Pressions, menaces, intimidations. Voilà ce qu’ont subi des soignants de Douma de la part du régime syrien pour les forcer à nier l’utilisation d’armes chimiques lors de l’attaque meurtrière du 7 avril 2018. Dans des entretiens exclusifs accordés à une agence de presse ce week-end, deux médecins et un infirmier ayant secouru les victimes de ce drame livrent un témoignage glaçant. Ils racontent comment les services de sécurité de Damas les ont contraints à faire de faux témoignages devant les enquêteurs internationaux.
Une attaque chimique dévastatrice
Ce 7 avril 2018, la ville de Douma, dernier bastion rebelle de la Ghouta orientale près de Damas, est la cible d’intenses bombardements. Un bâtiment proche d’un hôpital de campagne est touché. Très vite, des militants et secouristes dénoncent une attaque au chlore qui fera 43 morts. Une version fermement démentie par le régime de Bachar al-Assad et son allié russe.
Dans le chaos qui s’ensuit, une vidéo tourne sur les réseaux sociaux. Filmée dans cet hôpital de campagne, on y voit le personnel soigner les blessés, certains au sol, aspergés d’eau. C’est justement ce personnel médical qui va être convoqué par les services de sécurité syriens.
Convocations et pressions du régime
Parmi eux, le Dr Mohammad Al-Hanach, chirurgien orthopédique. Il explique avoir reçu des menaces à peine voilées : « Ils m’ont dit qu’ils savaient où trouver ma famille. » Lors de son interrogatoire, il tente prudemment de rester évasif. Mais l’officier insiste, le questionnant sur ce qu’il a vu ce jour-là, sur les patients traités pour des suffocations…
Son collègue, le Dr Hassan Ouyoun, urgentiste, se retrouve lui face à un pistolet posé sur la table, pointé vers lui. Le message est clair. « Tous ceux qui étaient à l’hôpital ont subi de fortes pressions« , confirme-t-il. Lui aussi dit avoir « nié l’évènement« , attribuant les suffocations à la poussière des bombardements.
Des familles prises en otage
Mouwafaq Nisrine, infirmier et ambulancier filmé en train de s’occuper d’une fillette intoxiquée, est également convoqué. On lui affirme qu’il n’y a pas eu d’attaque chimique et qu’il faut mettre fin à ces allégations. « J’étais sous pression car ma famille habite à Douma, comme la plupart des familles du personnel médical.«
La chute de Bachar al-Assad le 8 décembre dernier a enfin permis à ces soignants de briser le silence sur ces faux témoignages extorqués par le régime. Des allégations qui viennent contredire les conclusions des enquêteurs de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). En janvier 2023, ils avaient en effet accusé Damas d’avoir mené cette attaque au chlore, soulignant que « au moins un hélicoptère de l’armée syrienne avait largué deux barils de gaz toxique sur Douma.«
Des révélations qui jettent une lumière crue sur les méthodes du régime syrien pour étouffer la vérité. Et sur le lourd tribut payé par le personnel médical, pris entre leur devoir d’assistance aux victimes et la volonté du pouvoir de nier l’innommable à tout prix. Un témoignage rare et précieux pour tenter de faire éclater la vérité sur ce drame qui a endeuillé Douma.
Son collègue, le Dr Hassan Ouyoun, urgentiste, se retrouve lui face à un pistolet posé sur la table, pointé vers lui. Le message est clair. « Tous ceux qui étaient à l’hôpital ont subi de fortes pressions« , confirme-t-il. Lui aussi dit avoir « nié l’évènement« , attribuant les suffocations à la poussière des bombardements.
Des familles prises en otage
Mouwafaq Nisrine, infirmier et ambulancier filmé en train de s’occuper d’une fillette intoxiquée, est également convoqué. On lui affirme qu’il n’y a pas eu d’attaque chimique et qu’il faut mettre fin à ces allégations. « J’étais sous pression car ma famille habite à Douma, comme la plupart des familles du personnel médical.«
La chute de Bachar al-Assad le 8 décembre dernier a enfin permis à ces soignants de briser le silence sur ces faux témoignages extorqués par le régime. Des allégations qui viennent contredire les conclusions des enquêteurs de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). En janvier 2023, ils avaient en effet accusé Damas d’avoir mené cette attaque au chlore, soulignant que « au moins un hélicoptère de l’armée syrienne avait largué deux barils de gaz toxique sur Douma.«
Des révélations qui jettent une lumière crue sur les méthodes du régime syrien pour étouffer la vérité. Et sur le lourd tribut payé par le personnel médical, pris entre leur devoir d’assistance aux victimes et la volonté du pouvoir de nier l’innommable à tout prix. Un témoignage rare et précieux pour tenter de faire éclater la vérité sur ce drame qui a endeuillé Douma.