C’est au terme d’une élection à suspense que Yaël Braun-Pivet a été reconduite au poste de présidente de l’Assemblée nationale ce mardi 18 juillet 2024. Avec seulement 8 voix d’avance sur son adversaire, la députée de la majorité présidentielle l’a emporté de justesse. Un résultat qui témoigne des équilibres fragiles au sein de l’hémicycle et qui laisse présager une législature sous haute tension.
Un “perchoir” chèrement acquis
Il aura fallu pas moins de trois tours de scrutin pour départager les candidats à la présidence de l’Assemblée nationale. Au final, c’est donc Yaël Braun-Pivet qui l’a emporté avec 234 voix contre 226 pour son rival. Un score serré qui illustre la difficulté pour la majorité présidentielle de s’imposer au Palais Bourbon, malgré sa victoire aux législatives.
Pour Yaël Braun-Pivet, cette réélection est une victoire en demi-teinte. Si elle lui permet de conserver la deuxième place dans l’ordre protocolaire de l’État, juste derrière le président de la République, elle ne lui offre pas pour autant un blanc-seing pour mener les débats.
C’est une immense fierté et une grande responsabilité de présider l’Assemblée nationale. Je mesure les défis qui nous attendent pour faire vivre le débat démocratique.
Yaël Braun-Pivet, à l’annonce des résultats.
L’ombre de Jean-Luc Mélenchon
Si le leader de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon n’a pas été élu, son influence reste prégnante à l’Assemblée. Ses troupes, disciplinées, n’ont pas manqué de contester la légitimité de la présidente réélue, dénonçant un “passage en force”. Une stratégie d’obstruction parlementaire qui risque de compliquer la tâche de la majorité.
L’Assemblée ne peut pas être une chambre d’enregistrement de la politique présidentielle. Nous serons une opposition constructive mais ferme.
Un député LFI
Les chantiers qui attendent la Présidente
Au-delà des joutes politiques, Yaël Braun-Pivet va devoir s’atteler à plusieurs chantiers pour moderniser l’Assemblée et améliorer son fonctionnement. Parmi les pistes évoquées :
- La réforme du règlement pour fluidifier les débats
- La déontologie et la transparence de la vie publique
- L’ouverture du Palais Bourbon aux citoyens
- La transition numérique de l’institution
Autant de défis qui nécessiteront de la méthode et du consensus pour être relevés. Yaël Braun-Pivet en est consciente. Dès son discours de victoire, elle a tendu la main aux oppositions, les appelant à travailler ensemble dans un esprit de “respect” et de “co-construction”.
Une rentrée parlementaire à haut risque
Mais le plus dur reste à venir. Dès septembre, l’Assemblée nationale devra se pencher sur des textes potentiellement explosifs comme le budget 2025, la réforme des retraites ou encore la loi immigration. Des sujets hautement inflammables qui mettront à l’épreuve la capacité de la majorité à gouverner et de l’opposition à se faire entendre sans bloquer les institutions.
Nous ne laisserons rien passer. Le gouvernement devra composer avec nous s’il veut avancer.
Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée.
Dans ce contexte, la réélection de Yaël Braun-Pivet apparaît comme une victoire en trompe-l’oeil. Si elle offre un répit à la majorité présidentielle, elle ne règle en rien la question de sa capacité à réformer le pays sans s’enliser dans des batailles d’amendements et des motions de censure à répétition. Un véritable casse-tête pour Emmanuel Macron qui rêvait d’un second mandat placé sous le signe de “l’apaisement” et du “dépassement”.
Les prochains mois s’annoncent donc décisifs pour l’exécutif et sa majorité. S’ils parviennent à reprendre la main et à imposer leur agenda, ils pourront se prévaloir d’avoir réussi leur pari. Mais s’ils échouent, c’est toute la stratégie présidentielle qui pourrait vaciller, ouvrant la voie à une dissolution anticipée de l’Assemblée. Un scénario noir que personne ne souhaite mais qui ne peut être exclu tant les équilibres parlementaires restent précaires. Bienvenue dans la nouvelle Assemblée nationale !
