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Assassinat de Samuel Paty : Un procès marquant débute à Paris

Près de 3 ans après l'assassinat choquant de Samuel Paty, la justice se penche enfin sur cette tragédie nationale. Au cœur du procès : le rôle trouble de certains suspects, des zones d'ombre persistantes. Une quête de vérité pour honorer la mémoire de ce professeur engagé.

C’est un procès très attendu qui s’est ouvert vendredi devant la cour d’assises spéciale de Paris. Plus de deux ans après l’assassinat de Samuel Paty, ce professeur d’histoire-géographie sauvagement décapité pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, la justice va enfin examiner cette affaire au fond. Un dossier sensible et complexe, qui avait suscité une immense émotion dans tout le pays.

Huit personnes sur le banc des accusés

Si l’auteur de cet acte barbare, Abdoullakh Anzorov, a été abattu par les forces de l’ordre peu après les faits, huit de ses proches comparaissent désormais devant la cour d’assises. Parmi eux, deux hommes sont poursuivis pour complicité d’assassinat terroriste : Azim Epsirkhanov et Naïm Boudaoud. Ils sont notamment accusés d’avoir accompagné le tueur dans une coutellerie la veille du drame pour acheter l’arme du crime.

Un ami d’enfance au cœur des interrogations

Les premiers témoignages entendus vendredi se sont concentrés sur la personnalité d’Azim Epsirkhanov, 23 ans. Cet ami d’enfance de l’assasin, qu’il appelait “frère”, reste une énigme. Quel était son degré de connaissance du projet macabre d’Anzorov ? Pourquoi a-t-il cherché à se procurer une arme à feu dans les jours précédant l’attentat ? Des questions pour l’heure sans réponse, son interrogatoire n’étant prévu que le 21 novembre.

Je sais qu’Azim est innocent.

Coline L., compagne d’Azim Epsirkhanov

À la barre, la compagne de l’accusé, Coline L., le décrit comme “gentil et respectueux”. Pourtant, les enquêteurs ont retrouvé des centaines d’échanges entre Epsirkhanov et le tueur dans l’année précédant l’assassinat. La jeune femme peine à expliquer certains faits troublants, comme l’effacement de conversations sur son téléphone ou la remise d’une grosse somme d’argent en liquide par son compagnon peu avant les faits.

Un “couteau pour randonneur” fatal

La gérante de la coutellerie de Rouen, très émue à la barre, a expliqué avoir vendu un “couteau pour randonneur” aux trois accusés la veille du crime. Un achat présenté comme un cadeau pour le grand-père d’Anzorov. Mais pour l’accusation, Epsirkhanov et Boudaoud semblaient bien “concernés” et “associés” à cette acquisition, qui s’est révélée funeste.

De nombreuses zones d’ombre

Au fil des témoignages, le profil d’Azim Epsirkhanov se complique. Approché par les renseignements pour devenir indicateur dans sa jeunesse, sportif apprécié de son entourage… Mais aussi à la recherche d’une arme pour venger la mort d’un autre Tchétchène quelques semaines avant l’attentat. Des éléments disparates qui ne permettent pas encore de cerner avec précision son rôle exact.

Ce premier jour d’audience a mis en lumière la complexité de ce dossier hors norme. Il faudra aux magistrats toute leur sagacité pour démêler l’écheveau de responsabilités et faire émerger la vérité judiciaire. Un procès fleuve, prévu pour durer deux mois et demi, afin de rendre justice à Samuel Paty et d’honorer la mémoire de ce professeur mort pour avoir défendu la liberté d’expression.

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