Une révélation choquante ébranle le Bangladesh alors que cinq professionnels de santé sont arrêtés pour meurtre suite au décès d’un homme pendant les manifestations estudiantines de l’an dernier. Mohammed Ismail, un tireur de pousse-pousse, a perdu la vie le 19 juillet 2024 lors d’une opération de répression policière à Rampura, dans la banlieue de la capitale Dhaka. Un message publié sur Facebook montrant son corps ensanglanté devant l’hôpital Delta Health Care a déclenché une vague d’indignation et de critiques envers le personnel médical.
Accusations Graves et Arrestations
Le procureur général Mohammad Tajul Islam, du Tribunal pénal international (TPI) du Bangladesh, affirme que les cinq soignants, dont le médecin Sadi Bin Shams, auraient refusé de prodiguer des soins à Ismail, le laissant agoniser pendant quatre heures. Suite à la publication virale sur les réseaux sociaux, ils ont été interpellés vendredi soir et font maintenant face à des accusations de meurtre.
L’Hôpital Réfute les Allégations
Cependant, le directeur de l’hôpital Delta Health Care, Saiful Islam Selim, présente une version différente des faits. Selon lui, les médecins ont à plusieurs reprises bravé les ordres de la police et du parti au pouvoir de l’époque, la Ligue Awami, leur interdisant de soigner les manifestants blessés. M. Selim affirme que malgré ces directives, le personnel hospitalier a fait de son mieux pour porter secours aux victimes.
Nous avons tenté de traîner le corps de Mohammed Ismail à l’intérieur de l’hôpital, mais nous avons reculé après des tirs de la police. Nous n’avions pas d’autre choix que de laisser le corps sur place.
Saiful Islam Selim, directeur de l’hôpital Delta Health Care
Enquête Contestée et Appel à la Justice
M. Selim accuse le TPI d’avoir mal orienté l’investigation, n’ayant pas réussi à identifier le policier responsable de la mort d’Ismail. De son côté, Lucky Begum, la veuve de la victime, souhaite que justice soit rendue mais souligne qu’elle ne veut pas que des innocents soient emprisonnés.
Révolution Étudiante Meurtrière
Pour rappel, les manifestations étudiantes de l’an dernier, qui ont mené à l’éviction du gouvernement de Sheikh Hasina le 5 août, ont été particulièrement sanglantes. Selon les autorités intérimaires qui ont pris le pouvoir par la suite, plus de 800 personnes ont perdu la vie lors de ces événements.
Un Procès Très Suivi
L’affaire des cinq soignants est désormais sous le feu des projecteurs. La population bangladaise, encore sous le choc de la révolution meurtrière, suit de près ce procès qui soulève de nombreuses questions. Les professionnels de santé ont-ils réellement failli à leur devoir en refusant de soigner Mohammed Ismail ? Ont-ils agi sous la contrainte des forces de l’ordre ? L’enquête permettra-t-elle de faire toute la lumière sur ce drame et de rendre justice à la victime et à sa famille ?
Alors que le pays peine à se remettre des violences de l’an passé, ce nouveau rebondissement ravive les plaies encore vives de la société bangladaise. Il met également en exergue les défis auxquels sont confrontés les soignants en temps de crise, pris entre leur serment d’Hippocrate et les pressions extérieures.
Une chose est sûre : ce procès, dont l’issue reste incertaine, sera scruté de près tant au Bangladesh qu’à l’international. Il pourrait avoir des répercussions majeures sur la façon dont le pays gère les situations de crise et sur la protection des professionnels de santé dans l’exercice de leurs fonctions. Au-delà de la tragédie individuelle de Mohammed Ismail, c’est toute une nation qui attend des réponses et espère que la vérité triomphera.
