Alors que Donald Trump vient d’être la cible d’une tentative d’assassinat, l’histoire se répète une fois de plus. De John F. Kennedy à Ronald Reagan en passant par Robert Kennedy et Martin Luther King, de nombreuses figures publiques américaines ont été visées, voire tuées, par des assaillants. Mais au-delà de leur notoriété, partagent-elles des caractéristiques communes expliquant qu’elles soient prises pour cible ?
Des personnalités clivantes qui suscitent la haine
Selon William Thay, président du think-tank Le Millénaire, un premier trait rassemble les victimes de tentatives d’assassinat : “Ce sont des figures qui ont alimenté une haine d’une part des Américains”. Qu’il s’agisse de Donald Trump, accusé d’attiser la violence avec ses propos, ou de Ronald Reagan considéré comme d’extrême droite par une frange de l’électorat, ces leaders ont en commun de diviser profondément l’opinion.
Kennedy et King, des icônes contestées
John et Robert Kennedy, malgré leur statut d’icônes, n’échappaient pas à cette règle. Porteurs d’un vent de changement, ils s’attiraient l’hostilité farouche des conservateurs. Quant à Martin Luther King, son combat pour les droits civiques lui valait la haine des suprémacistes blancs.
Trump, un président qui divise comme peu avant lui
Plus récemment, Donald Trump a porté le clivage à son paroxysme. Propulsé par un électorat en quête de rupture, il s’est attiré l’inimitié virulente de ses opposants, certains le qualifiant de “fasciste”. Sa rhétorique enflammée, si elle galvanise ses partisans, a pu catalyser la colère de ses détracteurs les plus radicaux.
Des révolutionnaires qui veulent transformer le système
Au-delà du clivage, les personnalités visées partagent une autre particularité selon William Thay : “Il s’agit de personnes qui apparaissaient comme révolutionnaires, voulant changer les choses de manière assez profonde”.
- JFK et son frère incarnaient la promesse d’une “Nouvelle Frontière”
- Martin Luther King rêvait d’une Amérique débarrassée de la ségrégation
- Ronald Reagan voulait rompre avec l’ère du “big government”
- Donald Trump a promis de “drainer le marais” du système de Washington
Ils portaient un projet de transformation en rupture avec l’ordre établi, suscitant espoir chez les uns, crainte chez les autres.
William Thay
Bouleverser le statu quo, un pari risqué
Cette volonté de bousculer le système ferait donc de ces figures des cibles pour les individus les plus réfractaires au changement. Promesses de grand soir pour les uns, menaces pour les autres, leurs idées ne laissent personne indifférent.
Servir de catalyseur au malaise d’une nation
Mais pour l’analyste, le problème ne se résume pas à la personnalité des victimes : “Ces tentatives d’assassinat révèlent surtout un malaise profond qui traverse la société“. Leaders charismatiques, Kennedy, King ou Trump ont en commun d’avoir mis le doigt là où ça fait mal, incarnant les fractures de l’Amérique.
Clivantes, révolutionnaires, les personnalités visées par des tentatives d’assassinat catalysent les passions d’une époque. Miroirs grossissants d’une nation divisée, elles paient parfois de leur vie leur rôle de porte-étendard. Le passage de la contestation politique à l’acte meurtrier questionne alors la solidité des fondements démocratiques du pays. L’attentat manqué contre Donald Trump nous rappelle une fois de plus la violence qui peut sourdre lorsque la parole se libère.