Le soir du vendredi 22 décembre, la quiétude du marché de Noël de Magdebourg a été brutalement brisée. Vers 19h, un véhicule a foncé dans la foule, faisant cinq victimes âgées de 9 à 75 ans et de nombreux blessés. Quelques heures plus tard, les forces de l’ordre interpellaient le suspect, Taleb A., un psychiatre saoudien de 50 ans installé en Allemagne depuis 2006.
Un « loup solitaire » aux motivations troubles
Décrit comme un « loup solitaire » par le chef du gouvernement régional Reiner Haseloff, Taleb A. se revendiquait « islamophobe » sur les réseaux sociaux. Cet opposant au régime saoudien y critiquait vertement les autorités allemandes, leur reprochant leur manque de soutien aux Saoudiens fuyant leur pays pour des motifs religieux ou politiques, tout en se montrant selon lui trop généreuses envers les réfugiés musulmans.
Un profil inquiétant connu des autorités
Dès 2019, Taleb A. déclarait dans une interview être « le critique le plus agressif de l’islam de l’histoire », affirmant sans ambages que « le bon islam n’existe pas ». Un discours radical doublé d’un tempérament explosif : en février dernier, il avait provoqué un esclandre dans un commissariat berlinois. Des éléments qui auraient dû alerter, estime Riyad. L’Arabie saoudite affirme en effet avoir mis en garde l’Allemagne à trois reprises sur la dangerosité de cet individu.
Mise en examen et détention provisoire
Mis en examen pour « meurtre, tentative de meurtre et coups et blessures graves », Taleb A. a été placé en détention provisoire samedi soir. Le parquet de Magdebourg avait rapidement requis un mandat d’arrêt à son encontre après son interpellation musclée, filmée par de nombreux passants.
Il s’agit d’une personne psychologiquement perturbée.
Taha al-Hajji, Organisation euro-saoudienne pour les droits de l’homme (ESOHR)
Des zones d’ombre persistent
Si le mobile terroriste est privilégié, d’autres pistes ne sont pas écartées à ce stade. Le parcours chaotique de Taleb A., entre engagement contre le régime saoudien et dérive islamophobe, interroge. Son profil psychologique instable pourrait aussi avoir joué un rôle, avance prudemment Taha al-Hajji, de l’ESOHR. Autant de zones d’ombre que devra éclaircir l’enquête, alors que l’Allemagne s’apprête à enterrer les victimes de ce drame qui endeuille le pays à quelques jours de Noël.