Imaginez devoir gravir quotidiennement 14 étages à pied pour rentrer chez vous. C’est le calvaire que subissent depuis plus de trois semaines les habitants d’une tour de la cité du Mail, dans les quartiers nord de Marseille. En cause : une double panne d’ascenseurs qui semble partie pour durer, laissant les résidents livrés à eux-mêmes.
Une situation intenable pour les habitants
Âgés, malades, chargés de courses ou de jeunes enfants… Les 76 locataires et copropriétaires de la tour E font face à un véritable parcours du combattant au quotidien depuis l’arrêt des ascenseurs. « Nous vivons un enfer, nous ne sortons que pour l’indispensable », témoigne un couple de retraités auprès de France Bleu Provence. Fini les visites, les sorties entre amis. La vie sociale des habitants est largement impactée.
Pire encore, cette situation met en danger la santé de certains résidents. Personnes âgées, femmes enceintes, individus souffrant de problèmes cardiaques ou respiratoires… Pour eux, monter et descendre ces 14 étages plusieurs fois par jour relève de l’impossible. Ils se retrouvent prisonniers de leur appartement.
Une copropriété dégradée en plan de sauvegarde
La cité du Mail, connue pour son insalubrité et les trafics de drogue qui y règnent, fait l’objet d’un plan de sauvegarde orchestré par la préfecture des Bouches-du-Rhône. Des fonds publics sont ainsi débloqués pour remettre à niveau les immeubles via des travaux d’urgence. Un coup de pouce bienvenu pour cette copropriété très dégradée.
Mais alors, pourquoi une telle inertie face à ces ascenseurs en panne ? D’après l’administrateur judiciaire en charge de la tour E, le problème viendrait d’un trou dans les caisses lié à des impayés de charges. Sur les 76 occupants, seuls 3 ou 4 régleraient leurs charges, créant une dette abyssale de 400 000€.
Des réparations au compte-goutte
Face à cette situation financière compliquée, difficile pour le syndicat d’assumer le coût des réparations. L’administrateur explique avoir lancé un appel de fonds pour remettre les ascenseurs en état. En vain. « Très peu ont répondu présent et payé », déplore-t-il. Résultat : les travaux se font au compte-goutte.
Un premier devis vient d’être signé pour remettre en service l’un des deux ascenseurs. Si tout va bien, il devrait être opérationnel d’ici mi-janvier. Pour le second, il faudra patienter 10 semaines minimum le temps de réunir les fonds et commander les pièces. Un délai interminable pour les habitants, excédés par cette situation.
La galère des pannes d’ascenseur en copropriété
Ce cas marseillais est loin d’être isolé. En France, de nombreuses copropriétés font face à des pannes d’ascenseur à répétition, souvent par manque d’entretien ou de trésorerie. Vétustes, mal entretenus, ces équipements tombent régulièrement en panne, transformant la vie des habitants en enfer.
Les ascenseurs représentent un budget conséquent. Entre la maintenance, les mises aux normes et les réparations, difficile pour les copropriétés de suivre, surtout quand les charges ne rentrent pas.
Un professionnel de l’immobilier.
Pour les résidents, les recours sont limités. À moins d’une panne sur le long terme, comme c’est le cas à Marseille, difficile d’attaquer le syndicat en justice. La seule solution reste bien souvent la patience et un escadron de négociations avec le conseil syndical pour accélérer les réparations.
Vers une prise de conscience des copropriétaires ?
Cette affaire met en lumière l’importance cruciale des charges de copropriété. Impayés, mauvaise gestion, manque d’anticipation… Autant de facteurs qui peuvent rapidement métamorphoser un immeuble en taudis, et la vie des occupants en cauchemar.
Il est grand temps pour les copropriétaires de prendre conscience des conséquences de cette négligence. Ascenseurs, mais aussi canalisations, toiture, ravalement… Tous ces équipements nécessitent un entretien régulier qui a un coût. Un coût qu’il est indispensable d’assumer pour préserver son patrimoine et son cadre de vie.
Espérons que le calvaire des habitants de la cité du Mail serve d’électrochoc et pousse chacun à prendre ses responsabilités. Car au final, ce sont bien les résidents qui trinquent et voient leur quotidien bouleversé par ces problèmes de gestion. Une situation inacceptable qui ne peut plus durer.