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Attaque meurtrière à Djamangoundji : 10 morts dans l’est de la Centrafrique

Horreur en Centrafrique : une attaque sanglante à Djamangoundji fait 10 morts, dont un enfant. Les victimes ont été ligotées et égorgées sur la route entre Ippy et Bria, plongeant la région dans l'émoi et la colère face aux violences récurrentes...

C’est une nouvelle attaque d’une violence inouïe qui vient d’endeuiller la Centrafrique. Lundi dernier, 10 personnes dont un enfant ont été sauvagement assassinées alors qu’elles circulaient sur des taximotos entre les localités d’Ippy et Bria, dans l’est du pays. Les victimes ont été ligotées puis égorgées par des assaillants non identifiés, plongeant la population dans l’émoi et la consternation.

Une attaque d’une rare cruauté

Selon les informations communiquées par le préfet de la Haute-Kotto, Evariste Biguinindji, cinq chauffeurs de taximoto de Bria, quatre passagers originaires d’Ippy et un enfant figurent parmi les victimes de ce drame. Les passagers revenaient d’une fête religieuse à Bria lorsqu’ils sont tombés dans cette embuscade mortelle à hauteur du village de Djamangoundji, situé à environ 600 km au nord-est de la capitale Bangui.

Le député de Bria, Jacques Tafogo, s’est dit profondément choqué par le mode opératoire particulièrement barbare employé par les assaillants :

Les victimes ont été ligotées et égorgées. C’est la première fois qu’une telle chose se produit. La population est sous le choc.

Face à l’émotion suscitée par ce massacre, le préfet Biguinindji a décrété trois jours de deuil à compter de mercredi. Il a également indiqué que les forces de défense avaient été déployées dans la zone pour traquer les coupables.

Une région minée par l’insécurité chronique

Malheureusement, cette attaque est loin d’être un cas isolé dans l’est de la Centrafrique. Comme l’a souligné le député Tafogo, des incidents similaires se produisent de manière sporadique dans la région :

En septembre, huit chauffeurs de taximoto ont été attaqués, il y a eu une dizaine de morts.

La ville de Bria elle-même a été durement touchée par les violences. Fin 2016, 80% de sa population avait dû fuir face aux affrontements meurtriers entre milices rivales, avides de mettre la main sur les riches ressources en diamants et en or de la région.

Un pays en proie à l’instabilité

Plus largement, c’est toute la Centrafrique qui reste gangrenée par l’instabilité et les conflits armés, et ce malgré la levée récente de l’embargo sur les exportations de diamants. Convoités par divers acteurs, des milices locales aux compagnies minières étrangères en passant par les mercenaires russes de Wagner, les précieux minerais alimentent les tensions.

Dans un pays où plus de 71% de la population vit sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale, cette insécurité chronique entrave tout espoir de développement et maintient les Centrafricains dans une situation humanitaire critique. Depuis son indépendance en 1960, la Centrafrique n’a connu qu’une succession de guerres civiles, de coups d’État et de régimes autoritaires, illustrant la fragilité de l’État et sa difficulté à assurer la sécurité de ses citoyens sur l’ensemble du territoire.

L’impératif d’une réponse forte et coordonnée

Face à ce énième drame, il est urgent que les autorités centrafricaines, appuyées par la communauté internationale, s’attaquent résolument aux racines de cette violence endémique. Cela passe notamment par :

  • Un renforcement des capacités des forces de sécurité pour protéger les populations civiles
  • Des efforts accrus en matière de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) des groupes armés
  • Une lutte implacable contre la corruption et les trafics illicites qui alimentent les conflits
  • Des investissements dans le développement économique et social des régions marginalisées
  • La promotion d’un dialogue inclusif en vue d’une réconciliation nationale durable

Seule une action déterminée et coordonnée sur tous ces fronts permettra d’enrayer le cycle infernal des violences et d’offrir aux Centrafricains la paix et la sécurité auxquelles ils aspirent légitimement. Il en va de la responsabilité des dirigeants nationaux comme de la communauté des nations. Car derrière les chiffres et les faits bruts, ce sont des vies innocentes qui continuent d’être fauchées, plongeant chaque jour un peu plus le pays dans la détresse et le désarroi. L’attaque de Djamangoundji nous rappelle tristement cette urgence.

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