Le Pakistan est de nouveau endeuillé par un attentat visant la campagne de vaccination contre la poliomyélite. Vendredi, dans la ville de Mastung au Baloutchistan, une bombe a explosé à proximité d’un véhicule de police escortant le personnel médical, faisant sept victimes dont un officier et cinq fillettes selon des sources policières. Un commerçant figure également parmi les personnes tuées.
Cet attentat intervient au cœur d’une recrudescence de cas de polio dans le pays. Depuis le début de l’année, au moins 41 enfants ont été infectés, un chiffre en forte hausse comparé aux trois années précédentes. Face à cette situation préoccupante, les autorités ont lancé lundi une vaste campagne visant à vacciner 45 millions d’enfants en une semaine, mobilisant plus de 400 000 personnes.
Un Travail De Terrain Périlleux Pour Les Vaccinateurs
Mais le travail de ces équipes est semé d’embûches et de dangers. Les agents font du porte-à-porte pour tenter de convaincre des familles souvent réticentes de laisser leurs enfants recevoir le vaccin oral en deux doses. Ils sont régulièrement la cible d’attaques violentes, comme en témoigne le lourd bilan depuis janvier : 16 vaccinateurs ou policiers ont perdu la vie, déclenchant même un mouvement de grève des forces de l’ordre en septembre.
Le ministre de l’Intérieur Mohsin Naqvi a vigoureusement condamné cet acte « brutal » visant « des enfants innocents » et promis de traquer les responsables. Mais à ce stade, aucune revendication n’a été faite. Certains pointent du doigt la recrudescence des attaques des talibans pakistanais à la frontière afghane, mais sans certitude pour l’heure.
Le Pakistan Et l’Afghanistan, Derniers Foyers De La Polio
Le Pakistan fait partie avec l’Afghanistan des deux seuls pays au monde où la poliomyélite reste endémique. Malgré des progrès notables ces dernières années, le virus, hautement infectieux, continue de circuler. Transmis par les eaux usées et contaminées, il s’attaque principalement aux jeunes enfants, pouvant provoquer paralysie, déformation voire décès.
Un minimum de deux doses de vaccin oral prises de façon distinctes sont nécessaires pour interrompre la transmission du poliovirus
L’Organisation mondiale de la santé (OMS)
Selon l’OMS, il faut qu’au moins 90% des enfants de moins de 10 ans soient vaccinés dans une communauté donnée pour casser les chaînes de contamination. Un objectif ambitieux alors que la défiance envers la vaccination reste forte, alimentée par des théories complotistes. Certains voient les campagnes anti-polio comme une ingérence occidentale.
Une Mobilisation Massive Pour Éradiquer La Maladie
Pourtant, le Pakistan ne ménage pas ses efforts. En plus des campagnes régulières, le gouvernement a mis en place un système de surveillance pour détecter rapidement tout nouveau cas. Des équipes d’intervention rapide sont déployées pour vacciner en urgence les communautés touchées et empêcher la propagation.
Cette mobilisation massive a permis des avancées significatives ces dernières années avec une baisse constante du nombre de cas. Mais les attaques sanglantes comme celle de vendredi fragilisent ces progrès durement acquis. Chaque enfant non vacciné représente un risque de résurgence de cette maladie invalidante.
Au-delà des aspects sanitaires, c’est toute la stabilité et le développement du pays qui sont menacés. La persistance de la polio entretient la pauvreté et les inégalités en affectant durablement la santé des populations les plus vulnérables. Un fardeau humain et économique que le Pakistan n’a pas les moyens de supporter.
Cet attentat meurtrier rappelle douloureusement l’ampleur du défi à relever. Pour venir à bout de ce fléau, il faudra non seulement poursuivre et intensifier les efforts de vaccination, mais aussi s’attaquer aux racines de l’extrémisme qui met en péril ce combat crucial pour la santé publique. Un immense chantier qui appelle une mobilisation de tous les instants, au Pakistan comme dans la communauté internationale.