Un séisme politique vient de secouer l’Abkhazie, cette petite région séparatiste de Géorgie pro-russe nichée entre les montagnes du Caucase et les rives de la mer Noire. Ce mardi 2 mai 2023, le président Aslan Bjania a annoncé sa démission, cédant ainsi aux revendications des manifestants opposés à un accord économique controversé signé avec Moscou.
La contestation enfle contre un traité jugé dangereux pour la souveraineté abkhaze
Depuis vendredi dernier, la gronde montait dans les rues d’Abkhazie. Des protestataires étaient même parvenus à pénétrer dans l’enceinte du Parlement et d’un bâtiment de l’administration présidentielle. Leur objectif : empêcher la ratification d’un accord qui aurait permis à des compagnies russes d’investir massivement dans cette république autoproclamée, dont l’indépendance n’est reconnue que par une poignée de pays, Russie en tête.
Signé fin octobre 2022, ce traité a fait craindre à l’opposition une braderie du territoire national. Beaucoup redoutent en effet qu’il n’ouvre la voie à l’acquisition par des Russes d’appartements dans les nombreuses villes balnéaires qui bordent la mer Noire, alors même que la vente de biens immobiliers résidentiels aux étrangers est interdite depuis 1995 en Abkhazie.
Moscou s’inquiète, l’opposition exulte
Côté russe, c’est la douche froide. Le ministère des Affaires étrangères a exprimé sa “préoccupation” face à ces tensions. Dans un communiqué, la diplomatie russe a regretté que l’opposition n’ait “pas jugé possible de résoudre ses différends avec le pouvoir légitime du pays par un dialogue civilisé et respectueux”.
À l’inverse, les détracteurs d’Aslan Bjania savourent cette victoire. Réunis devant la présidence depuis plusieurs jours, ils ont accueilli la nouvelle de la démission avec des cris de joie et des applaudissements. Selon l’accord conclu mardi entre le gouvernement et l’opposition, leur départ des bâtiments officiels qu’ils occupaient était une condition préalable au départ du chef de l’État.
L’Abkhazie, un territoire sous perfusion russe depuis 30 ans
Ancienne république autonome de Géorgie à l’époque soviétique, l’Abkhazie a proclamé son indépendance en 1992, au lendemain de l’effondrement de l’URSS. S’en est suivie une guerre contre les forces géorgiennes, remportée par les séparatistes grâce au soutien officieux de Moscou. Depuis, la Russie maintient une présence militaire dans ce territoire de 240 000 habitants, ainsi qu’en Ossétie du Sud, une autre région séparatiste géorgienne.
« Afin de maintenir la stabilité et l’ordre constitutionnel dans le pays (…) je démissionne du poste de président de la République d’Abkhazie. »
– Aslan Bjania, dans sa lettre de démission adressée au Parlement.
Et maintenant ? L’inconnue de l’après-Bjania
Le départ du président Bjania ouvre une période d’incertitude en Abkhazie. Selon la Constitution, c’est le vice-président Badra Gunba qui doit assurer l’intérim jusqu’à la prochaine élection présidentielle. D’après l’agence d’État russe TASS, qui cite le président du Parlement local, ce scrutin devrait être anticipé, sans qu’une date n’ait été avancée pour l’instant.
La crise politique abkhaze sera suivie avec attention à Moscou, qui considère ce territoire comme faisant partie de sa sphère d’influence privilégiée. Malgré sa prompte réaction aux événements, le Kremlin n’a pour l’heure pas réagi officiellement à la démission de celui qui était considéré comme un allié fidèle. Reste à savoir si le prochain dirigeant abkhaze choisira de maintenir des liens aussi étroits avec le grand voisin russe, ou s’il sera tenté de prendre ses distances, au risque de provoquer l’ire de Vladimir Poutine.
Une chose est sûre : l’accession à l’indépendance, et encore plus à une véritable souveraineté, reste un chemin semé d’embûches pour cette minuscule république du Caucase coincée dans le bras de fer géopolitique entre la Russie et les Occidentaux. Les semaines et mois à venir s’annoncent décisifs pour l’avenir de l’Abkhazie et de ses habitants.
À l’inverse, les détracteurs d’Aslan Bjania savourent cette victoire. Réunis devant la présidence depuis plusieurs jours, ils ont accueilli la nouvelle de la démission avec des cris de joie et des applaudissements. Selon l’accord conclu mardi entre le gouvernement et l’opposition, leur départ des bâtiments officiels qu’ils occupaient était une condition préalable au départ du chef de l’État.
L’Abkhazie, un territoire sous perfusion russe depuis 30 ans
Ancienne république autonome de Géorgie à l’époque soviétique, l’Abkhazie a proclamé son indépendance en 1992, au lendemain de l’effondrement de l’URSS. S’en est suivie une guerre contre les forces géorgiennes, remportée par les séparatistes grâce au soutien officieux de Moscou. Depuis, la Russie maintient une présence militaire dans ce territoire de 240 000 habitants, ainsi qu’en Ossétie du Sud, une autre région séparatiste géorgienne.
« Afin de maintenir la stabilité et l’ordre constitutionnel dans le pays (…) je démissionne du poste de président de la République d’Abkhazie. »
– Aslan Bjania, dans sa lettre de démission adressée au Parlement.
Et maintenant ? L’inconnue de l’après-Bjania
Le départ du président Bjania ouvre une période d’incertitude en Abkhazie. Selon la Constitution, c’est le vice-président Badra Gunba qui doit assurer l’intérim jusqu’à la prochaine élection présidentielle. D’après l’agence d’État russe TASS, qui cite le président du Parlement local, ce scrutin devrait être anticipé, sans qu’une date n’ait été avancée pour l’instant.
La crise politique abkhaze sera suivie avec attention à Moscou, qui considère ce territoire comme faisant partie de sa sphère d’influence privilégiée. Malgré sa prompte réaction aux événements, le Kremlin n’a pour l’heure pas réagi officiellement à la démission de celui qui était considéré comme un allié fidèle. Reste à savoir si le prochain dirigeant abkhaze choisira de maintenir des liens aussi étroits avec le grand voisin russe, ou s’il sera tenté de prendre ses distances, au risque de provoquer l’ire de Vladimir Poutine.
Une chose est sûre : l’accession à l’indépendance, et encore plus à une véritable souveraineté, reste un chemin semé d’embûches pour cette minuscule république du Caucase coincée dans le bras de fer géopolitique entre la Russie et les Occidentaux. Les semaines et mois à venir s’annoncent décisifs pour l’avenir de l’Abkhazie et de ses habitants.