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Au Bangladesh, les minorités religieuses craignent pour leur sécurité

Depuis la révolution d'août au Bangladesh, les minorités religieuses, notamment hindoue et soufie, subissent des attaques malgré les appels au calme du gouvernement intérimaire. La situation reste tendue et...

Depuis des générations, un petit temple hindou près de Dacca était un havre de paix dans le Bangladesh majoritairement musulman. Mais début décembre, ce lieu de culte a été la cible d’un incendie criminel, symbole des tensions religieuses qui minent le pays depuis la révolution du 5 août dernier. Cette vague de violence a vu des extrémistes islamistes s’en prendre aussi bien aux minorités hindoues qu’à des sanctuaires soufis musulmans.

Une minorité hindoue prise pour cible

Représentant environ 8% de la population du Bangladesh, les hindous ont subi une série de représailles suite à l’éviction de la Première ministre Sheikh Hasina en août. Le petit village de Dhour, à une quinzaine de kilomètres de la capitale Dacca, en est un triste exemple. Le 7 décembre, des assaillants ont mis le feu au temple de la déesse Lakshmi en s’introduisant par le toit en tôle pour éviter les caméras de surveillance. Selon le gardien du temple Ratan Kumar Ghosh, 55 ans, sans l’intervention rapide de son fils « le temple et nous aurions été réduits en cendres ».

Considérés comme des soutiens au régime autocratique de Sheikh Hasina, les hindous sont devenus des cibles pour ses opposants. D’après le défenseur des droits Abu Ahmed Faijul Kabir, « si on analyse la dernière décennie, il n’y a pas eu une seule année sans attaques contre les minorités ». Son organisation Ain o Salish Kendra a enregistré 118 incidents violents visant les hindous de janvier à novembre 2023, avec un pic de 63 attaques en août, dont deux morts.

Appels au calme et tensions persistantes

Face à cette situation, le gouvernement intérimaire bangladais a appelé au calme et promis de renforcer la sécurité. Il a notamment critiqué les médias indiens pour avoir relayé de fausses informations sur le statut des hindous au Bangladesh. Dacca s’est ainsi dit choqué par l’appel de la ministre en chef du Bengale-Occidental, un État indien voisin, à déployer des casques bleus de l’ONU dans le pays pour protéger les minorités.

Malgré tout, les tensions persistent. En novembre, des heurts se sont produits entre hindous et forces de sécurité suite à l’assassinat d’un avocat lors d’affrontements autour de l’incarcération d’un moine hindou accusé d’outrage au drapeau. Après des années de répression, les islamistes se sentent aussi plus libres de manifester, s’en prenant au passage à l’Inde accusée de propager la haine envers le Bangladesh.

Un dialogue inter-religieux à construire

Pour sortir de ce cycle de violences, Muhammad Yunus, chef du gouvernement intérimaire, a appelé au dialogue. Mais selon Sukomol Barua, professeur de religion à l’université de Dacca, il faudrait aller plus loin avec des « entretiens réguliers entre le chef de l’État et les responsables religieux pour favoriser la compréhension ». Un avis partagé par Sumon Roy de l’association des avocats hindous. Pour lui, les hindous ont été « utilisés » et « menacés » par tous les partis politiques. « Ce cycle doit cesser », conclut-il.

Sans une véritable politique d’apaisement et de dialogue inter-religieux, les minorités du Bangladesh risquent de continuer à vivre dans la peur, prises en étau dans les luttes de pouvoir qui secouent le pays depuis la révolution. Un défi majeur pour le gouvernement intérimaire qui doit ramener la paix civile tout en répondant aux aspirations démocratiques du peuple bangladais.

Malgré tout, les tensions persistent. En novembre, des heurts se sont produits entre hindous et forces de sécurité suite à l’assassinat d’un avocat lors d’affrontements autour de l’incarcération d’un moine hindou accusé d’outrage au drapeau. Après des années de répression, les islamistes se sentent aussi plus libres de manifester, s’en prenant au passage à l’Inde accusée de propager la haine envers le Bangladesh.

Un dialogue inter-religieux à construire

Pour sortir de ce cycle de violences, Muhammad Yunus, chef du gouvernement intérimaire, a appelé au dialogue. Mais selon Sukomol Barua, professeur de religion à l’université de Dacca, il faudrait aller plus loin avec des « entretiens réguliers entre le chef de l’État et les responsables religieux pour favoriser la compréhension ». Un avis partagé par Sumon Roy de l’association des avocats hindous. Pour lui, les hindous ont été « utilisés » et « menacés » par tous les partis politiques. « Ce cycle doit cesser », conclut-il.

Sans une véritable politique d’apaisement et de dialogue inter-religieux, les minorités du Bangladesh risquent de continuer à vivre dans la peur, prises en étau dans les luttes de pouvoir qui secouent le pays depuis la révolution. Un défi majeur pour le gouvernement intérimaire qui doit ramener la paix civile tout en répondant aux aspirations démocratiques du peuple bangladais.

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