La France s’est réveillée sous le choc ce samedi matin après l’annonce d’un attentat antisémite perpétré à La Grande-Motte, dans l’Hérault. Peu avant 8h30, une violente explosion a secoué les abords de la synagogue Beth Yaacov, soufflant les vitres et endommageant la façade de l’édifice religieux. Selon les premiers éléments de l’enquête, confiée au Parquet national antiterroriste (PNAT), au moins un individu aurait délibérément incendié deux véhicules garés devant le lieu de culte, dont l’un chargé d’une bouteille de gaz.
Fort heureusement, ce qui aurait pu se transformer en tragédie a été évité grâce à l’intervention rapide des forces de l’ordre et des secours. Cinq fidèles se trouvaient dans la synagogue au moment des faits, en ce jour de shabbat, mais aucun n’a été blessé. En revanche, un policier a été légèrement touché par le souffle de l’explosion et hospitalisé. Les images de vidéosurveillance ont permis d’identifier un suspect, activement recherché. Vêtu d’un keffieh et enroulé dans un drapeau palestinien, l’homme est en fuite.
Darmanin et Attal sur place, les autorités condamnent un “acte odieux”
Très vite après l’annonce de l’attaque, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal se sont rendus à La Grande-Motte pour rencontrer les responsables de la communauté juive locale et leur témoigner le soutien du gouvernement. Sur place, Gabriel Attal n’a pas mâché ses mots :
Nous avons échappé à un drame absolu. D’après les premiers éléments, l’individu était extrêmement déterminé. S’il y avait eu des fidèles, il y aurait eu des victimes.
– Gabriel Attal, Premier ministre démissionnaire
Le chef du gouvernement sortant a salué “l’héroïsme” et “la très grande réactivité” des forces de l’ordre, qui ont permis d’éviter le pire. Tout en se disant “révolté” par cet énième acte antisémite – en hausse constante ces derniers mois – il a appelé à l’unité nationale “par-delà les clivages politiques” pour lutter contre la haine anti-juive.
200 policiers et gendarmes déployés pour retrouver le suspect
De son côté, Gérald Darmanin a annoncé le déploiement de 200 membres des forces de l’ordre pour traquer l’auteur présumé de l’attaque, dont le mode opératoire rappelle celui utilisé lors de précédents attentats antisémites. Le PNAT, qui s’est saisi de l’enquête, explore la piste terroriste. Un large périmètre de sécurité a été établi autour de la synagogue, que la police scientifique passe au peigne fin pour récolter des indices.
Dans un tweet, Emmanuel Macron a lui aussi condamné “avec la plus grande fermeté l’attaque odieuse” de La Grande-Motte, assurant la communauté juive de son “soutien indéfectible”. “La lutte contre l’antisémitisme est un combat de chaque instant”, a martelé le chef de l’État. Les réactions indignées se sont multipliées dans la classe politique, toutes sensibilités confondues.
La communauté juive à nouveau endeuillée
Au sein de la communauté juive, c’est la consternation et la colère qui dominent. Régulièrement prise pour cible, elle peine à comprendre cet énième déchaînement de violence, qui ravive le souvenir douloureux de précédentes attaques. Interrogé par Le Figaro, Joël Mergui, président du Consistoire, a dit toute son émotion et appelé les pouvoirs publics à renforcer la protection des synagogues et écoles juives.
C’est un véritable traumatisme pour notre communauté. Nous avons besoin de nous sentir en sécurité lorsque nous pratiquons notre culte.
– Joël Mergui, président du Consistoire
Cet attentat survient dans un contexte de recrudescence des actes antisémites en France. Rien que la semaine dernière, deux événements ont choqué l’opinion : le tag “Hitler avait raison” dans le métro parisien, et la profanation de 90 tombes d’un cimetière juif en Alsace. Des actes qui ne cessent de se multiplier, sans que les réponses pénales ne semblent à la hauteur.
Une enquête complexe débute, la traque du suspect se poursuit
Si l’émotion est immense, c’est désormais une course contre la montre qui s’engage pour mettre la main sur le ou les auteurs de l’attaque de La Grande-Motte. Le ou les suspects sont activement recherchés par des centaines de policiers et gendarmes. Outre l’exploitation de la vidéosurveillance, de nombreux témoignages sont analysés pour tenter de reconstituer le fil des événements et le parcours de fuite emprunté.
Les enquêteurs devront également déterminer si l’auteur a agi seul ou bénéficié de complicités, s’il avait préparé son passage à l’acte de longue date et ciblé spécifiquement la synagogue de La Grande-Motte. Autant de questions auxquelles devra répondre une enquête qui s’annonce longue et complexe. En attendant, la communauté juive retient son souffle et espère des avancées rapides. Pour éviter un nouveau drame.
