C’est un événement qui ébranle le fragile processus de paix en Colombie. D’après une source proche de l’armée colombienne, quatre soldats ont tragiquement perdu la vie dans une embuscade tendue par la guérilla de l’ELN dans le département d’Antioquia, au nord du pays. Cette attaque, qualifiée de “terroriste et lâche” par les autorités militaires, s’est produite malgré la reprise des pourparlers de paix entre le gouvernement et ce groupe armé d’extrême-gauche.
Un acte de violence qui ravive les tensions
L’attaque, qui a également fait quatre blessés parmi les militaires et un civil touché, est survenue dans une zone rurale de la municipalité d’Anori. Elle marque un coup dur pour les efforts de pacification du pays, alors que les discussions entre l’ELN et l’exécutif avaient repris le 7 novembre dernier à Caracas, au Venezuela, après des mois de suspension.
C’est la première attaque revendiquée par l’Armée de libération nationale depuis la relance du dialogue, mais les deux parties n’étaient pas parvenues à un accord sur un cessez-le-feu. Une semaine plus tôt, l’armée colombienne avait mené des opérations contre l’ELN, éliminant 13 combattants dans le département de Bolivar et à la frontière vénézuélienne.
Un défi majeur pour le président Petro
Depuis son arrivée au pouvoir en 2022, le président de gauche Gustavo Petro a fait de la résolution du conflit armé qui déchire la Colombie depuis six décennies une priorité. Il a entamé des négociations avec l’ELN, la plus ancienne guérilla active des Amériques qui fêtera ses 60 ans en 2024, en parallèle de pourparlers avec d’autres groupes armés. Mais le chemin vers la paix s’avère semé d’embûches.
Les négociations avec l’ELN sont en crise permanente en raison des attaques rebelles et des divergences de vues à la table des négociations.
Inspirée par la révolution cubaine et la théologie de la libération, l’ELN est particulièrement influente dans le nord de la Colombie et sur la côte Pacifique. Ses quelque 5800 membres, répartis en différents “fronts” jouissant d’une grande autonomie, n’hésitent pas à s’en prendre aux forces de sécurité.
Des dissensions internes qui compliquent le dialogue
La guérilla est mécontente de la décision du gouvernement de négocier séparément avec une faction dissidente, “Los Comuneros del Sur”, active dans le sud-ouest. Cette profonde division interne complique encore davantage des pourparlers déjà tendus.
Face à cette attaque qui fragilise le processus de paix, le président Petro doit également affronter les critiques de l’opposition qui dénonce une dégradation de la sécurité. Des observateurs indépendants s’inquiètent quant à eux des tentatives de certains groupes armés pour accroître leur influence à la faveur des négociations.
Un chemin ardu vers une paix durable
Cet événement tragique met en lumière toute la complexité et les défis du processus de paix en Colombie. Malgré une volonté affichée de part et d’autre de mettre fin à des décennies de violences, la route s’annonce encore longue et périlleuse.
Réussir à désarmer et démobiliser des groupes rebelles ancrés depuis si longtemps dans le paysage du conflit colombien, tout en répondant aux attentes d’une population qui aspire à une paix durable, représente un immense défi pour le gouvernement du président Petro. Cette attaque meurtrière rappelle douloureusement que la violence reste une réalité quotidienne pour de nombreux Colombiens, malgré les espoirs suscités par la reprise du dialogue.
Il faudra sans doute encore beaucoup de détermination, de patience et de concessions de part et d’autre pour surmonter les obstacles et bâtir une paix solide et pérenne. Car au-delà des déclarations d’intention, c’est sur le terrain que se joue véritablement l’avenir du processus de paix en Colombie. Et chaque acte de violence, comme celui qui vient d’endeuiller l’armée, est un cruel rappel de l’urgence d’agir pour mettre fin à ce conflit qui n’a que trop duré.
