ActualitésInternational

Attaque mortelle de drone au Soudan : 15 civils tués

Une attaque de drone a fait 15 morts parmi des civils à Omdourman au Soudan, dernier épisode sanglant de la guerre de pouvoir qui déchire le pays depuis plus de 20 mois. Découvrez l'ampleur de cette crise humanitaire et ses terribles conséquences pour la population.

Au Soudan, la guerre pour le pouvoir entre l’armée et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) a pris un nouveau tournant tragique ce samedi. Selon des avocats pro-démocratie, une attaque de drone imputée à l’armée soudanaise a visé un camion transportant du lait à Omdourman, en périphérie de la capitale Khartoum, faisant 15 morts parmi des civils. Six personnes ont également été blessées et deux autres sont portées disparues suite à cette frappe meurtrière, qui illustre une fois de plus les terribles conséquences de ce conflit pour la population.

Une ville divisée entre armée et paramilitaires

Depuis plus de 20 mois, Omdourman, comme le reste du pays, se trouve prise en étau dans les combats opposant l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les redoutables paramilitaires des FSR, commandés par le général Mohamed Hamdane Daglo. Si la majorité d’Omdourman est sous contrôle de l’armée, les FSR contrôlent quant à eux Khartoum-Nord (Bahri) de l’autre côté du Nil. C’est d’ailleurs dans cette zone tenue par les paramilitaires qu’a eu lieu la frappe de drone de samedi.

D’après les premiers éléments recueillis par les avocats, les victimes de cette attaque étaient des éleveurs et des ouvriers impliqués dans le transport de lait depuis des villages environnants. Leur camion serait tombé en panne près d’un marché aux chameaux avant d’être pris pour cible par le drone militaire. Un drame qui vient s’ajouter à une liste déjà bien trop longue.

Omdourman, épicentre de violents combats

Cette semaine, Omdourman avait déjà été le théâtre d’une des journées les plus sanglantes depuis plusieurs mois. Mardi, une attaque des FSR contre un bus de passagers et d’autres lieux avait fait au moins 65 morts et des centaines de blessés selon le gouverneur de Khartoum, Ahmed Othman Hamza, qui soutient l’armée. Il avait alors qualifié cette attaque de « massacre » perpétré par une « milice terroriste » en référence aux paramilitaires.

Au total, au moins 176 personnes auraient perdu la vie lundi et mardi dernier lors de bombardements imputés aux deux parties en conflit, d’après un décompte de l’AFP basé sur des informations provenant de responsables officiels, de la société civile et d’avocats pro-démocratie. Des chiffres qui témoignent de l’intensification des frappes visant les zones résidentielles ces dernières semaines.

Une crise humanitaire d’une extrême gravité

Déclenchée en avril 2023, cette lutte acharnée pour le pouvoir entre les deux généraux a déjà causé des dizaines de milliers de morts et plus de 11 millions de déplacés. Elle a également provoqué l’une des pires crises humanitaires de ces dernières années selon l’ONU, avec de nombreuses exactions commises à l’encontre des civils.

Je ne pense pas que le monde se rende compte de la gravité de la crise soudanaise et de son impact.

Mamadou Dian Balde, coordinateur régional du HCR

En juillet dernier, un rapport soutenu par les Nations unies révélait qu’un grand camp de réfugiés du Darfour-Nord était frappé par la famine après plusieurs mois de siège par les FSR. Ces derniers avaient bloqué la quasi-totalité des échanges commerciaux et l’accès à l’aide humanitaire, illustrant la stratégie de guerre impitoyable employée par les belligérants au mépris total de la population.

Face à l’ampleur de cette tragédie, Mamadou Dian Balde, coordinateur régional du HCR, a tiré la sonnette d’alarme lundi. Selon lui, les efforts diplomatiques « ne sont pas à la hauteur des besoins » et le monde ne se rend pas compte de la « gravité de la crise soudanaise » et de son terrible « impact » sur les civils pris au piège des combats.

Avec l’intensification des frappes ces dernières semaines et l’absence de perspectives de résolution du conflit, c’est tout un pays qui sombre chaque jour un peu plus dans le chaos et la violence. Une situation intenable pour la population soudanaise, victime d’une guerre qui la dépasse et dont elle paie le prix fort.

Passionné et dévoué, j'explore sans cesse les nouvelles frontières de l'information et de la technologie. Pour explorer les options de sponsoring, contactez-nous.