Le sud-ouest du Pakistan a une nouvelle fois été frappé par la violence ce samedi. Selon des responsables locaux, au moins six personnes, dont des paramilitaires, ont perdu la vie et plus de 25 autres ont été blessées dans un attentat à la bombe visant un bus des troupes du Frontier Corps près de la ville de Turbat, dans la province instable du Baloutchistan.
D’après une source policière, l’attaque s’est produite alors que le véhicule transportait des soldats de Karachi vers Turbat. L’explosion est survenue à environ sept kilomètres à l’ouest de la ville, faisant de nombreuses victimes parmi les militaires et les civils. Un responsable sécuritaire a indiqué qu’il s’agissait vraisemblablement d’un attentat suicide ciblant spécifiquement le convoi paramilitaire.
Revendication des séparatistes baloutches
La responsabilité de cet acte meurtrier a rapidement été revendiquée par l’Armée de libération du Baloutchistan (ALB), un groupe séparatiste actif dans la région. Son porte-parole, Jeeyand Baloch, a affirmé que l’attaque visait délibérément un convoi de l’armée pakistanaise. L’ALB est coutumière de ce type d’actions violentes contre les forces de sécurité et les Pakistanais originaires d’autres provinces, en particulier les Pendjabis, qu’elle accuse d’exploiter les ressources du Baloutchistan.
Une région en proie à l’instabilité
Cet attentat survient dans un contexte de forte recrudescence des violences au Pakistan ces derniers mois, tout spécialement au Baloutchistan et dans la province voisine de Khyber Pakhtunkhwa. Rien qu’en 2024, l’armée a rapporté la mort de 383 soldats et de 925 combattants séparatistes lors de divers affrontements, témoignant de l’intensité du conflit qui mine la région depuis des décennies.
Les séparatistes baloutches s’en prennent régulièrement aux intérêts économiques, notamment les projets énergétiques financés par des investisseurs étrangers. Ils dénoncent une mise à l’écart des populations locales et un pillage des richesses de cette province, l’une des plus pauvres du pays malgré son sous-sol prometteur.
Des attaques de plus en plus meurtrières
La violence des groupes armés baloutches a pris un tour particulièrement sanglant ces derniers mois. En novembre, un attentat à la bombe dans la gare principale de Quetta, la capitale provinciale, avait fait au moins 26 morts dont 14 militaires. Trois mois auparavant, en août, des attaques coordonnées revendiquées par l’ALB avaient coûté la vie à 39 personnes, l’un des bilans les plus lourds jamais enregistrés.
Face à cette situation explosive, les autorités pakistanaises peinent à ramener le calme et la stabilité au Baloutchistan. L’armée mène régulièrement des opérations contre les camps des rebelles, mais sans parvenir à éradiquer un mouvement séparatiste qui s’alimente du ressentiment d’une population s’estimant délaissée et spoliée. Tant que les racines politiques, économiques et sociales du conflit ne seront pas sérieusement prises en compte, la spirale des violences risque hélas de se poursuivre dans cette région tourmentée du Pakistan.
