Dans un contexte post-électoral tendu au Mozambique, un rassemblement inédit réunissant des artistes de renom s’est tenu samedi dernier dans la capitale Maputo. Leur objectif : réclamer une issue pacifique à la crise meurtrière qui secoue le pays et dénoncer la répression du gouvernement ainsi que les violations des droits humains.
Initié par le célèbre chanteur Stewart Sukuma, ce mouvement baptisé « Luto por Mozambique » (En deuil pour le Mozambique) a rassemblé quelque 200 personnes, dont des peintres, des musiciens et des poètes. Ils souhaitent ainsi lancer un mouvement de la société civile en faveur de plus d’unité et de justice sociale dans le pays.
Un message fort de réconciliation malgré les violences
Alors que le pays a connu plus de 100 morts dans les manifestations post-électorales contestant la victoire du parti au pouvoir, le Frelimo, Stewart Sukuma explique que ce rassemblement vise à envoyer « un message fort de réconciliation et de paix, mais sans occulter tous les problèmes » actuels. Le musicien dénonce ainsi le fait que « les droits du peuple mozambicain sont bafoués depuis des années » et appelle à ce que « la voix du peuple continue à être entendue et non réduite au silence ».
Brandissant des pancartes réclamant plus de transparence et la fin de la corruption au sein du gouvernement, les manifestants ont exprimé leur ras-le-bol. Pour le musicien Dino Miranda, cette crise représente une opportunité « de changer l’Histoire du Mozambique » et d’initier « un nouveau départ » pour le pays.
Les artistes montrent la voie d’une contestation pacifique
Face aux violences qui ont émaillé les manifestations, l’artiste plasticien Naguib Abdula a appelé à ce que cesse la violence lors des protestations. Pour lui, ce rassemblement est « une opportunité pour les artistes de montrer qu’il est possible de manifester sans avoir recours à la violence ».
La société civile mozambicaine semble ainsi vouloir s’ériger en rempart contre les dérives autoritaires du régime en place depuis l’indépendance. En se rassemblant de manière pacifique pour réclamer plus de justice et de transparence, les artistes ouvrent la voie à un mouvement plus large de contestation non-violente.
Le défi d’une transition démocratique apaisée
Ce rassemblement intervient alors que le pays attend la confirmation par le Conseil constitutionnel des résultats controversés du scrutin du 9 octobre dernier. Des résultats rejetés par le principal opposant Venancio Mondlane qui revendique la victoire avec plus de 53% des voix.
Alors que le parti au pouvoir est accusé de fraudes massives, la société civile tente de se faire entendre pour réclamer plus de démocratie. Un défi de taille dans un pays encore marqué par des décennies de guerre civile et où le Frelimo règne sans partage depuis 1975.
Ce mouvement des artistes montre cependant que les aspirations démocratiques sont bien vivaces au sein de la population. Il reste à voir si cet appel à la paix et à la justice sera entendu par le pouvoir en place pour permettre une transition apaisée. Le chemin vers la réconciliation nationale semble encore long mais des initiatives comme celle-ci redonnent espoir en l’avenir du Mozambique.
