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Attentat Islamiste à Paris : Déchéance de Nationalité pour le Terroriste

Dix mois après l'attentat meurtrier près de la Tour Eiffel, le terroriste Armand Rajabpour-Miyandoab a été déchu de sa nationalité française. Retour sur cette affaire qui a secoué Paris et sur le parcours troublant de l'assaillant, en lien avec plusieurs jihadistes notoires.

Dix mois après l’attaque au couteau qui a fait un mort et deux blessés près de la Tour Eiffel, le terroriste franco-iranien Armand Rajabpour-Miyandoab, 27 ans, a été déchu de sa nationalité française par décret publié au Journal officiel vendredi. Cette mesure, prise pour la 23e fois cette année, vient clore un chapitre douloureux qui avait plongé Paris dans la stupeur en décembre dernier.

Retour sur un attentat qui a endeuillé Paris

La soirée du samedi 2 décembre 2023 avait basculé dans l’horreur quand Armand Rajabpour-Miyandoab, né à Neuilly-sur-Seine en 1997, avait sauvagement attaqué à l’arme blanche plusieurs personnes à proximité du célèbre monument parisien. Un jeune touriste germano-philippin avait succombé à ses blessures, et deux autres personnes avaient été blessées dans l’assaut meurtrier.

Poursuivi par des policiers, le suspect avait fui vers le 16e arrondissement en proférant des menaces d’explosifs, avant d’être finalement interpellé avenue du Parc de Passy après usage du Taser. Il avait alors crié “Allah Akbar” et affirmé avoir agi par vengeance, ne supportant plus que “des musulmans meurent en Afghanistan et en Palestine”.

Des victimes meurtries à jamais

Collin, le touriste germano-philippin tué à 23 ans, laisse une compagne “choquée” derrière lui, selon les mots du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Melvyn, un touriste anglais frappé à l’œil au marteau, et Thierry, également blessé, porteront à vie les stigmates de cette nuit d’effroi. Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a souligné “l’immense traumatisme psychologique” subi par les victimes et leurs proches.

Un parcours jihadiste déjà connu des services

L’enquête a vite révélé qu’Armand Rajabpour-Miyandoab, de son vrai prénom Iman avant 2003, était loin d’être un inconnu pour les services antiterroristes. Déjà arrêté en juillet 2016 pour un projet d’action violente à La Défense, il avait été condamné à 5 ans de prison dont un avec sursis pour association de malfaiteurs terroriste. Libéré en 2020, il était resté en lien jusqu’à cette date avec plusieurs jihadistes et auteurs d’attentats notoires :

  • Adel Kermiche, assassin du père Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray en 2016
  • Larossi Aballa, meurtrier d’un couple de policiers à Magnanville la même année
  • Il avait aussi retweeté Abdoullakh Anzorov, terroriste tchétchène qui a décapité Samuel Paty en octobre 2020

Malgré plusieurs signalements, dont un par sa propre mère quelques semaines avant le drame, le Franco-Iranien était passé sous les radars. Une demande de perquisition de la DGSI à son domicile avait même été refusée en octobre 2020 par la justice.

Une posture ambiguë et une “Taqiya” déroutante

Au cœur des interrogations : la posture déroutante adoptée par le terroriste après sa libération. Dénonçant le terrorisme et “ceux qui hurlent à l’islamophobie”, affirmant “ne plus croire aux miracles du Coran”, Armand R. avait endossé un discours en apparence modéré, voire repenti. Une attitude que certains assimilent désormais à de la “Taqiya”, cette pratique consistant à dissimuler sa foi sous couvert de tromperie.

Après son arrestation, il a dit qu’il ne pouvait plus supporter que des musulmans meurent tant en Afghanistan qu’en Palestine.

– Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur

Lors de sa garde à vue, Armand Rajabpour-Miyandoab a pourtant pleinement revendiqué son geste, assumant avoir agi par vengeance. Décrit comme “froid, clinique et désincarné”, il apparaît désormais comme un loup solitaire ayant joué un double jeu pour mieux frapper en plein cœur de Paris.

Renforcer les outils de prévention et de surveillance

Cet attentat, le 36e déjoué ou réussi depuis 2017 selon Gérald Darmanin, soulève une nouvelle fois la question de la surveillance des individus fichés pour radicalisation et de la prévention des passages à l’acte. Des voix s’élèvent pour renforcer les outils de renseignement et étendre les motifs de déchéance de nationalité, afin de prévenir de nouveaux drames.

La déchéance de nationalité prononcée contre le terroriste de la Tour Eiffel, la 23e depuis janvier, s’inscrit dans ce contexte de fermeté accrue. 50 procédures de ce type ont été engagées depuis 2019 contre des individus condamnés pour actes de terrorisme. Une réponse judiciaire qui ne suffira pas, à elle seule, à refermer les plaies béantes laissées par cette énième attaque islamiste sur le sol français.

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