En 2023 et 2024, des milliers de civils innocents ont été tués en Afrique de l’Ouest suite à des atrocités commises en toute impunité par des groupes jihadistes et des forces armées gouvernementales, selon un récent rapport de l’ONG Human Rights Watch (HRW). Les pays les plus touchés par ces violences sont le Burkina Faso et le Mali, tous deux dirigés par des juntes militaires et minés depuis des années par l’instabilité et les conflits.
Des armées accusées de massacres de civils
D’après les données de l’ONG Acled citées par HRW, l’armée burkinabè et les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des supplétifs civils, auraient tué au moins un millier de civils entre janvier et juillet 2024, s’ajoutant à plusieurs massacres déjà perpétrés en 2023. Au Mali, les forces armées maliennes et leurs alliés russes du groupe Wagner sont impliqués dans des opérations antiterroristes meurtrières contre les populations civiles.
239 attaques contre des civils en 2024
Toujours selon Acled, les forces de sécurité maliennes et leurs soutiens étrangers auraient mené pas moins de 239 attaques faisant 1 021 morts civils entre janvier et octobre 2024, un bilan plus lourd encore qu’en 2023. Malgré les accusations répétées, les autorités maliennes continuent de nier toute exaction de l’armée.
Le Sahel, épicentre du jihadisme
Parallèlement aux bavures des forces gouvernementales, les groupes armés liés à Al-Qaïda et à l’État Islamique multiplient les attentats meurtriers contre les populations dans la zone dite « des trois frontières », à la jonction entre le Mali, le Burkina et le Niger voisin. Au Nigeria, le groupe Boko Haram et son rival l’ISWAP (État Islamique en Afrique de l’Ouest) terrorisent aussi les civils par des raids et des kidnappings.
Frappes aériennes meurtrières
L’armée nigériane n’est pas non plus exempte de tout reproche. Deux frappes aériennes contre de supposés « bandits » auraient tué 85 personnes en décembre 2023 puis 24 autres en septembre 2024. Des « dommages collatéraux » sans cesse niés ou minimisés par les autorités.
L’impunité comme dénominateur commun
Que ce soit du fait des groupes jihadistes ou des forces gouvernementales, l’absence d’enquêtes indépendantes et de poursuites crédibles sur les exactions documentées depuis des années contribue à nourrir un sentiment d’impunité totale au Sahel. Populations prises entre deux feux, violations massives des droits humains, civils pris pour cibles… Un engrenage infernal qui ne semble pas près de s’arrêter malgré les condamnations verbales de la communauté internationale. L’Afrique de l’Ouest reste plus que jamais l’une des régions les plus instables et dangereuses au monde, au grand dam de civils otages de conflits qui les dépassent.