C’est un fantôme du passé qui ressurgit en Allemagne. Daniela Klette, 66 ans, ancienne membre de la Fraction Armée Rouge (RAF), ce groupe terroriste d’extrême gauche qui a ensanglanté le pays dans les années 70 et 80, a été arrêtée en février dernier à Berlin, où elle vivait dans la clandestinité depuis des décennies.
Le parquet allemand vient de demander son renvoi devant un tribunal pour une série de 12 vols à main armée et une tentative, perpétrés entre 1999 et 2016. Des braquages de fourgons blindés et de supermarchés qui lui auraient permis, avec des complices, d’amasser un butin de plus de 2,7 millions d’euros pour « financer leur subsistance » durant leur cavale.
Une figure de la « troisième génération » de la RAF
Daniela Klette est soupçonnée d’avoir agi avec deux autres membres présumés de l’ex-RAF, Ernst-Volker Staub et Burkhard Garweg, toujours en fuite. Ils appartiendraient à la « troisième génération » de l’organisation, celle qui a pris la relève après l’arrestation de la plupart des fondateurs dans les années 70.
La RAF, fondée par Andreas Baader et Ulrike Meinhof, a commis 34 assassinats entre 1971 et 1993, visant principalement des représentants de « l’État impérialiste » selon son idéologie : industriels, militaires, policiers, procureurs, juges… Le groupe a officiellement renoncé à la violence et s’est auto-dissous en 1998.
Trois attentats dans les années 90
Dans un volet judiciaire distinct, Daniela Klette est aussi soupçonnée d’avoir participé à trois attentats de la RAF entre 1990 et 1993, actuellement instruits par la Cour fédérale allemande chargée des affaires de terrorisme. Des faits pour lesquels elle encourt des poursuites pour tentatives de meurtres.
L’arrestation de cette terroriste recherchée depuis plus de 20 ans est un coup de filet important pour la police allemande.
D’après une source proche de l’enquête
Un premier procès en perspective
Si le parquet obtient le renvoi en procès de Daniela Klette, il s’agira du premier jugement d’un membre de la RAF depuis de nombreuses années en Allemagne. L’occasion, peut-être, de lever le voile sur les zones d’ombre qui entourent encore l’histoire de ce groupuscule qui a profondément marqué l’Allemagne de l’Ouest.
Ses anciens dirigeants purgeant des peines de prison à vie, c’est désormais au tour de la « troisième génération » de rendre des comptes. Plus de 30 ans après la fin de ses années de plomb, l’Allemagne poursuit son travail de mémoire et de justice.