la torture.

Les parties civiles ont décrit leur geôlier « Abou Omar », identifié comme étant Nemmouche, comme un homme « pervers », « imprévisible », prenant plaisir à des séances de tortures nocturnes sur les détenus syriens.

« Je vous le démontrerai ! » : Nemmouche campe sur ses dénégations

Face à ces accusations, Mehdi Nemmouche reste impassible dans son box. Interrogé, il maintient ne jamais avoir été le geôlier « Abou Omar ». Une thèse de la défense qui peine à convaincre. Pour son avocat, les ex-otages auraient « fabriqué » ce personnage, « concentré de plusieurs » tortionnaires.

« Je vous le démontrerai ! », martèle Me Vuillemin, remettant en cause les choix d’enquête comme l’absence de confrontation physique ou vocale avec son client. Des questions auxquelles Nemmouche esquive en invoquant le « secret défense ».

Colère des parties civiles face à une ligne de défense provocatrice

Cette posture accusatrice de la défense passe mal du côté des parties civiles. « C’est lui, c’est sûr que c’est lui ! », s’emporte un ex-otage espagnol à l’adresse de Nicolas Hénin pendant une suspension. La tension est palpable alors que s’annoncent les interrogatoires au fond de Nemmouche la semaine prochaine.

Si l’accusé a fini par sortir de son mutisme pour nier avoir été un geôlier de Daesh, il n’a pas encore livré sa version des faits sur son séjour syrien. Un face à face intense se profile avec les ex-otages déterminés à ce que leur bourreau soit reconnu et condamné. La cour d’assises devra trancher ce débat de paroles entre bourreaux et victimes.

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