La nuit du réveillon a viré au cauchemar dans les rues bondées de La Nouvelle-Orléans. Vers minuit, une camionnette blanche a foncé à pleine vitesse sur la foule festive de Bourbon Street, faisant au moins 15 morts et des dizaines de blessés. Le conducteur, abattu par la police, a été identifié comme étant Shamsud-Din Jabbar, 42 ans, un homme sans histoire jusqu’ici.
Mais l’enquête a rapidement révélé des liens troublants avec l’État islamique. Un drapeau du groupe terroriste a été retrouvé dans le véhicule, ainsi que des explosifs. Quelques heures avant son passage à l’acte, Jabbar avait publié des vidéos évoquant son inspiration djihadiste et un « désir de tuer » selon le président Joe Biden.
Un profil en apparence discret
Pourtant, rien dans le parcours de cet ancien militaire ne laissait présager un tel acte. Né au Texas, décrit comme « intelligent et attentionné » par ses proches, Shamsud-Din Jabbar s’était converti jeune à l’islam. Après l’armée, qu’il a quittée avec les honneurs en 2015, il s’était reconverti comme gestionnaire immobilier.
Mais l’homme avait visiblement basculé dans la radicalisation ces dernières années, devenant « vraiment intense quant à sa foi » selon un ami. Son site Internet professionnel vantait encore récemment ses compétences de l’armée mises au service de l’immobilier.
Une attaque minutieusement préparée
L’attentat de Bourbon Street ne serait pas un acte isolé. D’après une source proche de l’enquête, des vidéos surveillances montreraient Jabbar accompagné de trois hommes et une femme en train de poser des explosifs dans le quartier peu avant l’attaque. Une véritable chasse à l’homme est en cours pour retrouver ces complices.
La violence de l’attaque et le profil très inséré du suspect ont créé un vif émoi aux États-Unis. Certains, comme l’ancien président Donald Trump, y voient la preuve d’un laxisme migratoire, bien que Jabbar soit né Américain. Le pays se retrouve une nouvelle fois confronté à la menace du terrorisme sur son sol.
L’État islamique revendique et menace
Dans un message diffusé ce matin, l’EI a salué son « soldat » Shamsud-Din Jabbar et revendiqué l’attaque, menaçant « l’Amérique croisée » de nouveaux attentats sur son territoire. Un défi lancé aux autorités alors que le groupe était donné pour quasi vaincu après avoir perdu son « califat » en Syrie et en Irak.
L’enquête devra déterminer comment cet ancien militaire sans histoires a pu se transformer en terroriste, préparer son attaque et nouer des liens avec l’EI sans éveiller l’attention. Des questions qui touchent à la radicalisation « maison » et aux failles sécuritaires, alors que le spectre du 11-Septembre ressurgit dans une Amérique traumatisée.
« Le chemin de Shamsud-Din Jabbar montre qu’il n’existe pas de profil type du terroriste et que la menace peut surgir là où on l’attend le moins. »
– Un expert en terrorisme
En quelques minutes, le réveillon festif a viré au bain de sang à La Nouvelle-Orléans, rouvrant les plaies jamais refermées du terrorisme aux États-Unis. Au-delà du lourd bilan humain, l’attaque de Bourbon Street soulève des questions profondes sur la persistance de la menace islamiste et la contre-attaque à mener.