Alors que le procès de l’attentat perpétré devant les anciens locaux de Charlie Hebdo touche à sa fin, l’heure est aux réquisitions. Ce mardi 21 janvier, le parquet a réclamé une peine de 30 ans de réclusion criminelle assortie d’une période de sûreté des deux tiers à l’encontre de l’assaillant, Zaheer Mahmood. L’homme de 29 ans, qui encourt la perpétuité, est jugé depuis le 6 janvier par la Cour d’assises spéciale de Paris pour avoir attaqué deux personnes à la feuille de boucher rue Nicolas Appert le 25 septembre 2020, devant les anciens bureaux de l’hebdomadaire satirique.
Une « violence inouïe » dénoncée par le ministère public
Lors d’un réquisitoire à deux voix qui a duré trois heures, les avocats généraux ont insisté sur la gravité de l’acte commis par Zaheer Mahmood. Selon le ministère public, l’assaillant s’est rendu rue Nicolas Appert « avec la ferme intention de décapiter des blasphémateurs ». « Ce sont leur nuque et leur visage qu’il a visés dans une violence inouïe », a martelé l’un des magistrats, soulignant que cette artère parisienne était déjà « un lieu hanté par la barbarie » depuis l’attentat meurtrier contre Charlie Hebdo le 7 janvier 2015.
Des peines sévères requises contre les co-accusés
Au-delà de la lourde peine réclamée contre Zaheer Mahmood, le parquet a également requis des peines allant de 3 à 13 ans de réclusion à l’encontre des cinq autres accusés, âgés de 21 à 25 ans. Tous de nationalité pakistanaise, ils comparaissent pour avoir « motivé et soutenu » l’assaillant dans son projet. Selon les avocats généraux, « ils se sont pleinement inscrits dans le chemin de haine tracé par Zaheer Mahmood et ont participé à l’engrenage terroriste ».
Le traumatisme indélébile des victimes
Plus tôt dans la journée, les avocats des deux victimes de l’attaque, désignées sous les prénoms d’emprunt Paul et Hélène, ont longuement décrit le calvaire enduré par leurs clients. Employés de la société de production Premières Lignes installée dans l’immeuble de Charlie Hebdo, les deux jeunes gens ont été surpris par Zaheer Mahmood alors qu’ils fumaient une cigarette devant leur lieu de travail. L’assaillant leur a porté de multiples coups de feuille de boucher d’une extrême violence.
« Paul ne se trouvait pas au mauvais endroit au mauvais moment. Il était là où il devait être, un vendredi matin banal, à fumer une cigarette. C’est bien Zaheer Mahmood qui n’avait strictement rien à faire là. »
– Me Alexia Leveillé Nizerolle, avocate de Paul
Grièvement blessé, Paul a subi un traumatisme crânien, des lésions cérébrales et de multiples fractures au visage. Plongé dans le coma pendant deux semaines, il a dû endurer 275 jours d’hospitalisation et deux ans de rééducation. Hélène, touchée à quatre reprises, souffre quant à elle d’un état de stress post-traumatique invalidant. Quatre ans après les faits, la jeune femme serait « restée coincée rue Nicolas Appert », selon son avocate Me Maud Sobel.
Un verdict très attendu
Au terme de trois semaines d’audience, Zaheer Mahmood et ses co-accusés doivent être fixés sur leur sort jeudi 23 janvier. Les victimes et leurs proches attendent une condamnation exemplaire, à la hauteur de la souffrance endurée depuis ce vendredi noir de septembre 2020. Paul et Hélène, ces « rescapés, échappés, survivants pour toujours » selon les mots de leurs conseils, espèrent que la justice saura sanctionner avec la plus grande fermeté l’insoutenable « violence » et la « barbarie » subies il y a quatre ans.