C’est un acte d’une violence inouïe qui a frappé l’Allemagne en ce vendredi 20 décembre. Alors que les fêtes de fin d’année battaient leur plein, un homme au volant d’un poids lourd a foncé délibérément sur la foule du marché de Noël de Magdebourg, dans l’est du pays. Le bilan est lourd : au moins 5 personnes ont perdu la vie et près de 200 autres ont été blessées, dont certaines grièvement.
Une scène de chaos et de panique
Il était environ 19h lorsque le drame s’est noué dans les allées bondées du marché de Noël installé sur la Alter Markt, la place centrale historique de Magdebourg. Selon plusieurs témoins, un camion de gros tonnage a subitement quitté la route pour s’engouffrer à vive allure au cœur de la foule, renversant sur son passage les étals en bois et fauchant femmes, hommes et enfants venus profiter de l’ambiance festive.
« On a entendu un grand bruit, comme un choc, puis des hurlements. C’était la panique, les gens couraient dans tous les sens », a raconté Anna, une étudiante présente sur les lieux. « J’ai vu des personnes projetées en l’air, d’autres écrasées sous les roues. C’était une vision d’horreur », a renchéri son amie Lisa, encore sous le choc.
Malgré l’intervention rapide des secours, le bilan n’a cessé de s’alourdir au fil des heures : 5 morts sont à déplorer et près de 200 blessés ont été pris en charge dans les hôpitaux de la région, dont plusieurs dans un état critique. Parmi les victimes figureraient de nombreux enfants, a indiqué une source hospitalière.
Le suspect interpellé, ses motivations restent floues
Après un périple meurtrier d’à peine 3 minutes, le camion a fini sa course folle en percutant un chalet en bois, permettant l’arrestation rapide de son conducteur par la police. Selon les premiers éléments de l’enquête, il s’agirait d’un homme de 50 ans, un certain Taleb A., psychiatre de profession arrivé en Allemagne en 2006 en provenance d’Arabie saoudite où il est né.
Si le parquet antiterroriste s’est immédiatement saisi de l’affaire, les motivations exactes de l’assaillant restent pour l’heure inconnues. D’après une source proche de l’enquête, le suspect aurait exprimé à plusieurs reprises son mécontentement quant au traitement réservé aux réfugiés saoudiens en Allemagne. Il aurait aussi affiché sur les réseaux sociaux des positions en faveur de l’extrême droite allemande et se serait défini comme « islamophobe ».
L’Allemagne sous le choc, la classe politique réclame des comptes
Alors que le pays peine à réaliser l’ampleur du drame, c’est la consternation qui domine chez les responsables politiques de tous bords. La Chancelière a immédiatement condamné un « acte ignoble » et exprimé sa « compassion » aux victimes et à leurs proches, avant de rentrer précipitamment de Bruxelles où elle participait à un sommet européen.
Je suis horrifié par cet acte de barbarie. Mes pensées vont aux innocentes victimes de cette lâche attaque contre notre mode de vie et nos valeurs.
– Friedrich Merz, chef de l’opposition CDU
De son côté, l’opposition conservatrice de la CDU n’a pas tardé à monter au créneau, son leader Friedrich Merz pointant du doigt les supposées failles dans le dispositif de lutte antiterroriste. Le Parlement a d’ailleurs décidé de se saisir de l’enquête dès lundi, en auditionnant la ministre de l’Intérieur Nancy Faeser et son homologue de Saxe-Anhalt, le land où se trouve Magdebourg.
L’enquête se poursuit, le suspect toujours muet
Alors que la police scientifique poursuit ses investigations sur les lieux du drame, de nombreuses zones d’ombre demeurent, notamment sur le passé du suspect et ses liens éventuels avec la mouvance islamiste radicale. Placé en garde à vue, Taleb A. n’aurait pour l’heure pas souhaité s’exprimer, rendant d’autant plus complexe la compréhension de son geste.
Face aux interrogations et à l’émoi suscités par cet acte aux allures terroristes, les forces de l’ordre restent en alerte pour prévenir toute réplique ou mimétisme, à l’approche des célébrations de Noël. La Chancelière a d’ores et déjà annoncé un renforcement draconien des mesures de sécurité sur l’ensemble des marchés de Noël du pays.
Mais pour les familles endeuillées et les nombreuses victimes de la folie meurtrière de Magdebourg, le temps est d’abord au recueillement et au deuil. En cette période censée être celle de la paix et du partage, c’est l’Allemagne toute entière qui est meurtrie et se retrouve confrontée à la haine et au fanatisme dans ce qu’ils ont de plus abject.
