Le Brésil est sous le choc. Mardi, quatre militaires déployés dans le cadre de la sécurité du sommet du G20 à Rio de Janeiro ont été interpellés, soupçonnés d’avoir ourdi un projet d’assassinat contre le président Luiz Inacio Lula da Silva peu après son élection en octobre dernier. Selon une source policière proche de l’enquête, les suspects, pour la plupart issus des forces spéciales, auraient mis à profit leurs compétences pour planifier ce coup d’État avorté, baptisé « Poignard vert et jaune » en référence aux couleurs du drapeau brésilien.
Un complot visant les plus hautes sphères de l’État
D’après les premiers éléments de l’enquête, les militaires impliqués ne comptaient pas s’arrêter à l’élimination du président nouvellement élu. Le vice-président Geraldo Alckmin ainsi qu’un juge de la Cour suprême figuraient également parmi leurs cibles. Un projet d’une ampleur inédite qui témoigne des profondes divisions politiques qui minent le Brésil depuis la défaite de Jair Bolsonaro face à Lula lors du scrutin présidentiel.
L’ombre de Bolsonaro
Si l’ancien président d’extrême droite n’est pas directement mis en cause dans cette affaire, il fait néanmoins l’objet d’une enquête distincte concernant son rôle présumé d’instigateur dans les émeutes qui ont secoué Brasilia le 8 janvier dernier, une semaine seulement après l’investiture de Lula. Ce jour-là, des milliers de partisans de Bolsonaro avaient pris d’assaut et saccagé les sièges des institutions.
Une tentative d’attentat à la Cour suprême
Les enquêteurs s’intéressent également à un autre événement troublant survenu le 14 novembre, à la veille de l’ouverture du G20. Ce jour-là, un homme muni d’explosifs avait tenté de pénétrer dans le bâtiment de la Cour suprême à Brasilia avant de se faire exploser. La police fédérale traite ces faits comme un possible « attentat terroriste » et cherche à déterminer d’éventuels liens avec le complot déjoué.
Le Brésil retient son souffle
Alors que l’enquête suit son cours, c’est tout le Brésil qui s’interroge sur l’étendue réelle de cette conspiracy et sur ses ramifications au sein de l’appareil sécuritaire et politique. Pour Lula, élu d’une courte tête en octobre après un premier passage à la présidence de 2003 à 2010, ce complot déjoué illustre la fragilité de la démocratie brésilienne et les défis immenses qui l’attendent pour réconcilier une nation plus que jamais fracturée.
Un G20 sous haute tension
Ironie du sort, c’est à l’occasion du G20, sommet censé promouvoir la coopération internationale et la stabilité, que ce projet d’assassinat a été mis au jour. Les révélations sur l’implication de militaires chargés de la sécurité de l’événement jettent une ombre inquiétante sur le déroulement du sommet et soulèvent des questions sur la fiabilité des dispositifs de sécurité.
Un pays sous pression
Pour le Brésil, l’enjeu est de taille. Il s’agit non seulement de faire toute la lumière sur ce complot et d’en traduire les responsables en justice, mais aussi de rassurer une opinion publique profondément ébranlée. L’affaire met en lumière la persistance de forces antidémocratiques prêtes à tout pour déstabiliser le pouvoir en place et impose au président Lula de se montrer ferme tout en œuvrant à l’apaisement des tensions.
Un test pour la jeune démocratie brésilienne
Plus de trois décennies après la fin de la dictature militaire, le Brésil se trouve confronté à un nouveau test démocratique. La tentative d’assassinat du président Lula, symbole de la gauche, par des militaires nostalgiques des années de plomb, illustre la fragilité des acquis et la nécessité d’une vigilance de tous les instants. C’est tout l’enjeu des prochains mois pour la 8ème puissance économique mondiale : réaffirmer la solidité de ses institutions et tourner définitivement la page des heures sombres.
Face à l’onde de choc provoquée par la mise au jour de ce complot, les regards sont plus que jamais tournés vers les autorités brésiliennes. Leur capacité à mener une enquête impartiale et à en tirer toutes les conséquences sera décisive pour l’avenir politique du pays. Une chose est sûre : le Brésil retient son souffle, conscient que son destin démocratique est en train de se jouer.