C’est un véritable séisme fiscal qui vient de se produire au Palais Bourbon. Dans la nuit de mardi à mercredi, les députés ont adopté un amendement instaurant une surtaxe pérenne sur les hauts revenus, élargissant considérablement le dispositif initialement proposé par le gouvernement dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025.
Une Surtaxe Élargie Et Sans Limite De Durée
Selon des sources parlementaires, cet amendement prévoit de mettre en place un taux d’imposition minimal de 20% pour les foyers fiscaux déclarant plus de 250 000 euros de revenus annuels pour une personne seule, et 500 000 euros pour un couple. Une mesure qui devrait rapporter quelque 2 milliards d’euros à l’État en 2025.
Mais là où le bât blesse, c’est que les députés ont choisi de pérenniser cette surtaxe, alors que l’exécutif souhaitait l’instaurer à titre “exceptionnel” pour une durée de trois ans seulement. Un véritable camouflet pour le gouvernement, qui s’est retrouvé totalement dépassé par ce vote surprise.
Des Divisions Au Sein De La Majorité
Ce qui est encore plus frappant, c’est que cet amendement a été adopté avec les voix de la gauche, mais aussi celles du MoDem et du RN, provoquant une véritable fracture au sein de la coalition gouvernementale. Certains députés de la majorité ont voté pour, d’autres contre, et beaucoup se sont abstenus, illustrant les profondes dissensions qui traversent le camp présidentiel sur les questions fiscales.
Nous ne pouvons pas continuer à faire peser l’effort sur les classes moyennes. Il est temps que les plus aisés contribuent davantage à l’effort national.
– Un député de la gauche
Un constat partagé par de nombreux élus de l’opposition, qui ont salué “un premier pas vers plus de justice fiscale”, tout en regrettant que le gouvernement n’aille pas plus loin dans la remise à plat des niches fiscales et la lutte contre l’optimisation des plus fortunés.
Le Gouvernement Mis Sous Pression
Face à cette fronde, l’exécutif se trouve dans une position délicate. Refuser cette surtaxe reviendrait à tendre le bras à l’opposition qui l’accuse de mener une politique favorable aux plus riches. Mais l’accepter signifierait renier ses engagements de campagne et prendre le risque de braquer une partie de son électorat.
Une équation complexe pour le ministre de l’Économie et des Finances, qui devra convaincre les parlementaires de revenir sur leur vote lors de la seconde lecture du texte, tout en évitant de donner l’impression de céder aux pressions de la rue et des syndicats, qui appellent à amplifier la mobilisation contre la réforme des retraites et la vie chère.
Des Débats Houleux En Perspective
Une chose est sûre, les débats sur ce budget 2025 s’annoncent particulièrement tendus et passionnés. Entre les députés de la Nupes bien décidés à imprimer leur marque et une extrême droite en embuscade, le gouvernement va devoir mouiller la chemise pour tenter de reprendre la main et sauver les meubles.
Car au-delà de cette seule surtaxe, c’est toute la politique fiscale et budgétaire du quinquennat qui est sur la sellette. Les arbitrages rendus dans les prochains jours seront scrutés de près par les partenaires sociaux, les investisseurs et les agences de notation, qui attendent de voir si la France est capable de tenir ses engagements en matière de réduction des déficits.
Nous sommes à un tournant. Soit nous parvenons à renouer avec une trajectoire vertueuse, soit nous prenons le risque de nous retrouver dans le mur.
– Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances
Des mots forts qui résument bien l’enjeu de ces discussions budgétaires, cruciales pour l’avenir du pays et la crédibilité de l’exécutif. Reste à savoir si le gouvernement aura les épaules assez larges pour faire passer ses réformes sans se renier, ni braquer sa majorité. Un défi de taille.