Une attaque au véhicule-bélier a plongé la Nouvelle-Orléans dans le deuil mercredi, faisant au moins 15 morts et de nombreux blessés. Alors que la communauté peine encore à comprendre ce déchaînement de violence, le profil du suspect décédé, Shamsud-Din Bahar Jabbar, commence à émerger, soulevant de troublantes questions.
Un ancien militaire converti à l’islam
Âgé de 42 ans, Shamsud-Din Bahar Jabbar était un citoyen américain né au Texas. Cet agent immobilier avait un passé militaire, ayant servi dans l’armée de 2007 à 2015, notamment en Afghanistan de 2009 à 2010. Il était ensuite devenu réserviste jusqu’en 2020.
Selon les proches interrogés, le suspect s’était converti à l’islam à un jeune âge. Son frère, Abdur Jabbar, le décrit comme « un amour, un gars sympa, un ami, très intelligent, attentionné » tout en soulignant que son acte « ne représente pas l’islam« . Il pointe plutôt du doigt une forme de radicalisation.
Le basculement vers l’extrémisme
Un ami d’enfance du suspect, Chris Pousson, se souvient d’un élève sans histoire, avec de bonnes notes. Mais en renouant le contact via les réseaux sociaux en 2017, cet autre militaire à la retraite avait noté chez Shamsud-Din Jabbar une foi devenue « vraiment intense », bien que jamais menaçante.
Pendant son passage dans l’armée, le suspect semble s’être forgé une image de négociateur acharné vantant sa discipline. Mais dans ses dernières années, les autorités notent une dérive radicale, alimentée par la propagande de l’Etat islamique.
Un acte prémédité et revendiqué
Quelques heures à peine avant de passer à l’acte, Shamsud-Din Bahar Jabbar avait publié sur les réseaux sociaux des vidéos témoignant de son inspiration djihadiste. Le président Joe Biden a évoqué ces éléments démontrant selon lui « un désir de tuer ».
Si son acte n’a pas été directement commandité, il s’inscrit dans la lignée des attentats « low-cost » promus par Daesh, visant à semer la terreur avec des moyens rudimentaires. Un mode opératoire qui rend la menace diffuse et imprévisible.
Des signaux d’alerte manqués ?
Le parcours de Shamsud-Din Bahar Jabbar, de militaire décoré à terroriste, interroge sur d’éventuelles failles dans la détection de la radicalisation. Son accès à des zones de conflit comme l’Afghanistan a-t-il pu être un facteur aggravant ?
Si son casier judiciaire ne mentionnait que des délits mineurs, ses difficultés financières récentes, alors qu’il était en instance de divorce, ont pu exacerber sa frustration et son adhésion à l’idéologie radicale.
La menace persistante du terrorisme endogène
Ce nouvel attentat sur le sol américain rappelle que la menace djihadiste peut provenir de citoyens radicalisés, passés sous les radars. Un phénomène qui touche de nombreux pays occidentaux, confrontés à des individus isolés mais déterminés.
Face à ce défi, les services de renseignement et les réseaux sociaux sont appelés à renforcer leurs efforts de détection. La prévention de la radicalisation, notamment chez les publics vulnérables ou en quête de sens, apparaît aussi cruciale.
Nous devons rester vigilants face à cette menace évolutive, sans jamais céder à la peur ou à l’amalgame.
– Un expert en anti-terrorisme
Alors que la Nouvelle-Orléans pleure ses victimes, l’Amérique est une nouvelle fois confrontée aux racines de la violence qui peut germer en son sein. Un combat de longue haleine qui requiert la mobilisation de tous.