La situation sécuritaire se dégrade dangereusement pour les transporteurs routiers nigériens circulant vers le Burkina Faso. Selon l’Union des travailleurs du transport et assimilés du Niger (UTTAN), les attaques perpétrées par des groupes jihadistes contre les convois de marchandises se multiplient, transformant cet axe en un véritable “calvaire” et “mouroir” pour les chauffeurs.
D’après une source proche du syndicat, la dernière attaque en date s’est produite le 31 octobre 2024 en territoire burkinabé, à quelques kilomètres de la ville nigérienne de Téra. Des images choquantes de camions en feu, alignés sur cette route tristement réputée, ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux.
Une crise diplomatique aux lourdes conséquences
Mais comment en est-on arrivé là ? L’origine de ce regain de violence remonterait à la fermeture de la frontière entre le Niger et le Bénin, suite à une brouille diplomatique. Niamey accuse en effet Cotonou d’abriter des bases militaires françaises où s’entraîneraient des jihadistes.
Privé de cet accès, le Niger s’est vu contraint de se tourner vers le port du Togo pour son approvisionnement. Un choix stratégique qui oblige désormais les transporteurs à traverser l’est du Burkina Faso, un territoire gangrené par les violences jihadistes depuis 2015.
Le Burkina Faso, épicentre du jihad dans le Sahel
Affiliés à Al-Qaïda ou à l’État islamique, de nombreux groupes armés sèment la terreur dans cette région du Sahel. Selon l’ONG Acled, leurs exactions ont déjà fait 26 000 morts parmi les civils et militaires burkinabés. Malgré les efforts des autorités de transition issues du dernier coup d’État, la situation sécuritaire reste plus que précaire.
Un “mouroir” pour les transporteurs nigériens
C’est dans ce contexte explosif que les chauffeurs routiers nigériens doivent s’aventurer au péril de leur vie. “Depuis plus d’un an, cette voie s’est transformée en un véritable calvaire, un mouroir”, déplore l’UTTAN. En plus des attaques meurtrières, les transporteurs rapportent subir “des tracasseries incessantes, des humiliations quotidiennes, des rackets et d’importantes pertes de temps”.
Excédé, le syndicat en appelle aux autorités de Niamey afin qu’elles “prennent des mesures immédiates et rigoureuses” pour sécuriser cet axe vital pour l’économie du pays. Il en va de la survie de toute une profession déjà fragilisée par la crise.
Cette tragédie met en lumière la fragilité des équilibres dans une région sous haute tension. Entre crise diplomatique et menace jihadiste, le Niger et ses voisins marchent sur un fil. Les transporteurs en subissent les conséquences au quotidien, pris en étau dans ce dangereux jeu de dominos géopolitique. Une situation intenable appelée à perdurer tant qu’une solution globale et concertée ne sera pas trouvée. D’ici là, chaque voyage relèvera d’une dangereuse loterie pour ces hommes de l’ombre, rouages essentiels des échanges dans le Sahel.