L’insécurité demeure une plaie béante dans l’Est de la République démocratique du Congo. Dimanche soir, aux alentours de 20 heures, les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) ont une nouvelle fois frappé. Leur cible : la paisible localité de Kambi Ya Miba, située à une vingtaine de kilomètres à l’est de la ville de Mbau, dans la province du Nord-Kivu.
Selon des sources locales, le bilan est lourd : au moins neuf personnes ont perdu la vie dans cette attaque sanglante, dont huit civils parmi lesquels figurent quatre femmes, ainsi qu’un militaire des Forces armées de la RDC (FARDC). Un drame de plus dans cette région meurtrie par des années de conflit.
Un groupe armé semant la terreur
Originaires d’Ouganda, les rebelles ADF sont implantés dans l’Est de la RDC depuis le milieu des années 1990. Bien qu’à l’origine ils revendiquaient une idéologie islamiste, leurs actions s’apparentent aujourd’hui davantage à celles de bandits armés semant la terreur parmi les populations civiles.
Pillages, meurtres, enlèvements… Les exactions commises par ce groupe affilié à l’État islamique sont quasi-quotidiennes dans cette région du Nord-Kivu. Un enfer sur terre pour les habitants, pris en étau entre les ADF et d’autres groupes armés qui écument la zone.
Une opération militaire conjointe qui peine à porter ses fruits
Face à la menace des ADF, les armées congolaise et ougandaise ont lancé fin 2021 une opération conjointe baptisée « Shujaa ». L’objectif : mettre un terme aux agissements meurtriers de ces rebelles dans l’Est de la RDC. Malheureusement, force est de constater que les résultats se font attendre.
Certes, la pression militaire a contraint les rebelles à se replier dans des zones reculées et difficiles d’accès. Mais dans ces vastes étendues forestières où les routes se font rares, traquer les ADF s’avère être un véritable défi pour les forces armées. Une situation dont profitent les rebelles pour continuer à sévir en toute impunité.
Un bilan humain effroyable
Au fil des années, le bilan humain des exactions commises par les ADF n’a cessé de s’alourdir. Selon des estimations, ce sont des milliers de civils qui ont été tués par ce groupe depuis son implantation dans l’Est de la RDC. Un chiffre glaçant, symbole de l’impuissance des autorités à protéger les populations.
Outre les pertes en vies humaines, les violences perpétrées par les rebelles ont également provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes. Fuyant les combats et les exactions, ces déplacés se retrouvent bien souvent dans une précarité extrême, dépendants de l’aide humanitaire pour survivre.
Nous venons de perdre 14 personnes, mais c’est un bilan provisoire. Comme actuellement il y a des activités champêtres dans cette zone, nous avons peur de retrouver les cultivateurs tués dans leurs champs.
Georges Kivaya, président de la société civile de Mbau
Un avenir incertain pour les populations civiles
Malgré les efforts déployés par les forces armées congolaises et ougandaises, la situation sécuritaire demeure plus que précaire dans l’Est de la RDC. Pris au piège entre les rebelles ADF et d’autres groupes armés, les civils vivent dans la peur constante d’une nouvelle attaque.
Face à cette menace permanente, nombreux sont ceux qui ont perdu espoir en un avenir meilleur. Comment envisager sereinement le futur quand le quotidien n’est fait que de violences et d’insécurité ? Un constat amer pour ces populations meurtries, qui ne demandent qu’à vivre en paix sur leurs terres.
Il est urgent que la communauté internationale se mobilise davantage aux côtés de la RDC pour mettre un terme à ce conflit qui n’a que trop duré. Car sans une action concertée et déterminée, les rebelles ADF continueront de semer la mort et la désolation dans l’Est congolais, faisant fi de toute humanité. Une tragédie sans fin pour des civils pris en otage par la violence des armes.